37. Basile [Maël]

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Mon sang ne fait qu'un tour tandis que j'attrape Alban par les épaules pour le forcer à me regarder. Je n'ai jamais particulièrement aimé Basile, mais il est un membre de mon armée, au même titre que Calista ou Albin. Donc, s'il lui est arrivé quelque chose, je dois m'occuper de lui.

"Il s'est passé quoi ? Hurlé-je dans ses oreilles, en le secouant.

- Calme-toi Maël, tu lui fais peur ! M'interromps Automne en prenant le petit garçon dans ses bras."

Mes mains retombent mollement contre mes cuisses. Je ne voulais pas affoler Alban, mais il est vrai que le gamin a l'air totalement terrorisé. Ses cheveux ébènes resortent encore plus sur sa peau blafarde et ses mains tremblent dans le dos d'Automne.

Je ne peux m'empêcher d'éprouver une pointe de jalousie pour cet individu de sexe opposé au sien qu'elle serre contre elle. Comme si un garçon de 12 ans était dans la compétition !

Un sanglot s'échappe de ses lèvres, faisant redoubler les caresse d'Automne sur sa tête brune. Je ne sais plus où me mettre, elle me détestera si je fais le Caporal sévère, mais pourtant elle doit obtenir une réponse rapide et claire.

"On se baladait dehors et après on a entendu des coups de feu et après Basile était par terre dans la neige avec pleins de sang, raconte-t-il sans qu'aucun de nous ne l'y force.

- Et tu l'as laissé tout seul dehors ?! M'exclamé-je, imaginant le petit corps de Basile mourant au milieu d'une fine couche de neige."

Automne le repousse doucement pour qu'il la regarde droit dans les yeux. Malgré les quelques mèches aux pointes rouges qui couvrent une partie de son visage, j'arrive à percevoir son affolement.

"Montre nous, bordel ! S'écrit-elle.

- Euh...euh...bégaye-t-il...ouais d'accord."

Il détalle en sens inverse et nous le suivons, quelques mètres derrière. Le couloir paraît interminable tandis que nous le traversons au petit trot. Alban ne prend même pas la peine d'utiliser l'ascenseur et pousse la lourde porte de la cage d'escalier.

Nous dévalons les marches quatre à quatre. J'entends la respiration parfaitement régulière d'Automne dans mon dos. Alban s'arrête alors brusquement sur le palier du rez-de-chaussé et ouvre une porte que je n'avais jamais remarquée.

Un courant d'air glacial s'engouffre à l'intérieur, me faisant frissonner. Je me rattache à l'idée que Basile se trouve là, seul et blessé.

"Il doit être à environ quinze mètre en face, nous indique Alban en reculant.

- Tu viens pas ? S'étonne Automne.

- Il fait trop froid, se plaint-il en croisant ses petits bras sur son torse.

- Lâche, murmuré-je en sortant, juste assez fort pour qu'il m'entende."

Le contact gelé de la neige sur le bas de mon pyjama en coton est insupportable. Automne me bouscule légèrement pour sortir à son tour.

"Putain, on se les gèle, marmonne-t-elle.

- On trouve Basile et on rentre, la préviens-je.

- Tu voulais faire quoi de plus ? Ricane-t-elle en passant devant moi.

- Manger une glace ? Rié-je.

- T'es vraiment trop...elle arrête brusquement de parler. 

- Trop quoi ? Répliqué-je.

- Maël ! Regarde ! Je suis du regard la direction qu'elle me pointe avec son doigt pour apercevoir une masse sombre."

Je réagis au quart de tour et cours rapidement jusqu'à la forme humanoïde qui se détache du paysage blanc. Je ne sens plus le froid, ni la douleur de mes pieds gelés à chaque pas. La seule chose qui m'intéresse est le petit Basile.

Arrivé à ses côtés, la première chose qui me saute aux yeux est l'impressionnant tâche pourpre qui l'entoure ; la deuxième est la couleur de ses lèvres qui s'apparentes beaucoup à celles d'un Schtroumf.

Je l'attrape, sans faire attention à une potentielle blessure et le porte contre mon torse. Son petit corps est gelé et je ne l'entends pas respirer. Son visage est celui d'un petit ange endormit qui ne se soucie pas du lendemain. Je peux facilement lui imaginer deux petites ailes qui pourraient l'emmener n'importe où ; jusqu'à une planète inconnue, par exemple.

Automne arrive alors et étouffe un cri en voyant le corps à moitié mort de celui qu'elle doit considérer comme son petit frère. Sans réfléchir, elle enlève le sweat qu'elle portait pour le déposer sur le blessé.

La spontanéité de cet acte me touche profondément car je ne sais pas s'il y a beaucoup de personnes qui feraient ça pour moi. Je pense que je resterais à mourir dans le froid, seul. Je le sens déjà me mordre les mollets et le visage, brûler chaque parcelle de ma peau.

L'entrée n'est qu'à quelques mètres, mais je sens mes forces qui me lâchent peu à peu. Chacun de mes muscles est engourdit et je dois procurer un effort surhumain pour qu'ils continuent à fonctionner normalement.

Dans un ultime effort, je me jette dans le bâtiment en tenant fermement le petit corps contre moi. Alban est toujours là, assis contre le mur d'en face, il se lève dès qu'il m'aperçoit portant son ami.

"Il va bien ? S'enquit-il."

Sa voix est tranquille, beaucoup trop tranquille, comme s'il ne réalisait pas la gravité de la situation.

" Va prévenir la putain d'infirmière ! S'égosille Automne dans mon dos.

- Cours ! Ajouté-je en voyant son manque de réaction."

Il file alors hors de notre vue. Je le suis doucement, prenant soin de ne pas trébucher ou lâcher ma précieuse cargaison.

"Je veux pas te mettre la pression, la voix d'Automne est d'une douceur infinie, comme si elle parlait à un petit garçon, mais grouilles-toi ou il va crever !"

Ces mots sont percutant et je me remets à courir jusqu'à l'infirmerie qui est située à l'autre bout du bâtiment. Nous croisons quelques membres du personnel en chemin, mais Automne leur fait comprendre de dégager du passage.

Une fois arrivée, je pose Basile sur le premier lit venu où l'infirmière est déjà en train d'installer toutes sortes d'instruments.

Je ne sais pas s'il va survivre à cette épreuve. Mais je vais trouver le connard qui a tiré cette balle et le tuer.

***

Voilà pour ce chapitre !
J'espère qu'il vous a plu : )

Désolé encore du temps que j'ai mis à l'écrire, mais j'ai trouvé un bon rythme et je pense pouvoir recommencer à publier un chapitre tous les deux jours !!

Vous pensez quoi de la nouvelle couverture ??

À bientôt ; )

THESTIASOù les histoires vivent. Découvrez maintenant