Treizième partie

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J'entends ma chatte hurler. Lulu est un animal facilement angoissé. Le voisin est sur le pas de son petit pavillon identique au mien. Il montre du doigt : « j'ai vu un chat courir par là-bas », je me lance à la poursuite de la fugitive. A l'écart du lotissement en prenant par un chemin de calcaire. Une petite bute à l'ombre de quelques arbres. En montant dessus j'aperçois la bête, elle est allongée dans les herbes sauvages et couine à l'aide. Comme si on lui avait tiré dessus. Le seul soucis de Lulu c'est le harnais qu'on lui a enfilé tôt ce matin,mais au fond c'est également la disparition de tous les meubles de la maison. Oui, on déménage, Billie, moi, et sa chose. Billie et ses choses, pardon. Lulu se laisse attraper par sa maîtresse adorée puis je la dépose dans sa cage.

Billie, moi, Lulu le chat, en route direction la conquête de l'ouest. Le copain de Billie est déjà à notre nouvelle maison il est chargé de réceptionner les meubles pour s'assurer de leur arrivée. Je laisse derrière-moi seize ans de vie, et une partie de ma famille. Ils ont trouvé un duplex en plein centre-ville. Je n'ai jamais vécu en ville.

Petite pause sur l'autoroute, je tiens Lulu en laisse pour la faire uriner, sauf que comme toujours son harnais lui fait l'effet d'une balle dans les côtes : elle est couchée dans l'herbe comme un rat mort. Billie en profite pour téléphoner à son bien aimé. Il a une mauvaise nouvelle... Lorsqu'il a fait ranger une partie de nos affaires dans le garage, il a laissé la porte ouverte. Rangeant des vêtements dans la pièce à côté, il y a eu un bruit, il est retourné au garage et mon beau vélo tout neuf sur lequel  je m'adonnais à de longues balades avait disparu.

Sept heures de route c'est long. Je pense à ma nouvelle vie. Au lycée privé qui m'attend. Ces magasins que j'aurai à portée demain. Je m'imagine rencontrer l'être qui va bouleverser le cour de mon existence dans ma cage d'escalier ou le croiser dans ma rue en promenant Lulu.

Ma chambre est à l'étage, j'ai ma salle-de-bain. Quand on entre dans ma chambre, à droite il y a le lit mezzanine, à côté ma bibliothèque avec tous mes livres. A gauche c'est mon bureau, la grande fenêtre et une armoire sur laquelle il est fixé un miroir. Je me lance à trouver une boulangerie en ville pour le repas. Je me repère facilement c'est une petite ville, les rues sont plutôt sales. Il fait super beau, et l'été va être très long.

En général je ne touche pas à mes bras tant que le temps ne me permet pas de me balader en manches longues. Alors j'essaie de passer le temps comme je peux. Tout ce que j'entends c'est le tic tac de ma montre qui résonne dans mon esprit. Les secondes sont des heures. Je n'ai aucun traitement et aucun suivit à présent. Je suis à l'air libre. Ou alors c'est comme si je m'étais évanouie dans la nature.

Billie n'a pas de travail, on survit grâce à son ami qui est enseignant. Elle a démissionné pour pouvoir partir. On voyage entre l'Espagne et les plages de la côte basque.

Je prend le train je retourne chez mon père un mois. C'est bientôt la rentrée. Je serai en seconde générale.

À chaque fois que je pense à toiWhere stories live. Discover now