Lorsque Dalia fait la rencontre de Khalil, elle est bouleversée de constater qu'elle est profondément troublée par cet homme aussi ténébreux qu'attirant. Petite parisienne libérée des banlieues Nord, elle n'est pas étrangère aux hommes dangereux.
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— Nous sommes arrivés, annonce mon chauffeur alors que nous descendons de la grosse voiture à tour de rôle.
Natasha se tient à ses côtés, un air sévère plaqué sur le visage. Elle est une très grande femme, avec un affreux grain de beauté près des lèvres et un petit nez qui remue étrangement. Une sorte de crapule avec le visage parfaitement unie, des yeux bleus pétillants de malice et de drôles de petits gestes saccadés.
La blonde détestable, pleine d'esprit et de vivacité, mais qui pose son nez partout. Surtout là où il ne faut pas. Je ne l'ai jamais appréciée. C'est une nana bancale, qui aime constamment ajouter son grain de sel. Toutes les situations sont bonnes pour se faire remarquer chez Natasha.
Elle m'a déjà apporté des ennuis dans le passé, malheureusement je ne peux nier que c'est une excellente partenaire dans les affaires. Elle a le sens de l'argent. Elle sait aussi jusqu'où les gens peuvent aller pour s'en procurer et comment le leur faire dépenser, en leur proposant ce qu'ils veulent. Elle est maligne : l'argent dans les bas-fonds n'a aucun secret pour elle. Natasha n'a pas confiance en moi et c'est une bonne chose d'avoir un associé méfiant. Elle surveille tous mes faits et gestes.
Natasha m'empêche de trop dévier du droit chemin – et quand je franchis la frontière invisible entre les agissements louches et le mal absolu, elle seule, est capable de me faire reculer avant l'irréparable. On forme une bonne équipe et tant que l'argent continue de rentrer dans les caisses, je ne vois aucun inconvénient à partager mes bénéfices avec elle. Elle me fait signe d'approcher, un remarquable sourire dévoilant sa dentition parfaite, accentue ses fossettes creusées.
— Khalil, tout est prêt. Il me manque seulement ton feu vert pour lancer les hostilités. La famille Ndaye vient de m'informer qu'elle ne tardera pas à arriver.
— Et mes parents ?
— Ils seront un peu en retard, m'informe-t-elle de sa voix aigüe et son intonation qui trahit des origines modestes.
— Bien, la soirée peut commencer. Occupe-toi des invités déjà présents et tâche à ce qu'ils ne manquent de rien.
Elle esquisse un sourire qui ressemble davantage à une grimace. Natasha n'apprécie pas particulièrement mes amis. Sans doute est-ce dû au fait que la majorité des gars considèrent ces soirées comme un terrain de chasse. Si elle le pouvait, elle rédigerait des ordonnances restrictives de chacun d'entre eux pour qu'ils se tiennent loin de ses invitées féminines.
— À tout à l'heure, Baki.
Elle adresse un sourie complice à mon chauffeur puis tourne les talons.
