*Confidence 7

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A Thiès, à 80 kilomètres de Dakar, la tombe d'un jeune homo a été profanée à deux reprises, en mai, dans le quartier de Darou Salam.

- «Vous voyez, il avait été enterré là-bas, sous l'arbre», raconte Amadou Dieng, le doigt pointé par-dessus le mur du cimetière.

Instituteur à l'école élémentaire voisine, il a assisté à la scène, incrédule.

- «Quand le corps a été déterré une première fois, les policiers sont arrivés, ont sécurisé la zone et ont appelé la famille en leur demandant de l'enterrer à nouveau. Mais les gens sont revenus, l'ont sorti et l'ont traîné par les pieds. Ils étaient au moins cent.»Amadou Dieng fait le tour du cimetière et poursuit, la voix tremblante.

- «Ils l'ont traîné ici sur une distance d'au moins 500 mètres avant de le jeter dans la cour de la maison familiale. Le linceul était déchiré. Le corps était nu. C'est ça qui était horrible. Non seulement ils l'ont déterré, mais en plus ils l'ont humilié.

Pourquoi ?»Malgré tout, depuis cet épisode, le calme est revenu dans le pays.

- «Les gens se sont rendu compte qu'ils sont allés trop loin, estime Cheikh Ibrahima Niang. Déterrer des morts est un acte de violence symbolique très fort qui a fait prendre conscience de toute l'horreur que vivaient les homosexuels.»

S'il y a aujourd'hui une tendance à l'apaisement, il n'est pas pour autant question de dépénaliser l'homosexualité... Un proche du pouvoir, fin connaisseur du dossier, considère que «les dirigeants sont en position de faiblesse par rapport aux groupes de pressions religieux. On peut s'abstenir de légiférer sur le sujet si on maintient l'actuel gentlemen's agreement. La justice reste calme et les affaires ne font pas de vagues».

Les homos ont changé de comportement, pour se trahir le moins possible. Changement de démarche, de tenue, de fréquentations, parfois même le mariage, pour calmer les soupçons des proches. Finie aussi la drague sur la plage à l'heure de la prière. Finis surtout les bars, les fêtes et les sorties dans les lieux publics. Désormais, les rendez-vous ont lieu la nuit, à la dérobée, aux abords de ronds-points ou de certaines places du centre-ville de la capitale. Une vie ? Modou, le gérant d'une gargote, s'est fait une raison.

- «Je cache tout, dit-il. C'est comme ça, on n'a pas le choix.»

(1) Tous les prénoms ont été changés pour des raisons de sécurité.

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Cette partie m'a vraiment fait pleurer 😢

Un fardeau d'être Gay ?Where stories live. Discover now