Chapitre 7

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PDV Livaï - La nuit du naufrage

Aujourd'hui, mes parents ont décidé de nous emmener sur le lieu de leur voyage d'affaire, parce que je suis sois-disant trop « petit » pour rester à la maison. Je vous interdis de rire!

Donc, pour que je m'ennuie pas trop, mes parents ont accepté que mes deux amis viennent avec nous.
Isabelle et Farlan sont mes amis depuis toujours. En fait, ce sont surtout les seuls à supporter mon caractère... Hm hm.

Je regarde les vagues qui s'écrasent bruyamment contre la coque du navire.
Je repense à la discussion que j'ai eue avec mes parents...
Ils ont décidé qu'on allait s'installer au Pays de Galles dans deux ans pour ma rentrée au Lycée, parce que là-bas l'accent anglais est meilleur... mes fesses ouais.

Enfin bref, je vais devoir quitter mes meilleurs amis et ça, ça ne m'enchante pas du tout.
Je me penche sur la rambarde du bateau, et j'écoute d'une demi-oreille la discussion de mes amis. Ils se chamaillent encore, alors je décide de m'éloigner. Le bateau est assez grand, mais il est bondé de personnes.

Je les regarde d'un œil distrait. Tous ces gens, ils ont une vie, une famille, une maison où rentrer...
On ne se rend pas compte de la chance que l'on a de vivre, de la beauté de notre existence, avant d'avoir tout perdu.
Malgré toute cette bonne humeur, ces gens qui rient, il y a quelque chose qui me dérange. Une odeur nauséabonde qui me prend à la gorge, me brûle les narines et étouffe mes poumons comme si j'inhalais de la fumée.
L'ambiance est lourde et pesante, et il n'y a que moi qui semble le remarquer. J'ai toujours eu une bonne intuition et une bon instinct.
Mais cette fois, je ne veux pas croire à ce que je ressens... ce bateau... il sent la mort...
J'ai un violent haut-le-cœur en le réalisant.
Comment serait-ce seulement possible? Alors que je réfléchis intensément, on entend une sirène, qui nous vrille les tympans et affole tous les passagers.
On entend une voix dans le haut-parleur qui nous annonce ce que j'avais redouté : le navire va couler.

Je me précipite au milieu du chaos pour retrouver ma famille, et je les vois accrochés à un des mâts du bateau, au milieu de gens qui pleurent, crient ou prient le bon dieu.

Je me fraye un chemin rapidement et m'accroche avec eux, laissant échapper quelques larmes.
Est-ce là que je vais mourir?

On nous donne des gilets de sauvetage et tout le monde attend les canots sur le pont.
Alors que l'espoir pointait le bout de son nez, un craquement sourd nous parvient. Deux des trois mâts, ceux de l'avant, se brisent. L'un des deux atterrit immédiatement sur des pauvres gens, en creusant encore plus le trou dans la coque.

L'autre? Il est retenu par certaines cordes, mais balaie quasiment tout le monde avec force en faisant plusieurs allers-retours, avant de sombrer lui aussi, et de laisser une traînée de morts sur son passage...

J'ai du mal à réaliser, mais il ne reste plus que moi et ma famille de vivant, alors que des centaines de corps agonisent dans l'eau. Le pire étant qu'on ne peut rien faire pour les sauver.
On pleure beaucoup et on se serre tous en priant nous aussi. Les heures passent...

Soudain, ma mère crie de joie. Elle vient de trouver une barque qui n'a pas été ravagée par les mâts. On forme deux groupe pour ne pas tous nous précipiter et faire couler la petite embarcation. Ma mère avec Isabelle et Farlan, mon père avec moi.

Ma mère et mes amis rentrent dans la barque, mais alors que ma maman nous tend le bras, le cauchemar continue.
Une soudaine explosion retentit, nous faisant savoir que la coque s'est brisée en mille morceau, et mon père m'entoure de ses bras puissant pour me protéger.
Les vagues éloignent la barque et j'entends faiblement ma mère crier et pleurer au loin. Après un second craquement, le dernier mât se brise et frappe la nuque de mon père, le faisant tomber dans l'eau, inerte, avec moi dans ses bras.

Encore en état de choc, je ne fais rien. Mon père est mort. Je répète ces mot tandis que nous coulons. Mon instinct de survie reprend le dessus et j'essaie de me défaire de l'emprise de mon paternel.
Je suis à bout de force, mais je continue d'essayer de me dégager. Malheureusement, je me sens faiblir de plus en plus...

Alors que mes yeux se ferment, je sens une force sur mon bras, et quelqu'un me tire vers la surface. La personne me prend dans ses bras pour tenter de me sauver, mais je me sens partir doucement...
Puis, alors que j'allais rendre mon dernier souffle, une bouche se pose sur la mienne, et me donne de l'oxygène. Je me sens revivre et quand ma tête retrouva l'air frais, mon cerveau dut forcer mon corps à respirer.
Je reprends peu à peu conscience, mais je sais qu'à cause du manque d'oxygène, je vais oublier certaines parties de mon sauvetage. J'ai les yeux encore fermés quand je sens un regard insistant posé sur moi.

Je les ouvre doucement et me retrouve face à des yeux d'une beauté sans pareille.
Il n'y a pas assez de mots pour les décrire, mais tout ce que je peux dire, dans l'état où je suis, c'est que je suis fixé par deux émeraudes d'un vert étincelant, pur et envoûtant...
On dirait qu'il est irréel.
Je regarde plus attentivement mon sauveur, et remarque qu'il est torse nu, sans gilet de sauvetage, et qu'il n'y a aucun bateau de secours aux horizons...
C'est là que je la vois.
UNE
QUEUE
DE
POISSON
!?!?
MAIS WHAT???
Non, ça doit être la fatigue, le stress et le manque d'oxygène.
Ouais...
Pas convaincu.

Puis le garçon se met à parler une langue étrange, et quelques secondes plus tard, un dauphin apparaît à la surface.
Je suis scotché.
Ce mec sirène appelle des dauphins.
C'est...impossible.
Je dois divaguer.
Quoi qu'il en soit, il se met à converser avec lui et me dépose sur le dos de l'animal.
Sa voix est magnifique... on dirait qu'il chante, elle me berce doucement...
Je fixe le garçon.
Alors qu'il allait partir, j'attrape sa main et je dépose mes lèvres dessus. Il rougit un peu, et s'en va.

Personne ne va me croire, c'est sûr.

Dès que ma mère me voit, elle me hisse à bord et pleure toutes les larmes de son corps. Elle pleure pour son mari perdu, et pour son fils retrouvé.

Un moment plus tard, les secours arrivent et nous donnent à manger en nous laissant nous reposer.
Plus tard, ils nous font passer un véritable interrogatoire.

Cela a fait le tour des journaux, mais le buzz, c'est le dauphin qui m'a « sauvé ».
Ou pas.
Ma mère a insisté pour publier une revue dans le journal et je n'ai pas pu le lui refuser.



Je me réveille en larmes. Ça fait deux ans, maintenant.
Je vais au Lycée Rick Riordan, à Little Heaven.
On a commencé une nouvelle vie avec ma mère. Farlan et Isabelle sont retournés à Londres.

Je n'ai jamais revu le garçon. Je ne me souviens pas bien de mon sauvetage... je me souviens juste de ses yeux verts émeraudes, mais pas de comment il m'a sorti de l'eau, ni comment je me suis retrouvé sur un putain de dauphin ! (sans vouloir offenser celui-ci bien sûr)

Bon, quand faut y aller...
Je me lève et me prépare pour l'école.

Le Secret de l'OcéanWhere stories live. Discover now