1)Une vie contre une vie, telle est le voeu

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Un grand manoir, vieux de plusieurs siècles, ne servant plus à personne depuis plus d'une vingtaine d'années. Quelle tristesse. Pourtant, si l'on tends l'oreille, on peux entendre une respiration, faible et presque anéanti. Ce n'est pas le souffle de cette immense maison, c'est le souffle du dernière habitant.

Il n'était qu'un gamin, pauvre et maigrichon, pour seul compagnie la destruction incarnée. Un petit chat noir comme seul compagnon, il ne se souvenait plus quand le kwami avait fait parti de sa vie mais ce dernier était avec lui depuis aussi longtemps qu'il sache. La maladie le rattrapant, la faim le consumant, la rue le tuant. Ni parents, ni tuteur, juste Plagg, son petit chat. L'enfant brun traînait dans les rues, ces yeux bleus dans le vide. Une jeune femme blonde s'était interposé, bloquant son chemin. Ennuyé, il avait levé les yeux attendant une réplique désobligeante envers lui. Au lieu de ça, une main gantée frotta ces cheveux poussiéreux. Elle lui souriait, un sourire chaleureux. La richesse imprimée sur ces vêtements, il recula et s'agenouilla, craquant son genou dans un bruit sinistre contre le béton. La maladie le fragilisait.

Elle l'avait pris dans ces bras, l'avait emmener dans sa calèche. Il n'était pas peureux, il n'avait plus le temps, aucune émotion passait sur son visage. Elle le nourrissait, le lava, l'habilla, une fois rendu dans son manoir. Il mesura sa chance d'être ainsi choisi et sauvée, par une dame aussi gentille et riche qu'elle. La blonde avait fait plus de choses pour lui que n'importe qui, en échange il lui obéissait, nettoyait avec les servantes, cuisinait avec les chefs. Elle n'appréciait pas mais le laissa faire. Le brun devint au fil du temps, le protecteur et le majordome de sa dame, l'accompagnant partout, la sauvant à son tour. Plus grand qu'elle, plus fort mais pas plus sage. Sa Lady était comme une mère, il l'aimait, il l'enlaçait, il s'agenouillait devant elle, à chaque ordre il l'exécutait heureux qu'elle lui demande personnellement. C'était juste pour lui.

Ce qui était injuste, était la suite. Chaque dimanche, elle partait à l'église en bonne croyante. Il voulu lui organiser un somptueux retour. Jamais elle eu la chance de fêter son retour de l'église. Jamais elle partit à l'église. Les chevaux laissèrent la calèche, mal accroché, ils fuirent. La calèche s'était embourbé dans de la terre, la faisant déraper. Un accident. Tuer sur le coup. Il avait attendu sur les marches le retour de sa maîtresse. Il avait lu le journal, les servantes lui avaient dit la mauvaise nouvelle. Mais il restait sur les marches du manoir. Son kwami inspiré dans sa bague depuis le départ de sa dame. Bien vite les employés déguerpissaient le plancher. Plus aucun n'était rester. Juste lui sur les marches devant la battisse. La magie insufflant dans son corps, le maintenant en vie, le laissant au même âge de sa dernière transformation.

Un mois, il s'allongea sur les marches, sa queue entre les jambes, les oreilles tirés en arrière. Six mois, toujours endormi sur le palier, comme en hibernation, les feuilles mortes d'autonomes l'entourant. Un an, il se réveilla les yeux bouffis d'un long cauchemar, il s'allongea de nouveau mais dans le hall à l'étage, et se rendormi. Deux ans, aucun réveil, aucune transformation depuis sa mort. Cinq ans, il se laissait dépérir, attendant désespérément son retour. Dix ans, le même âge, même costume, la respiration lente, il ne pouvait plus bouger. Vingt ans, il rampa jusqu'au dehors, voir le soleil comme dernière vision. Le chagrin habitant son cœur durant des années. Impatient d'en finir, il ferma les yeux une dernière fois. Désireux de revoir sa Lady.

Une voix le réveilla, trop fatigué, il resta au sol. Certainement un ancien employé revenant, cela arrivait, il l'entendait mais s'en fichait. Le doux chant le faisait ouvrir les yeux, on lui parlait. Qui étais-ce. Il s'étonna d'entendre le son identique de sa maîtresse, sa queue s'agita avec mal. Une main douce lui frotta la tête.

_ Petit chat j'ai entendu ton appel. Pourquoi ne te lève-tu pas ? Tu ne peux pas ? Ne t'en fais pas la coccinelle va prendre soin de toi. La chance est désormais à ta portée.

Recueil d'os miraculousWhere stories live. Discover now