Chapitre 7 - Quand le serpent se mords la queue, le lion s'éveille

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Une fois que les ténèbres, qu'il avait toujours connues, avaient laissé place à une lumière éblouissante, la première chose qu'il vit fut sa mère qui le regardait tendrement, avant de le lécher pour le nettoyer. Elle l'attrapa ensuite par le cou avec ses dents, pour le tourner vers une figure immense, qui lui dit d'une voix intimidante :

̶ Tu es venu au monde pour propulser ta tribu vers de nouveaux sommets. Je te nomme Pisga. Puisses-tu, un jour, faire sortir ton clan de la grotte, et l'amener en sécurité sous le regard bienveillant de nos ancêtres et de leurs étoiles.

Un mois plus tard, il se trouvait aux côtés de son père et de sa mère, tremblant sous le climat froid de la grotte, et ce, bien qu'il fût collé à sa mère afin qu'elle lui apporte de la chaleur.

« ROOAR ! »

̶  À partir de ce jour, notre tribu possède un nouveau prince, mon fils Pisga ! rugit son père. Inclinez-vous et portez allégeance à Pisga !

̶ Longue vie à la dynastie des Arayotes ! acclama le perroquet de la cour, l'un des rares animaux à pouvoir communiquer avec d'autres espèces sans avoir atteint le niveau de Miktsoane.

De nombreux rugissements se firent entendre parmi les sujets de la grotte : des oiseaux de proie aux fourmis de glace, tous venus accueillir le nouvel héritier du trône.

Son père lui lança un regard, qui pouvait avoir l'air dur au premier abord, mais si l'on y regardait de plus près, rayonnait d'amour et de fierté. Cinq ans plus tard, il se trouvait au rite de passage. Sans difficulté, il mit ses adversaires à genoux, les uns après les autres. Quand le dernier des prétendants tomba au sol, Pisga ne put s'empêcher de pousser un rugissement de fierté.

Immédiatement, la foule qui s'était assemblée poussa des acclamations. On pouvait entendre des rugissements, des aboiements et une multitude d'autres bruits, mais Pisga n'y porta aucune attention. Il leva les yeux vers un rocher en hauteur, où se trouvaient son père et sa mère : sa mère le regardait avec amour, et son père l'observait d'un regard qu'il voulait dur, mais qui, encore une fois, ne pouvait camoufler la fierté et l'amour qu'il éprouvait pour son fils.

Dix ans plus tard, il réussit à désamorcer la rébellion des fourmis de glace. Il ne lança même pas un regard à la reine fourmis et, d'un coup sec, il lui arracha la tête sous les acclamations des milliers de troupes qui se trouvaient à ses côtés. Il examina le corps de la reine en fronçant les sourcils, un choix se présentait devant lui : s'il voulait accomplir son destin, il ne pouvait se contenter de suivre les traces de son père, il se devait de le surpasser. Il choisit de se servir du noyau de la reine des fourmis, afin de cultiver sa spiritualité, en plus de son physique.

Deux ans plus tard, il parvint à devenir un Moumré spirituel, en plus d'un Moumré physique. Il partit à la rencontre de ses parents, s'attendant à recevoir les habituelles louanges, mais à sa surprise, de l'inquiétude s'était installée dans leurs yeux. Son père lui dit d'un air grave :

̶ Pisga, cultiver les deux facettes de la cultivation est bien trop difficile, et retarde ta croissance. Tu possèdes assez de talent pour devenir un Miktsoane, et même, plus tard, arriver au pic de ce niveau en achevant le troisième Pas. Ne laisse pas ta fierté mettre en danger tes futurs accomplissements.

Pris au dépourvu d'être moralisé au lieu de félicité, il rugit de colère et repartit sans dire un mot. Le message était clair : il n'en avait que faire des conseils de son père, et se considérait supérieur. Sa mère rugit d'indignation devant le manque de respect filial de son fils, et la fierté, qui pouvait habituellement se lire dans le regard du roi quand il regardait son fils, se transforma en inquiétude.

Dix ans plus tard, un rugissement de colère se fit entendre de la cavité du prince, il avait de nouveau échoué dans sa tentative de devenir Miktsoane, faute de pouvoir équilibrer physique et spiritualité durant le processus. Il était coincé : cultiver les deux facettes de la cultivation lui apportait un avantage considérable face aux autres Moumrés du même niveau, mais ce n'était rien devant le pouvoir d'un Miktsoane.

Il aurait pu, depuis longtemps, se défaire de l'une des deux facettes, mais sa fierté l'en empêchait. Plus de temps, c'est tout ce qui lui fallait. Mais le temps était tout sauf un dû. Seulement trois mois plus tard, sa vie bascula. Des humains chevauchant des Esprits aux airs démoniaques déboulèrent dans la grotte. S'en suivit un carnage monstrueux.

Il tua des ennemis jusqu'à en perdre le compte, mais cela ne suffit pas. Très vite, des Miktsoanes firent leur apparition, et tuèrent les sujets du royaume les uns après les autres. Après avoir dû en combattre deux simultanément, le roi reçut, sous les yeux de son fils, un coup fatal. Il accourut vers son père, qui le regarda une dernière fois avant de dire :

̶ Vis !

Juste devant lui, son père avait fermé les yeux, pour ne plus jamais les ouvrir. Jamais, le prince déchu ne parvint à oublier le dernier regard de son père. De tous les sentiments qu'il avait aperçus dans ses yeux au cours de sa vie, il n'en restait qu'un : l'amour.



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Salut à tous, j'espère que cette partie de chapitre vous a plu, n'hésitez pas à laisser des commentaires ou à voter si le chapitre vous a plu XD.

Les Pions de l'ÉquilibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant