Et ça passe.

Elle ne se décale pas, elle exerce même une infime pression, presque imperceptible. Je ne sais pas si c'est voulu ou si ça relève du réflexe, mais je décide de choisir la première hypothèse. Car les fourmis qui occupaient ma jambe se transforment alors en papillon venant se loger au creux de mon ventre.

***

Ce vendredi, le bowling est ouvert aux personnes extérieures à l'agence. J'ai donc convié Pauline, puisque ça fait une éternité que l'on n'a pas partagé une activité du genre, et je sais qu'elle adore ça.

La route de Passy commençant à être encombrée par les touristes, j'évite les allers-retours et décide de me rendre directement au bowling après le travail. Je me pose au comptoir pour prendre une bière en attendant que Pauline me rejoigne. Quand elle arrive, j'ai à peine le temps de lui dire bonjour qu'elle repère immédiatement qu'il y a un problème. Elle a un radar à la place du cerveau et identifie ma mère comme la source de mon stress en moins de trois minutes. Un record. Je lui résume la situation, et sans grand étonnement, elle soutient ma décision. Savoir qu'elle sera là pour me ramasser à la petite cuillère si ça se passe mal me rassure énormément, et c'est exactement pour cela que je l'aime autant.

Betty, Agnès et Samy arrivent ensemble, une heure et quelques verres plus tard. Nous réservons les pistes tandis que chacun apparaît au compte-gouttes. Je présente ma meilleure amie à l'assemblée et compte sur Betty pour la mettre à l'aise.

Malgré la possibilité d'inviter du monde, nous sommes moins nombreux qu'à l'accoutumée. La plupart des collègues profitent de leurs congés, en prévision des vacances de Noël où nous sommes souvent mobilisés. Seuls quelques chanceux peuvent prendre la semaine entière, alors on anticipe pour équilibrer le service.

J'aperçois Adeline se dirigeant vers nous et lui fait un signe avant d'aller à sa rencontre, mais mon sourire se crispe légèrement en voyant Chloé à son bras.

– J'avais oublié ce détail, marmonné-je à Pauline.

– Je croyais que vous aviez discuté de vos relations respectives.

– Pas vraiment.

En fait, à aucun moment je ne me suis posé la question de sa situation actuelle et je ne sais pas vraiment comment je me sens face à cette information. J'ai un peu l'impression d'avoir été prise pour un jouet, mais en toute honnêteté, je ne peux pas dire que ça m'ait vraiment dérangée...

Je repense à notre nuit passée ensemble, aux heures remplies de nos histoires, et puis ses soupirs, nos caresses, et le bien-être que j'ai ressenti à ses côtés. Il y avait quelque chose de particulier dans tout ce qu'on a partagé. De réel.

Pauline les observe se séparer pour saluer tout le monde.

– J'avoue qu'à chaque fois que je les vois ensemble, ça crève les yeux.

– Merci du soutien, sifflé-je.

Pauline hausse les épaules tandis qu'Adeline s'arrête à notre niveau pour nous dire bonjour. De son côté, Chloé fait le tour des présents, ayant elle-même été absente aujourd'hui. En arrivant vers moi, elle m'embrasse près de la mâchoire qui ressemble plus à un petit bisou dans le cou.

À quoi elle joue ?

À voir le regard suspicieux que me lance ma meilleure amie, la même pensée lui a traversé l'esprit, mais je décide que nous sommes venues pour nous amuser, et je n'ai pas envie de commencer à décortiquer le moindre de ses faits et gestes. Je m'en fiche, non ? C'était ça le principe, il me semble.

Hating, Craving, FallingWhere stories live. Discover now