Emmène-moi - Larry Stylinson

Chapitre 1 - Cauchemars

Le soleil commençait à se lever, les autoroutes étaient calmes, peu de personnes avaient déjà pris la route à cette heure. Depuis des kilomètres, le jeune homme au volant de sa Range Rover noire de 1990, était sur le qui-vive à la recherche d'un air de repos, d'un hôtel dans lequel il pourrait se reposer. La vitre ouverte pour que le vent frai puisse le maintenir correctement éveillé, ses cheveux bouclés, commençant à devenir trop longs, volent autour de son visage. Dans l'auto-radio, "I want it all" de Queen, il fredonne les paroles en tapotant le volant de ses longs doigts pour se distraire de la monotonie de la route. Ses yeux verts, soulignés de cernes, sont rivés sur la route, il reste vigilant, il sait que les derniers kilomètres sont les plus dangereux. Son sourire s'étire légèrement lorsqu'il voit enfin un panneau lui indiquant qu'il trouvera le repos dans peu de temps, il va pouvoir enfin dégourdir ses longues jambes et sortir ses un mètre quatre-vingt-cinq de ce siège qui commence à le faire souffrir.

Après une nuit passée sur la route, Harry sort de sa voiture en soufflant de soulagement, faisant quelques pas pour détendre ses guibolles avant de se rendre à l'accueil du vieux motel où il s'est arrêté dans l'espoir de pouvoir dormir. Il demande une chambre pour la journée à la vieille dame au maquillage défraîchi qui lève à peine les yeux pour le regarder et demande de payer en espèces avant de lui tendre une clé avec un numéro en lui indiquant la direction à prendre sans même quitter des yeux son téléphone. Le jeune homme ne s'en formalise pas vraiment, il n'en est pas à son premier motel et il n'est pas vraiment d'humeur à faire la causette, la fatigue commence à le gagner et tout ce qu'il veut, c'est prendre une douche avant de s'allonger pour dormir quelques heures. Il croise un distributeur sur son chemin et prend quelques petites choses à grignoter avant de se rendre à la chambre numéro 21 et d'insérer la clé pour l'ouvrir et pénétrer à l'intérieur de celle-ci. Mais à peine la porte ouverte, il s'arrête sur le pas de celle-ci, les yeux rivaient sur le lit. Ou plus précisément, sur le corps dénudé se trouvant sur le lit.

Un courant d'air fais frissonner le corps mince du jeune homme étendu sur le lit. Il reprend doucement ses esprits, mais sa respiration s'emballe bien vite lorsqu'il ne reconnaît pas l'endroit dans lequel il se trouve. Comment a-t-il fait pour se retrouver dans cette chambre miteuse ? Où est-il exactement ? Il tente de bouger, de se redresser et immédiatement un gémissement de douleur quitte ses lèvres. Son poignet lui fait un mal de chien et il se rend vite compte que ce n'est pas la seule partie de son corps qui le fait souffrir. Sa joue aussi, elle le brûle, il sent que sa lèvre est enflée et quelque chose de séché sur son menton. Il a aussi du mal à avaler sa salive, mais la pire des douleurs, elle reste dans le bas de son dos. La brûlure la plus intense est là, à l'endroit le plus intime qu'il possède. Ses souvenirs sont embrumés, mais lui reviennent peu à peu et il comprend. Les larmes commencent à couler le long de ses joues déjà bien abîmées et son cœur s'affole de plus en plus. Il a été violé, il ne sait pas encore exactement ce qu'il s'est passé. Mais il se souvient de la douleur, de la peur, de la terreur qui s'est répandue dans ses veines et qui l'a maintenu paralysé. Ses sanglots redoublent en intensité alors qu'il commence à regarder autour de lui, toujours allongé dans le lit et peinant à se relever. Sa respiration se bloque lorsqu'il découvre une silhouette à l'entrée de la chambre, sûrement la raison du courant d'air qui l'a réveillé. Le jeune homme prend peur et il se recule aussi loin que son corps le lui permet, de cette personne qu'il n'arrive pas à distinguer. Et s'il s'agissait de l'homme qui l'a violé ? Il est complètement tétanisé et parvient à peine à bouger, aucun son ne sort de sa bouche et son seul moyen de défense est de fermer les yeux et d'espérer aussi fort que possible que se n'est qu'un mauvais rêve et qu'il va se réveiller.

La surprise passée, Harry réalise qu'il n'est pas le plus choqué de cette rencontre. Il ne lui faut que quelques coups d'œil pour comprendre qu'il a en face de lui un jeune homme mal en point. Et lui aussi pense comprendre bien vite, vu l'état dans lequel il se trouve. Il reste planté là un moment, son sac à ses pieds avant de se décider à réagir. Il s'approche doucement avant de s'arrêter en voyant que le jeune homme panique de plus en plus. Il a l'impression d'avoir à faire à un petit animal sans défense et il sait qu'il ne faut surtout pas qu'il soit brusque. Lui qui n'avait pas envie de parler et simplement de se coucher, il peut mettre de côté ses plans. Il s'agenouille à côté du lit, attrape le drap à moitié par terre et le pose doucement sur le corps blessé en face de lui.