À chaque fois que je pense à toi

Dix-huit

Nombreuses sont les nuits où je me suis étouffée de larmes, où j'ai hurlé en silence. Étranglée par mes sanglots secouée de violents spasmes. Mais une crise d'angoisse ne tue pas. 

Alors le lendemain je me levais et reprenais mon errance sur terre. Les yeux tuméfiés de n'avoir pu contenir la souffrance. 

(Pour toi je restais la fausse dépressive)

Avant je passais par la case salle-de-bain, et, gravais dans ma chair le sens même de mon désespoir... Qui ne trouvais pas sa place par le biais du langage. 

A la verticale j'ai tracé une plaie sur mon poignet que j'ai creusé encore et encore jusqu'à m'ouvrir une veine.  La sensation chaude et douce m'a ébahie. Je ne pensais pas y arriver, il fallait ensuite que je m'allonge dans ma baignoire et attendre sagement de me vider.

Je vous le dis on aime pas les dépressifs. Les gens cassés. Les gens avec un truc en moins. D'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours été seule. On ne nous approche pas. On ne nous trouve aucun intérêt, afin de nous condamner. On fait peur ; la vraie douleur ferait pâlir un dentiste.

Ayant épongé une serviette entière de mon sang je suis allée trouvée mon père dans son sommeil. J'ai fait irruption dans sa chambre en allumant la lumière. Il m'a demandé dans la panique ce qu'il se passait et j'ai demandé s'il pouvait m'emmener aux urgences ? 

Alors qu'il mettait ses chaussures en s'empressant, je me souviens avoir cherché l'air et suffoqué jusque dans mon cerveau. J'ai vu les étoiles puis ma vue s'est noircie. Le corps s'engourdit prêt à rendre les armes. Le sang est chaud, qu'est-ce-que ça fait du bien. J'ai pensé très fort être faite pour la mort. Mais j'avais déjà quitté ma chair

Une fois la prise en charge aux urgences je passe par la case chirurgie auprès d'une jeune interne, qui ne m'a jamais regardé, jamais parlé, qui s'est contenté de me recoudre le poignet. Et je n'ai rien trouvé de mieux à faire que d'avoir une crise d'angoisse.