[ This is us ] || minchansung

WE 1/2

(J'ai oublié de préciser qu'il y a du lime dans cette partie)

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- Chan.

- Hum...

Il grogne, et sous son oreille, Jisung écoute les tremblements causés par sa voix rauque et les battements de son coeur qui peu à peu se calment. Dans leur lit, à quelques heures loin de l'aube, Jisung se berce et Chan somnole. Pourtant le cerveau du brun file à vive allure.
Sa demande incongrue, il lui en a déjà parlé.

Plus encore que Minho, le blondinet a été réticent. Pour lui, il est évident que les deux vies amoureuses de Jisung ne doivent pas se croiser, en aucun cas. Ça n'a pas de sens à ses yeux. Il ne l'avoue pas mais au fond de lui, Chan a peur. Il a peur d'être jaloux. Que tous les sentiments qu'il s'est évertué à oublier plus qu'enfouir ne resurgissent des tréfonds.
Il a peur de croire que face à Minho, ce garçon qu'il n'a vu qu'en photo, il soit inférieur.

- Merci d'avoir accepté.

Un léger sourire sur les lèvres, Chan lève le bras pour venir caresser les cheveux bruns de Jisung. Ses mèches sont douces et il les entortille autour de ses doigts, les faisant boucler. Il répond d'un nouveau bruit de gorge qui se fait plus joyeux.

Oui, il a accepté, parce qu'il vit dans le présent. Qu'il veut faire plaisir à Jisung, et qu'il a confiance en lui. Il a confiance en ses sentiments pour lui. Ce serait mentir de dire qu'il n'a aucune peur, lui, victime d'un complexe d'infériorité qui a fait souffrir leurs relations. Au pluriel, parce que son égoïsme a impacté sur leur dynamique même.

Sauf que maintenant, il n'a plus dix-huit ans. Il ne couche plus à droite à gauche, il n'admire plus les jolies filles. Avant, il leur plaisait moins que les mecs décalés. Il n'était pas vraiment intéressant, il n'était pas très drôle ni spécialement beau. Il n'a jamais été un bad boy, il était le mec même un peu trop gentil. Il trainait avec un type de mauvaise réputation, qui semblait un peu perdu dans sa vie, dans sa tête et dans son pays. Celui des vagues, du soleil et de leur vie.

Si Jisung est son premier amour, ce garçon-là fut celui qui lui permit de se rendre compte de sa bisexualité.

Il faut dire que son meilleur ami a tout pour plaire, des traits fins, une jolie mâchoire, de belles lèvres pleines, des étoiles sur les joues et dans les yeux, et des cheveux décolorés en orange. Surtout, il a une belle voix grave, un timbre profond, accentué par ses années à inspirer de la fumée empoisonnée. Fumée modifiée par l'apport d'autres mecs louches que Chan n'a jamais approché. De ça, Felix l'en a au moins préservé.

Il n'arrive pas à lui en vouloir, même plusieurs années après. Il ne peut pas lui en vouloir, même si c'est un peu de sa faute si Chan n'a pas fait de grandes études. Notes en chute libre, enfermé dans l'appartement du roux, au dernier étage d'un immeuble de fils de riche mais dont l'ascenseur a toujours été en panne.
Les basses fenêtres ouvertes sur le matin, ils se couchaient quand les rues se levaient.

Chan a des pensées à regretter. Il n'a pas fait que des choses biens, mais sa jeunesse désabusée l'inspire maintenant qu'il a vingt-deux ans. Il ne regrette pas. Ecrire sur Felix, sur leurs idées d'ailleurs, sur leurs petites révolutions, sur le tatouage anarchique que le roux avait fait un soir alors qu'ils étaient bourrés, il peut le faire de tout en long. Ecrire sur Felix, pendant un an il n'a fait presque que ça. Chan s'est construit sur des fondations bancales et pourtant, s'il avait du choisir une autre voie, il aurait encore fait le même choix.

Felix, il s'en foutait de tout. Défoncé à toutes heures du jour et de la nuit, il ne croyait en rien et avait des avis sur tout. Ensemble, ils fumaient beaucoup. Ils parlaient de liberté, enfermé au septième étage dans le studio flou de poussière et de fumée. Ils rêvaient du meilleur en attendant la mort, par flemme sûrement. Là, dans leurs délires empiriques, ils ont commencé la musique. Ils ont débuté par de la batterie, frappant du bout des doigts la petite table en chantant à voix basse. Et puis Chan a appris la guitare.