Sixième partie

17 1 0
                                    

Je fais un dessin de Dedem et sa canne pour la laisser dans son cercueil. Nous prenons la route direction la ville où il avait vécu. C'est à ce moment que je commence à tomber malade. Je peine à manger et si je mange je vomis tout automatiquement. Je suis fatiguée constamment, mon cou se paralyse. Billie en profite pour me reprocher mon manque d'appétit, et refuse de m'écouter lorsque je dis que je ne peux plus tenir debout.

Je n'assiste pas à la fermeture du cercueil. En revanche l'enterrement est long. Mon corps manque de force, rester tout un après-midi debout sous la pluie me demande beaucoup d'effort. Dedem est bien mort. Dedem, dont les parents étaient mort à cause d'une guerre. Dont le nom de famille était tiré de l'endroit où ils avaient retrouvés les corps. Un cordonnier connu et apprécié. Il aura attendu la fin de sa vie pour réunir sa famille.

J'essaie de me concentrer sur les paroles du prêtre. Le cercueil est dans la tombe. Il pleut encore. Je me réfugie dans les bras de mon père. Et cette phrase de l'homme d'église me restera encore longtemps en tête :

« Les moments heureux en sa présence, sont gardés à jamais dans nos cœurs. »

Sur ces mots je fonds en larmes, mes dernières forces étaient épuisées.

« C'est comme s'il avait attendu qu'on se réunisse tous une dernière fois, et qu'il avait senti qu'il pouvait enfin partir. » Dedem est parti dans une atmosphère paisible. Nous déménageons sa maison et repartons vers notre petite fermette. A l'école la maîtresse me dit que j'ai maigris, en effet j'ai perdu une dizaine de kilos. Je me pousse alors à manger de nouveau.

Je ressens le besoin de parler à quelqu'un, Billie m'emmène voir une psychologue.

La mort de Dedem m'a laissé le mot mort dans la bouche.  Si bien que j'incorpore ce mot dans toutes les situations. Ma nourrice me reproche même de faire mourir des personnages alors que je joue en compagnie de plus petits que moi. Sauf que je ne m'étais même pas rendue compte de ce fait jusqu'à ce qu'elle m'en parle...

Je passe en cm2. C'est un maître, et il m'a vite prit en grippe. Il faut dire que je le pique un peu dans son orgueil lorsque je corrige ses fautes d'orthographe quand il écrit au tableau. Également quand je lui prouve que j'ai trouvé le bon résultat aux calculs de tête, et non lui.

Une petite guerre qui me passe le temps. Sauf qu'aujourd'hui c'est allé trop loin.

Nous sommes en sport et c'est un jeu de gages. Je dois courir à reculons. Le terrain est vague, je trébuche. En amortissant avec ma main droite, je me fais mal. Le maître croit que je cherche un prétexte pour manquer le sport, et en insistant bien sur le fait que la douleur me lance, il finit par me laisser aller aux toilettes. Ma copine vient avec moi et passe mon poignet sous l'eau, moi pendant ce temps je pleure. A notre retour le maître est toujours convaincu d'une supercherie. Il refuse de prévenir mes parents.

Quelques heures plus-tard et quelques minutes de bus, me voilà à l'arrêt avec mes deux sacs : celui de sport, et de l'école. Billie me récupère. Je lui explique toute l'histoire. Elle me rassure que si demain rien ne s'arrange, nous irons aux urgences. Je vous passe la nuit durant laquelle j'ai dormit en compagnie de poches de glace.

« Juste à la manière dont tu tiens ton bras je dirai qu'il y a quelque chose qui ne va pas. » Voilà ce que me dit la femme à l'accueil des urgences. Après les radios je découvre que j'ai une double fracture.

Mes parents et le maître sont eux aussi entrés en guerre. Mais je me sens mieux grâce à la psychologue alors petit à petit j'arrête le suivit. Demain c'est le collège je vais découvrir ce que c'est que d'être une grande.

À chaque fois que je pense à toiWhere stories live. Discover now