47. Les mêmes yeux [Maël]

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Je regarde les débris de ma cage de verre s'enfoncer dans la neige. J'ai réussis à m'en sortir seul, rien qu'en faisant se cogner la construction contre un flan de la montagne. Le meilleur d'en tout ça est que j'en suis sorti vivant, ce qui n'était pas assuré au début de la manœuvre. 

Bien sûr, mon corps est recouvert d'égratignures plus ou moins grande aux endroits où les bouts de verre sont tombés sur moi, mais à part ça tout va bien. Je marche dans la montagne, à la recherche d'une grotte où passer tranquillement la nuit. 

Je ne sens plus mes jambes qui sont presque gelées à cause de la neige dans laquelle je suis enfoncé jusqu'à la taille. Si je continue comme ça, je vais mourir avant le coucher du soleil. 

Une lumière attire alors mon attention droit devant moi, aux pieds de la montagne la plus proche. Je suis tiraillé par le doute, ça peut aussi bien être l'armée de Robbins que des gens pouvant m'aider. 

Je décide de me rapprocher le plus silencieusement possible, allant jusqu'à ramper dans la neige pour ne pas être vu. Je commence à distinguer plusieurs personnes assises devant une grotte autour d'un bon feu qui ne semble même pas faire de fumée. 

Je me colle aux pierres sur le côté, observant les trois hommes qui parlent, dont l'un est dos à moi. 

"Ils ont eu un problème, annonce une voix qui m'est familière."

C'est la voix d'un ami que j'ai perdu à tout jamais. Il ne peut pas être là. Je me rapproche encore un peu, étant presque à découvert. 

"Ils vont se pointer en avance, continue-t-il, mais d'abord ils doivent chopper Maël."

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas de qui il parle. 

Soudain l'homme de dos se retourne et je croise un regard gris que je ne connais que trop bien. Ses iris sont de la même couleur que l'oeil gauche d'Automne. Un sourire se forme sur ses lèvres tandis qu'il se rapproche à grands pas de moi. 

Je me lève doucement, prêt à me défendre s'il le faut, mais, contre toutes attentes, il me sert dans ses bras. Des souvenirs que je pensais avoir depuis longtemps enterré remontent à la surface. 

"Qu'est-ce que tu fous là ? Rit-il en se détachant de moi pour mieux me regarder. 

- Je me suis enfui, crâné-je. 

- Ma, t'as pas changé mon vieux. Des larmes coulent sur ses joues.

- Georges, ma voix n'est qu'un murmure."

Je n'arrive tout simplement pas à croire que Georges se tienne là, devant moi alors qu'il devrait être à l'autre bout de l'univers en ce moment. Je réalise alors à quel point Automne lui ressemble, leurs cheveux sont de la même couleur, leurs yeux aussi sauf le droit de Automne qui est bleu. Ils ont ce même air déterminé qui anime leur visage. 

Si seulement elle savait que son frère était vivant, elle retrouverait immédiatement sa joie. 

"Et Automne ? Demandé-je. 

- Elle arrive, répond-il, faudra juste la prévenir que c'est pas le peine de venir de chercher."

Je  suis complètement perdu. Comme si Automne avait prévu de venir me chercher avant de s'enfuir avec son frère ! Automne avait prévu de venir me chercher avant de s'enfuir avec son frère ? Ce comportement lui ressemble tellement que j'aurais pu le deviner tout seul. Elle veut toujours tout faire pour défier tout le monde. 

"Automne va venir ?! M'exclamé-je avec un peu trop d'entrain."

Georges me dévisage quelques seconde comme si j'étais un mystère qu'il doit résoudre. Je réalise alors ce que je viens de dire. 

"C'est une bonne soldat, ajouté-je en prenant une voix plus grave. 

- T'es proche de ma soeur ? S'enquiert Georges, incrédule. 

- C'est une bonne soldat, répété-je bêtement."

Georges pose ses main sur mes bras et me secoue comme un pommier. 

"C'est une bonne soldat ou c'est une bonne tout court ? Hurle-t-il.

- Les deux."

Il explose de rire et passe un bras autour de mes épaule dans un geste fraternel. Son contact m'est familier. Je me rappelle qu'à la base des novices, il me faisait exactement la même chose lorsqu'il était heureux. 

Nous nous dirigeons vers l'intérieur de la grotte où se trouvent plusieurs personnes dont je reconnais vaguement les visages mais suis incapable de mettre de noms dessus. 

"Tant que tu la pécho pas, ça va, ajoute-t-il."

J'affiche un sourire crispé faignant de rire à sa remarque. Mais psychologiquement, c'est l'alerte rouge. Il ne faut jamais qu'il sache qu'elle m'a mis le râteau de ma vie ! Son visage ne fait que traverser mon esprit. Sans cesse. Je la revois ensuite avec Albin, l'embrassant sous mes yeux et me rappelle que je n'ai aucune chance avec cette fille. 

"Elle arrive quand ? Demandé-je.

- Bientôt."

Il se laisse tomber devant un second feu, m'invitant à faire de même. Son regard se pose sur ma combinaison de la Meute qui n'est plus du tout ma fierté. 

"Aussi, commence-t-il, je tenais à te féliciter d'y être arrivé. Tu l'as fait Ma ! T'es devenu Caporal de la Meute !

- Je le serais depuis longtemps si tu ne nous avais pas trahi cette année là, répliqué-je durement."

Son visage s'assombrit comme si tous ses souvenir de ce moment remontait d'un coup. Il finit par plonger son regard dans le mien, plus sérieux que jamais. 

"C'était une connerie, affirme-t-il. Une des plus grosse que j'ai fait de toute ma vie. Sache que je le regrette encore de t'avoir laissé seul dans ce trou à rats."

Sa franchise me touche tellement qu'un sourire incontrôlé se forme sur mes lèvres. 

"Tu m'a au moins permis de t'amener Automne, remarqué-je.

- Ouais, la pauvre, je n'aurais jamais voulu qu'elle termine ici aussi. J'aurais pas du l'abandonner. Je vais essayer de réparer les erreurs que j'ai commises contre vous deux."

Je hoche doucement la tête. J'aime cette façon qu'il a de parler de nous deux, comme si nous étions faits pour aller ensemble. Ce qui est sans doute le cas, mais elle ne le sait pas encore. 

***

Voilà pour ce chapitre ! 

J'espère qu'il vous a plu : ) 

La première apparition de Georges ! 

A bientôt ; ) 







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