Chapitre 5 : Dépénalisation de L'homosexualité en Afrique

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Travaux forcés, emprisonnement ou même peine de mort : sur le continent, 37 pays la répriment encore. Il est plus que temps que les mentalités - et les législations - évoluent...

La définition de l'homosexualité n'est pas aisée eu égard aux passions qu'il a déchaînées depuis l'existence de l'humanité. L'homosexualité est le désir, l'amour, l'attirance ou les relations sexuelles entre personnes de même sexe, selon une perspective comportementaliste ou empirique. C'est également un goût, une orientation sexuelle, selon une perspective psychologique ou sociologique. Par opposition à l'hétérosexualité, l'homosexualité est ainsi vue comme une appétence sexuelle anormale.

Mais cette définition ne fédère pas toutes les tendances, en raison de l'existence des personnes pratiquant à la fois l'homosexualité et l'hétérosexualité. Aussi, le psychiatre américain Judd Marmor propose comme définition de la personne homosexuelle :

- « une personne qui, durant sa vie adulte, manifeste une préférence pour des personnes de son propre sexe, est sexuellement attirée par ces personnes et a habituellement, mais pas nécessairement, des relations sexuelles avec une ou plusieurs de ces personnes. »

L'histoire renseigne que l'homosexualité dans toutes ses formes a toujours été connue de l'Afrique, et ce, bien avant l'avènement des « missions civilisatrices ». Selon les cultures et les coutumes, elle est plus présente dans certaines régions que d'autres, ainsi que l'aborde le sociologue camerounais Charles Gueboguo. Celui-ci va au-delà de ces définitions et distingue deux sortes d'homosexualités à savoir : l'homosexualité identitaire et la pseudo-homosexualité ou encore homosexualité situationnelle. Pour cet auteur, l'homosexualité identitaire « désigne l'orientation sexuelle chez un individu ayant une attirance explicite ou non pour les personnes de son sexe et qui, après une série d'étapes psychosociologiques, parvient à la reconnaissance et l'acceptation de son identité en tant que homosexuel » alors que la pseudo-homosexualité ou encore homosexualité situationnelle « désigne une forme d'homosexualité basée sur l'activité sexuelle exclusivement, et qui imite le plus souvent les rapports hétérosexuels ».

Dans 77 États au monde, les personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, intersexes) s'exposent à la prison, la torture ou aux travaux forcés. Dans dix pays, l'homosexualité est passible de la peine de mort.

En Afrique, 37 pays pénalisent l'homosexualité. Seulement, l'implémentation de la loi est différente d'un pays à un autre, d'où l'observation des arrestations récurrentes des personnes LGBTI dans certains pays plus que dans d'autres – comme au Cameroun qui s'est illustré ces dernières années par la recrudescence des arrestations et la marginalisation de cette catégorie de citoyens.

Les fondements de cet engagement à la « chasse à l'homosexuel » restent divers et varient en fonction des tendances. La première, probablement la plus grande, estime qu'il faut respecter les croyances et les convictions d'un pays et de sa société et comprendre que tous les pays ne sont pas identiques. Au rang de ces croyances et convictions se trouveraient le code de la famille, la culture et la civilisation. Le respect de ces critères garantirait des valeurs propres, cette fois non seulement au pays, mais parfois à tout un continent, l'Afrique, en l'occurrence.

Les tenants de cette thèse exhibent une « africanité » pure se démarquant de la « perversion répandue des sociétés occidentales », qui essaient par le biais d'un certain néocolonialisme à imposer leur « goût » aux Africains, entravant pour ainsi dire leurs traditions et cultures. Ainsi, d'ailleurs, l'homosexualité serait venue de l'Occident et violerait les bonnes mœurs en Afrique.

Une analyse plus approfondie, toutefois, de la notion de « morale », renvoie au relativisme et non à l'universalisme. Autrement, réprimer un comportement social au prétexte qu'il est contraire aux bonnes mœurs semble plus difficile à soutenir qu'à éviter, d'où la fragilité de cette réflexion qui ignore que le pays où la société est un ensemble que composent plusieurs personnes ayant des choix personnels parfois différents, du point de vue de la religion, des habitudes alimentaires et donc aussi des choix de la sexualité.

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