Étranglée

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Je me retrouve à faire la vaisselle avec Zic qui ne semble pas vouloir me parler. Je passe l'éponge sur la dernière assiette pendant qu'il range les verres a leurs places. Au moment où je m'apprête à lui poser la question, mon père ouvre la porte de la cuisine et nous salut.

- Je vais vous laisser les enfants, j'ai des chose à régler. Passez une bonne fin d'après-midi.

- Au revoir Éric, dis-je en osant toujours pas l'appeler papa.

- Au revoir Monsieur.

Il sort de la pièce et la cuisine retombe dans le silence. Je me retourne vers Zic pendant qu'il me tourne le dos en continuant de ranger les couverts. J'attends qu'il finisse puis je m'adosse au plan de travail en croisant les bras. Je ne vais pas le laisser partir sans avoir de réponse.

Quand il me fait enfin face, il lève les yeux au ciel, jette le torchon sur la table et s'assoit pendant que je m'avance vers lui en posant mes mains sur le meuble qui se trouve au centre de la pièce.

- Tu m'expliques ?

- J'ai rien à expliquer.

- Tu te moques de moi ? À chaque fois que Mathieu te voit, il t'appelle Ethan. 

- Et alors ?

- Que je sache, tu t'appelles Zic alors explique moi.

Il se lève et s'avance vers moi avant de s'arrêter à quelques mètres de mon corps. Je ne bouge pas et soutiens son regard en attendant sa réponse.

- Sois tu es vraiment bête pour ne pas l'avoir déjà compris, sois tu connais déjà la réponse. 

- Réponds moi.

Il souffle en croisant les bras.

- T'es pas la seule à avoir un surnom ok ? Je m'appelle Ethan, c'est mon vrai nom. Mais quand je suis entré dans le domaine des gangs, je me suis fais connaître sous le nom de Zic. Contente ?

-Pourquoi tu me l'as pas dis ?

- Je sais pas, j'y ai pas pensé. Ça va faire plusieurs années que on ne m'avait pas appelé Ethan alors...

J'hoche la tête, quitte la cuisine et me dirige vers Léo qui regarde les infos.

Je suis un peu étonnée que Zic ne sois pas son nom. C'est vrai que je lui ai jamais posé la question mais ça me paraissait logique. En tout cas, j'ai l'impression qu'il ne me dis pas tout, il me cache un truc. 

Je me laisse tomber sur le canapé et pose ma tête sur l'épaule de Léo.  Je le regarde en souriant puis je me concentre sur les infos qui passe à la télé.Ça parle d'un braquage qui à mal tourné, il y aurais beaucoup de victimes et de morts dont certains policiers.

Je m'enfonce un peu plus dans le canapé sans trop être intéressée par leur histoire avant de regarder par la fenêtre. Je ferme les yeux et souffle après le seul moment de la journée où je suis un peu tranquille. 

Je reste encore fascinée par l'histoire de mon père. Il a traversé tellement de choses, je ne peux certainement pas comprendre la souffrance qu'il a vécu pendant toutes ces années, mais si il y a bien une chose que je pense pouvoir comprendre, c'est quand il a découvert le décès de ma mère. Ça a dû le détruire de l'intérieur.

Je me lève du canapé et me rends dans ma chambre, enfin celle qui m'ait été attribuée, agacée par les pleures des familles des victimes.
Bon pour les familles qui ont perdu quelqu'un, ok, mais pour ceux qui ont juste un membre de leur famille blessé, ils peuvent arrêter de se plaindre. Au moins lui il est encore en vie.

The BadWhere stories live. Discover now