Amour prisonnier: Le sommeil de la liberté {Tome 1}

Chapitre 1: L'arrivée mystérieuse

— Votre Majesté, il arrive.

       Notre paisible promenade entre père et fille est interrompue par un ministre dont j'ai oublié le nom. Enfin, si je l'ai déjà su un jour. Ce n'est pas la première fois que nos moments en famille sont dérangés par diverses nouvelles, mais je constate que celle-ci n'est pas comme les autres.

Depuis quarante ans qu'il dirige Moonjoya, mon père a déjà fait face à de nombreuses menaces, de nombreuses péripéties, de nombreuses annonces et de nombreuses rencontres mais il les avait toujours abordés avec calme et sérénité. Alors qu'aujourd'hui, son corps se fige, son regard se fixe. Serait-ce de la peur ? Non impossible, mon Père n'a jamais peur. Peut-être est-ce de l'excitation. Cette personne est-elle crainte ou bien attendue ?

— Merci de m'avoir tenu informé mon ami. Veux-tu réunir tous les ministres dans la grande salle je te prie. Je raccompagne ma fille et je vous rejoins.

       Bien sûr, ce sujet doit être trop important pour être abordé en ma présence, je suis toujours tenue éloignée de ces conversations. Cela m'attriste de me sentir à l'écart mais je n'ai jamais insisté pour être intégrer aux affaires du pays. Je sais que l'on me répétera toujours la même chanson : « cela ne te concerne pas ». Mais à cet instant je ressens une envie irrépressible de savoir. Qui arrive ? Que nous veut-il ? Où est-il ? Je tente donc d'en apprendre plus.

— Père puis-je vous poser une question ?

— Bien sûr mon enfant, je t'écoute.

— De qui parliez-vous à l'instant ?

— Cela ne te concerne pas ma petite. Ce sont nos affaires à ton frère et moi, pas les tiennes. Donc ne t'inquiète pas.

       Quelle mélodie familière à mes oreilles. C'est pour cela que je ne pose plus de question depuis bien longtemps, les réponses ne sont qu'un refrain entêtant. Mais cette fois-ci la curiosité est plus forte que la lassitude.

— Je suis une habitante de Moonjoya, je pense donc, être en droit de savoir qui arrive chez moi ? Enfin si vous me le permettez.

— Diane, s'il te plaît, je ne le répéterais pas.

— Bien père.

       Sa voix est ferme et son regard franc, rien ne sert d'insister, je ne parviendrais qu'à l'agacer et je n'aurais aucune réponse à mes questions. Je vais attendre qu'il se calme et essaierai plus tard. Ou bien, je suis ses instructions et je fais sortir cet étrange invité de mes pensées.

Mon père doit être pressé de retrouver ses conseillers car il presse le pas et nous accélérons encore la cadence lorsque nous nous retrouvons dans les corridors aux décors d'or où les corps autour de nous s'écartent pour nous laisser passer. Nous continuons notre progression et traversons alors de nombreuses pièces toutes plus belles les unes que les autres, chacune caractérisée par une pierre précieuse.

Nous passons ensuite par les jardins, entourés par les hautes murailles du palais, qui n'ont rien à envier au reste de cette demeure. Je n'ai jamais compris pourquoi il y avait autant de personnes pour entretenir cette flore qui est très clairement une reine capricieuse, dont la nature est de ne jamais se laisser dominer par un homme. L'ombre de ses nombreux arbres permet de longues balades protégées de la chaleur, où nous pouvons entendre la douce mélodie des cascades. Il est aussi possible d'aller se reposer dans l'une des magnifiques grottes où il est aisé de discuter sans que ses conversations ne soient épiées, ce qui en fait une cachette parfaite pour les amoureux. Cependant, je doute que la discussion soit la principale activité de ces couples, qui peuvent y être à l'abri des regards indiscrets.

Je préfère fermer les yeux sur ces pratiques qui ne me concernent pas. Jamais, au vu de mon rang, il ne serait convenable que l'on me voit en galante compagnie dans l'une de ces grottes à la réputation sulfureuse. Il en va de l'honneur de ma famille. Je me dois d'être pure comme le plus précieux des diamants pour avoir de la valeur lorsque l'on m'offrira à mon époux. Unique fille du Roi de Moonjoya, l'amour n'est pas pour moi, je devrai épouser celui que mon père m'aura choisi et cela sans discuter.

       Nous avons marché si vite que nous voilà déjà devant la porte de ma chambre. Je suis triste de déjà devoir quitter mon Père, un moment précieux nous a, encore une fois, été volé par la politique. Mais je ne peux rien dire, il ne fait que son devoir. Je me tais et m'apprête donc à attendre que le temps soit venu de nous retrouver.

— Attends Diane. Je souhaitais te parler d'un sujet important mais nous avons été interrompus. Pourrais-tu me rejoindre après le dîner,  pour que nous en discutions ?

— Oui père, avec plaisir ! Je me tiendrais à votre disposition.

Je suis heureuse d'avoir la possibilité  de passer quelques heures de plus avec lui, cela est un privilège rare. D'ordinaire nos visites sont programmées à l'avance et millimétrées. Je ne suis pas habituée à tant de spontanéité.

       Mais en le voyant s'éloigner une boule vient se former au creux de mes entrailles. Ce n'est pas normal, en vingt ans d'existence jamais mon père n'a demandé à me voir ou bien à avoir de réelles discutions avec moi. Je n'aurai pas dû me réjouir car je ne pense pas que cela soit bon signe. Je sens qu'à partir de ce soir, ma vie va changer. Cela pourrait-il être à cause de cet étrange visiteur ?

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Note d'auteur:
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