45. Calista [Albin]

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Plus que deux jours, deux putains de jours et on se casse d'ici. Je n'en peux plus d'attendre. Tout me fait chier ici, que ce soit le Colonel Robbins qui répète sans cesse que le frère d'Automne est un incapable ou cette dernière qui passe son temps à traîner avec les jumeaux infernaux. Ces trois-là sont beaucoup trop complices à mon gout. 

Depuis huit jours, nous passons tous nos après-midi ici, dans le hangar 33, et l'air comprimé qu'on y respire me donne envie de vomir. Alban, Armand et Roméo commencent à bien maîtriser le vaisseau et font souvent des virées pour vérifier que tout marche. 

Je pense que Robbins a remarqué que nous étions particulièrement enthousiasmes à apprendre à piloter. Mais il doit se dire que c'est l'effet du départ de Maël. 

Nous évitons de parler de notre évasion, c'est le secret qui nous lie tous. 

"Ecoutez-moi ! La voix d'Automne résonne dans la grande pièce."

Nous nous tournons vers elle tel un seul homme. Elle est debout sur un tas de caisses d'équipement. Elle n'a jamais été aussi belle, sa silhouette fine et musclée à la fois et ses cheveux qui volent au vent lui donnent un air sauvage. 

"On va essayer de faire voler le vaisseau avec tout le monde à l'intérieur et les jumeaux pour superviser, explique-t-elle.

- Vous allez tous venir dans le Star Destroyer ? S'étonne Alban. 

- Le quoi ?! S'écrie Guillaume. 

- Le vaisseau crétin, réplique Roméo."

Nous rions tous avant de monter dans l'engin. Je sais, tout comme les autres, ce que cela signifie : nous allons voir si notre départ est possible. Comme un crash test.

Je vais avec les jumeaux et Automne m'affaler dans un canapé pendant que les autres s'affairent tout autour de nous à vérifier que tout se passe bien. Nos trois pilotes vont dans le cockpit et le reste de l'escadron vient s'asseoir ensuite avec nous. 

"Le vaisseau est complètement insonorisé et hermétique à l'extérieur, déclare Automne. Ici, on peut parler librement. 

- Donc, quand on aura Ma', je pense qu'il sera en hypothermie, donc on va le mettre dans l'unique chambre du vaisseau. Georges et son escadron prendront le salon d'à côté et je veux que vous vous assuriez tous que tout se passe bien jusqu'à ce qu'on ai quitté l'atmosphère, reprend Roy. 

- On part après-demain à la fin de la séance de l'après-midi, conclut Jackson. Juste avant la cérémonie. Si Robbins débarque hésitez pas à frapper ce connard."

Je souris en imaginant mon pied dans la vieille gueule de ce con. Il ne nous arrêtera pas. 

"Ici votre commandant de bord, parce que le vrai commandant c'est Automne, la voix d'Armand est diffusée dans les haut-parleurs. Décollage imminent. Je répète : décollage imminent."

Je sens un petit secousse, suivie d'une autre et nous décollons du sol. 

***

Je n'arrive pas à croire que j'ai fait ça. Mais ça c'est bel et bien passé. 

C'est de sa faute.
C'est elle qui est venue.
C'est elle qui a posé ses lèvres sur les miennes.
C'est elle qui m'a attiré dans sa chambre.
C'est elle qui a enlevé mes habits.
Mais c'est moi qui ai continué. 

J'ai baisé pour la première fois. Avec Calista. 

Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais je voulais oublier Automne et c'est elle qui m'a sauté dessus. 

Nous sommes désormais tout les deux dans son lit. Je ne sais plus comment me comporter. 

"On aurait pas dû, souffle-t-elle.

- Je sais."

Je réalise alors à quel point nous sommes dans la merde. Si Léandres débarque, il saura tout et je devrais lui foutre une bonne raclée. Mais cela n'arrivera pas et je dois profiter de l'instant présent car demain matin on se casse. 

"Si tu savais depuis combien de temps j'avais envie de faire ça, déclare-t-elle.

- Combien de temps ?"

Je passe un bras autour de ses épaule et elle se blottit contre moi, la tête sur mon torse. 

"Toujours."

Je ne sais pas quoi répondre. Elle est avec Léandre et ils vivaient leur plus belle vie jusqu'à ce que ça arrive. 

"Même quand j'étais avec Automne ? 

- Toujours."

Elle est indubitablement très belle, c'est la soeur de Maël après tout. 

Maël va me tuer. 

Il a toutes les raisons de me détester, je suis sorti avec la femme qu'il aime et j'ai baisé sa soeur. 

Maël va me tuer. 

J'ai moins envie de me casser d'un coup. Je préfère rester ici, tranquillement, en fermant les yeux sur la réalité. 

"Mais toi tu l'aimes elle, pas vrai ? Sa voix est brisée.

- J'en sais rien."

C'est la vérité. Je ne sais plus qui "j'aime". Je ne sais même plus ce qu'est l'Amour. 

Je regarde la nuit sombre de l'autre côté de la fenêtre. Je m'imagine une vie de mensonge dans une petite ferme au milieu de la forêt entouré de plusieurs enfants. N'empêche que ça pourrait se faire. 

"Tu devrais sortir, soupire-t-elle. 

- Ouais."

J'attrape ma combinaison qui traîne sur le sol et commence à me rhabiller. 

Quand soudain la porte de liaison entre la chambre de Calista et celle de Léandre s'ouvre à la volée. 

Le jeune garçon à la peau mat entre dans la pièce. Je sens d'ici le poignard qui s'enfonce dans son coeur. Son sourire s'efface et son regard va d'elle à moi. 

"C'est...C'est quoi ce bordel ? Bégaye-t-il. 

- C'est pas ce que tu crois ? Essayé-je comme dans tous les films.

- T'es qu'une grosse connasse Calista, assure-t-il. Et toi Albin, t'es un gros con."

Son regard revolver se pose sur moi et je vois toutes les flammes des enfers danser dans ses yeux. Un sourire malsain se forme alors sur ses lèvres. 

"Et si Robbins savait notre petit départ, marmonne-t-il pour lui même."

Il détale vers l'extérieur sans nous laisser le temps de réagir. 

"Va prévenir Automne, Albin ! Hurle Calista."

Les informations percutent alors mon cerveau et je comprends l'enjeux de la situation. Je sors de la chambre et va toquer à celle de notre Caporal tandis que Calista va réveiller tous les autres. 

Si Automne savait comme je regrette...

***

Voilà pour ce nouveau chapitre ! 

J'espère qu'il vous a plu ; ) 

Et oui ! Deux le même jour ! Joyeux Noël !

Vous pensez quoi de l'aventure Albin/Calista ? 

A bientôt ! 

THESTIASOù les histoires vivent. Découvrez maintenant