Chapitre I: Là d'où Tombent les Gouttes

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Il pleuvait. Tandis que Rauvain chevauchait, chaque feuille et brin d'herbe qui faisait face au ciel recevait sa goutte claire comme du cristal. Avec cet apport en eau, le sol imprimait sabot par sabot le trajet du chevalier et de son écuyer Guillaume vers le château. L'œil donnait aux murs de celui-ci la même couleur que ce nuage argenté au dessus de la région. «C'est étrange Sire, d'habitude lorsque le Roi vous convoque, il donne toujours les raisons dans la lettre. D'autant plus qu'il vous a demandé d'emmener avec vous le moins de personnes possible, et de faire preuve de la plus grande discrétion... J'ai un mauvais pressentiment.» Les pupilles absolument noires et sans défaut du chevalier se tournèrent vers son écuyer.

-As-tu peur, Guillaume?

-Non... Ce n'est pas de la peur. Je me méfie.

-Ne doute jamais de ton roi. Un peuple sans maître n'est rien si ce n'est qu'un tas de bêtes sauvages et misérables, n'oublie pas ça.

Ils atteignirent le pont-levis. En accomplissant la formalité de montrer son visage et la lettre avec le sceau du roi, Rauvain et son écuyer furent autorisés à entrer dans le château, et s'y mettre au sec. Guillaume fit descendre son maître de cheval, et quand il eut terminé d'enlever son armure, le serviteur qui devait amener Rauvain au roi était déjà là. Le chevalier laissa donc son écuyer s'occuper du reste, le serviteur ayant précisé que personne d'autre ne devait l'accompagner. Après un moment passé dans les couloirs froids et sombres malgré les fenêtres, ils arrivèrent devant une porte qui restait imposante malgré le vieux bois qui la constituait. Ce fut là que Rauvain fut laissé seul à seul avec ce qui se trouvait derrière.

Par un grincement, il annonça son arrivée dans une salle circulaire où se trouvait une grande table ronde concentrique aux murs. Là étaient assis onze chevaliers, parmi les plus loyaux et compétents du royaume, Rauvain étant le douzième. Un treizième chevalier se trouvait débout du côté nord de la salle, et qui avait toujours son armure. Grand, longs cheveux blond, visage immaculé de cicatrices et imberbe, il s'agissait de Gurvand, sans aucun doute le plus grand chevalier de Tauvente, probablement du continent, et peut-être du monde. Rauvain pris son siège à la table, en face du pilier de lumière céleste qui provenait d'une fenêtre au centre du plafond. Le conseil put enfin commencer et Gurvand prit la parole de sa voix grave.

-Maintenant que vous êtes tous présent, il est temps de vous expliquer pourquoi Sa Majesté vous a demandé de venir le plus secrètement possible. Nous avons reçu une lettre d'un moine ermite s'étant reclus dans le désert de Jasarique. Dans celle-ci, il nous raconte sa rencontre avec un habitant d'un petit village perdu, qui serait situé non loin d'un mystérieux temple. Ce dernier contiendrait selon l'habitant «un ancien pouvoir capable de changer le monde».

-Je m'y rendrai, si c'est ce que vous voulez, devina Rauvain. J'irai récupérer cet «ancien pouvoir», et le donner à Sa Majesté.

-Est-ce qu'on a au moins des preuves qu'il s'agit là de quelque chose d'autre qu'un racontar de village? Demanda un autre chevalier.

-Oui, en voilà une, fit Gurvand en jetant un caillou au centre de la table.

Sous la lumière tombante du ciel, le caillou se révéla être un morceau de mur d'un blanc lunaire, gravé de symboles ne représentant plus rien de connu en cette époque.

«Si on vous a demandé la plus grande discrétion, c'est pour éviter que cette information tombe entre de mauvaises mains, le moine lui-même étant l'un des seuls à posséder ce savoir en dehors du village. C'est la raison pour laquelle seule une poignée d'entre vous pourra s'y rendre. Rauvain ayant déjà fait part de sa volonté de participer à cette quête, que ceux qui ont le désir de le rejoindre l'exprime haut et fort!»

Quintessence-Grains de Sable PrismatiquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant