Chapitre XI: Langeurs du Soir

Start from the beginning
                                    

«Demain sera le jour de notre séparation avec cette charmante demoiselle.

-Et qu'est-ce que tu vas faire? Car ça ne te ressembles pas de respecter les accords.

-Eh bien, je compte lui emprunter pour une durée indéterminée une grande partie des babioles qu'elle transporte avec elle. J'aurais probablement fait plus, mais cela aurait fait du chevalier qui lui fait office de frère une gêne non négligeable.

-Et quel est ton plan pour la fille du seigneur et ce Carelas?

-En toute sincérité, j'hésite. Devons-nous usurper la place de ce chevalier et faire usage du même procédé que lui, a nos risques et périls, ou respecter notre serment et obtenir un gain moindre?

-Va pour remplacer Carelas si ça nous rapporte plus, en espérant qu'on ai pas à torturer cette fille-là.

-Cela sera risqué. Ils n'hésiteront sûrement pas à faire usage de pièges. Et au sujet de la demoiselle, ne soit pas inquiet, tout se passera bien. Ce qui s'est passé avec Isabella n'était qu'un cas extrême.

-Oui je sais, je m'inquiète pour rien... C'est une mauvaise habitude dont il faut que je me débarrasse.

-Est-ce que cette habitude te provient du dogme chevaleresque par le plus grand des hasards?

-Non, c'est autre chose. Mon père était quelqu'un qui a commis beaucoup d'atrocités, et à cause de cela, beaucoup de gens me regardaient d'un mauvais œil, car ils pensaient que j'étais comme lui. Et ça m'a attiré beaucoup de soucis.

-Je te comprends. On a tous eu à un moment de notre vie des gens qui essayaient de nous retenir pour des raisons stupides. La bonne réponse face à eux, est simplement de leur dire d'aller copuler avec leur génitrices et de boire leur larmes de colère.

-Tu te doutes bien que c'est ce que j'ai fait. «Mais, hélas», comme tu le dis si bien, parmi ces gens, il y avait une fille que j'aimais, et qui m'aimait également en retour. Et elle refusa de m'épouser car j'avais trop mauvaise réputation, et car elle aussi avait peur que je devienne comme lui...

-Cela est tout à fait tragique. Mais tout cela est terminé maintenant, tu est sur un nouveau continent, et tel nos ancêtres tu a fui à l'oppression, et tes anciennes peurs n'ont plus lieu d'être! S'enthousiasma Bréval.

-Oui, oui, je sais. Bon, j'ai fini mon assiette, je vais me coucher.

-Fait de beaux rêves, preux chevalier.

Guillaume ne put monter dans sa chambre sans que les marches de l'escalier ne se mettent à grincer. Il ouvrit sa chambre, étroite mais suffisante, avec sa fenêtre donnant sur une vision de néant nocturne, et se débarrassa de son armure réfléchissante. En déplaçant son sac ouvert, son regard fut orienté vers un objet qui sortait du lot par sa simple couleur, un blanc comme celui qui saupoudre l'inatteignable Lune. Guillaume sortit cet objet du tas à la couleur marronnasse, et s'interrogeât sur les raisons pour lesquelles le propriétaire originel, Rauvain, transportait une telle chose avec lui. Il s'agissait d'un pan de mur, l'un des côté étant aussi grossier et disgracieux que n'importe quel caillou, mais l'autre était parfaitement droit malgré les traces du temps, et pourrait faire un excellent socle à l'artefact. Quelque chose semblait être écrit sur cette deuxième face... Mais Guillaume ne savait pas lire de toute façon. Il remit ce pan de mur dans le sac, faute d'un meilleur endroit, et ne prenant pas tant de place que ça. Ceci devait sûrement être un porte-bonheur ou un souvenir, pensa-t'il en soufflant la bougie.

Bréval était dorénavant quasiment seul au rez-de-chaussé. Sa nourriture avait perdue toute sa chaleur, et l'ensemble de cet endroit était clairement plus utilitaire qu'agréable, le tout lui évoquant une légère pitié. Il valait mieux ingurgiter rapidement cette nourriture, histoire de se débarrasser de l'obligation morale de rester ici dans les plus brefs délais. Bréval songea pendant un temps qu'une fois terminé, il pourrait partir en excursion pour aller prendre des objets de valeurs chez les villageois, mais ce village semblait être trop dépouillé pour que cela soit possible. «Hé, dit... Ton ami là, c'était un chevalier?» Bréval se tourna vers le comptoir d'où provenait cette phrase, et vit le vieil aubergiste qui attendait une réponse.

«Il semblerait bien que oui.

-Il pourrait pas m'aider? Car j'ai grandement besoin d'un gaillard comme lui.

-On serait honoré de remplir votre besoin, mais hélas notre temps n'est pas illimité, il va donc falloir que cette affaire le mérite.

-Oui, crois-moi, c'est important. Depuis deux mois, un groupe de bandits harcèlent notre village chaque semaine. Leur camp est au sud est, et ils sont pas très nombreux, ça sera du gâteau pour ton pote de les dégager de là.

-Je pense en effet qu'il sera tout à fait capable de gérer ça, mais je pense que vous connaissez le fameux adage «le temps, c'est de l'or». Ainsi, nous avons besoin d'une récompense pour le temps perdu.

-Désolé, mais des repas gratuits, c'est tout ce que je peux offrir. Les autres habitants vous récompenseront, même si ça ne sera pas grand-chose, vu que par ici, nous ne sommes pas riches.

-Je suis sincèrement désolé, mais je vais devoir alors refuser. Notre mission est de la plus haute importance, et nous ne pouvons nous permettre de perdre du temps si la récompense n'est pas à la hauteur. Il va falloir demander à quelqu'un d'autre pour votre problème, hélas.

Quintessence-Grains de Sable PrismatiquesWhere stories live. Discover now