[ This is us ] || minchansung

U S

_______________________

Cette journée a un goût d'éternité.

Essuyant la sueur qui commence à perler sur son front, Minho souffle à plein coeur. Dans l'entrée et le salon, ses cartons s'amoncellent pour créer une montagne qui semble ne jamais finir. Le brun s'étonne même d'avoir eu autant d'affaires à son appartement. Il est d'ailleurs persuadé que les trois-quarts appartiennent à Jisung. La plupart de ses meubles ont été renvoyés chez ses parents, lui évitant ainsi de devoir les vendre, ou de devoir louer un local où les entreposer. Ah, qu'il a été difficile de faire accepter à ses parents qu'il déménageait. Qu'il partait, presque soudainement, habiter chez ce « petit-ami qu'ils n'avaient jamais vu. »

En plus d'une engueulade avec ses géniteurs, ce déménagement a amené plus de paperasse et problèmes administratifs qu'il ne l'aurait cru. Rien que convenir de la date de l'état des lieux avec l'ancien propriétaire a été une tare et une galère sans nom. Néanmoins, le mois de juin désormais bien entamé, son ancien bailleur n'avait pas de craintes à avoir quant à se trouver rapidement un nouveau locataire. Le marché immobilier allait bon train à cette période de l'année. Une chance d'ailleurs que Chan soit propriétaire de cet appartement-ci, sinon quoi le nouvel habitant aurait bien eu du mal à s'intégrer au bail.
Comme convenu, les trois garçons se partageraient équitablement les charges et autres impôts, ainsi que les courses et besoins nécessaires à la vie quotidienne.

Tiens, le quotidien. Voilà une chose à laquelle ils vont devoir s'habituer, même s'il n'est plus surprenant de les voir tous les trois fichés ensemble, dans l'appartement de l'un ou de l'autre.
Non, pour Minho, il n'est plus étonnant de se réveiller dans un lit à peine assez grand pour trois, de cuisiner pour trois, de penser à trois, de parler au pluriel et même parfois, de faire la lessive pour trois. Ça lui est même étrange, la facilité qu'il a eu à s'accommoder de deux présences au lieu d'une.
Bien sûr, il reste entre Chan et lui une animosité certaine se révélant par de petites piques parfois, pas bien méchantes et provoquant l'hilarité plus que la haine. Néanmoins, il est surpris, et même fier du chemin qu'ils ont parcouru jusque-là.

Minho, il est sorti grandi de ce combat.

Lourdement, Chan arrive dans l'entrée, apportant un carton semblant peser des tonnes.

- C'est le dernier ! s'exclame l'ainé, soulagé plus qu'heureux. Et tant mieux parce que celui-là aura fini de me casser le dos.

Gracieusement, Minho vient l'aider à le déposer par terre alors que le blond se plaint. A la vue du gros « LIVRES » écrits au feutre sur l'épais papier, le brun comprend. Il faut dire que ses études lui ont demandé un investissement considérable dans des manuels, livres et classeurs. Il se sent presque honteux d'envahir ainsi l'appartement de son ainé avec son bordel.

- Merci beaucoup de m'avoir aidé à monter mes cartons...

- T'inquiète, c'est normal ! sourit Chan en s'essuyant le front avec son avant-bras, rejetant sa mèche vers l'arrière. C'est chez toi aussi maintenant. Je vais déplacer les cartons de tes cours dans la « chambre d'amis », tu devrais aller bouger ta voiture.

- Ouaip, j'y vais, mais ne t'embêtes pas pour mes affaires, j'te jure. Je bougerai tout dès que je reviens.

- C'est ça, c'est ça. Allez, dégage !

Sous le rire de Chan, Minho roule des yeux dans ses paupières et enfile ses chaussures à la va-vite avant de claquer la porte d'entrée. Le regard de l'ainé se tourne vers le salon et son sourire s'étiole lentement pour laisser passer un soupir. Résigné, il se parle à lui-même :

- Bon, au travail... JISUNG, T'AS BIENTÔT FINI, OUI ? VIENS M'AIDER !

Chan crie brusquement, poussant son amant à la tâche.
Dans la chambre, Jisung a vite fait de déballer ses vêtements ainsi que ceux du brun pour les mettre dans l'armoire. Heureusement qu'ils ont réquisitionné celle que Minho avait dans son appartement, sans quoi il aurait fallu en acheter une nouvelle pour y rentrer leurs affaires.
Après avoir passé cinq minutes à fixer le vide en se répétant qu'il était un homme chanceux, Jisung a sorti son téléphone de sa poche pour faire passer le temps dans un mauvais réflexe.