Pourquoi tu souris ?

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Un garçon blond, chantonnant gaiement. Le garçon blond, chantonnant tristement. Le garçon aux cheveux corbeaux, chantonnant intérieurement.

Les cheveux noircis par le chagrin, une même chemise grise portée avec une écharpe épaisse noire, tout les jours. Le teint cadavérique, les ongles peint de noirs étant plus des griffes et les yeux émeraudes cernés par de grandes poches d'insomnies. Enfermé dans le noir, dans sa chambre, avec seulement comme lumière l'écran de son ordinateur. Où reposait en fond d'écran, une photo d'une mère saine et souriante.

Le silence le tuait, la folie le rongeait, et les souvenirs s'en mêlaient.

Il était blond, il était un petit garçon. Enthousiaste, courant dans tout les sens dans le grand manoir. Des yeux pétillants, d'un vert précieux qui reflétait la ruse et la malice. Mannequin pour son père, bébé pour sa mère. Choyé et dorloté, il ne pouvait pas mieux rêvé.

Il a cauchemardé. Maman avait disparu. Maman était peut-être perdue. Son âme innocente avait été englouti par une ombre, la noirceur qui l'habitait.

Il bailla, éteignant sa seule source de lumière. Le visage doux et heureux d'un être aimé le figeait, le brisait. Tout n'était que cendres aux alentours, ravagé par sa haine. Seul ce qui lui était lié n'était pas détruit. Une photo d'elle dans un cadre, une image d'elle sur un ordinateur, un lit qu'elle lui avait offert lorsqu'il sautait dessus étant enfant. Enfermé, il l'était. Aucun contact extérieur. Uacun contact intérieur. Il allait virer fou.

Quatre ans dans le mutisme, dans sa prison, dans sa propre chambre. Aucun échange lui était permit, autant pour le rassurer de ne rien détruire, autant pour rassurer son père d'abriter un tel monstre. Il s'allongea sur son lit, l'avant bras sur les yeux, un tas de cendres dans la main gauche. Tout se consumait sous son touché. Même la nourriture. Pourtant il respirait, il se mouvait, il s'habillait. Mais est-ce qu'il vivait ?

Il se mourrait de l'interieur. De l'intérieur de cet endroit ou de l'intérieur de son corps ?

Un son le fit sursauter. Un bruit, un impact contre le volet de sa chambre. Il pouvait le sentir d'ici. L'odeur de la mort. Un de ces stupides pigeons aveugles. Il la sentait partout. Amer, immonde, des effluves putrides qui le ferait vomir si il possédait un semblant de nourriture dans l'estomac. Un deuxième impact. Il ne sursautait plus. Une sensation étrange le prit. Une pique qui le força à s'approcher des fenêtres. Une impression de... curiosité.

Il enleva son gant, et d'une poussée de son idex contre la vitre, cette dernière parti en fumé, des cendres s'envolèrent. Il fit de même avec le rideau de fer. Une lumière aveuglante le fit se recroqueviller. Étonnamment, il s'y habitua facilement, et face à lui, son coeur battit avec une grande force, le faisant grimacer. Était-il... sous le charme ? La lune pleine et ronde se trouvait face à lui. Cet astre le combla en un sens. Quelque chose d'éloigné, qu'il ne peut détruire, et admirer aussi longtemps qu'il le souhaitait. Le noiraux tomba sous le charme.

Il se renifla dédaigneux, l'odeur qui lui parvenait aux narines, gâchant sa liberté du moment. Deux oiseaux reposaient au sol, les ailes l'une sur l'autre comme pour se protéger, aussi mort qu'il était possible. Son regard terne les fixa, las. Saletés de pigeons.

Traînant les pieds, il découvrit la douleur de ces muscles ankylosés. Il n'avait bougé autant depuis des années. Les rues avaient-elles changé ? Le Louvre était-il encore le Louvre ? Paris était encore le Paris qu'il connaissait ? Son impression revint. Il ne pouvait rien faire. Il n'avait rien fait ces dernières années. Pouvait-il s'autoriser une sortie ? Sans prendre une vie, un souffle, une croissance ? Sans casser, briser, massacrer à son touché, le moindre obstacle face à lui ?

Il avança vers la grille et la désintégra, désintéressé et désireux d'avancer. Avancer où, il ne savait pas, mais il devait continuer à marcher. Il parcourut les rues étrangement désertes. Il se rappellait les gens courir, marché, rire et pleurer dans ces rues, ces trottoirs. Où étaient-ils passés ?

Recueil d'os miraculousWhere stories live. Discover now