Lorsque Dalia fait la rencontre de Khalil, elle est bouleversée de constater qu'elle est profondément troublée par cet homme aussi ténébreux qu'attirant. Petite parisienne libérée des banlieues Nord, elle n'est pas étrangère aux hommes dangereux.
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Dans l'obscurité, je parcours le long couloir qui mène à la cuisine, où j'ouvre une bouteille de vin rouge. Je me fais couler un bain chaud sur lequel je fonde l'espoir d'un moment de détente.
Mon esprit, obsédé par l'analyse de ce qui me harcèle, s'engourdit quelques minutes quand je glisse dans l'eau fumante et que j'y plonge mon visage ; je sens mes cheveux flotter et caresser mon front. Mais brusquement, une pulsion irrépressible me dicte de rester là, au fond de la baignoire, de ne surtout pas remonter, de cesser de respirer, de laisser mon corps refaire surface quand tout sera fini.
Tout. La douleur, la tristesse qui ne me quitte pas depuis trois jours, les paroles déchirantes de Franck, le besoin éperdu de me relever, les déceptions, la cruauté de notre dernier échange avec Khalil qui a pris possession de ma tête et de mon corps. Terrorisée par le réalisme de cette pensée morbide, je sors la tête de l'eau en haletant. Purée, à quoi tu joues, Dalia ?
J'essaie de retrouver une respiration normale lorsque la sonnerie de mon téléphone me fait sursauter. J'avais complètement oublié que je l'avais déposé sur mon plateau de bain. Ce n'est pas dans mes habitudes. Généralement, je le laisse à l'extérieur de la salle de bains pour m'assurer un moment de détente complet. Je suis tentée de laisser sonner, mais ça pourrait être Christelle qui veut prendre de mes nouvelles – surtout maintenant que j'évite les gens autant que possible.
Je filtre les appels dans la journée, passe des heures au Panoramic, pour ensuite finir dans les bras de Divine en pleurs. Lorsque je rentre, soit les filles sont déjà couchées, soit je suis moi-même trop fatiguée pour parler. Je ne me suis pas sentie aussi minable depuis la fac. D'un point de vue extérieur, je dois paraître pathétique, une pauvre fille complètement paumée cherchant à guérir ses maux, et en fait c'est exactement ça ! J'ai l'impression d'être perdue sans aucune possibilité de revenir sur mes pas.
Je me sèche une main et saisis mon appareil. Il me glisse des mains et je le rattrape au passage, interrompant la sonnerie du même coup. Quand je lève le téléphone devant mes yeux, j'ai la surprise de me retrouver nez à nez avec Franck. Il semble aussi surpris que moi d'apparaître en FaceTime. Je laisse échapper un cri et il me glisse des mains, encore, puis tombe dans le bain, ce qui me fait crier davantage.
Je plonge les deux mains dans l'eau moussante et je le trouve entre mes jambes, bien entendu... L'appareil résiste une fois de plus à ma prise, comme un têtard visqueux, et quand je réussis enfin à sortir de l'eau il est complètement éteint. Mais ce n'est pas le pire.
Et si la caméra était restée active sous l'eau ne serait-ce que quelques secondes ? Oh mon Dieu, j'espère que non ! Et s'il avait vu... quelque chose ? Non, non c'est quasiment impossible. Il fait presque noir dans la pièce et encore plus dans le bain. Oh non ! J'ai vraiment une vie de merde.
