Jeudi 14 Mars, Cassandre

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Chère Félicia,

Merci pour tes mots et tes conseils. Ça fait du bien d'être entendue, et même écoutée par quelqu'un.

Hier après-midi, je n'ai pas été faire de roller, je n'avais pas envie de voir Louis tout de suite, pas alors que je ne sais pas du tout ce que j'ai envie de lui dire. Et puis, j'avais plus envie de parler à mes amies. Alors ça a été appel vidéo avec tout le monde.

Ils m'ont parlé de choses et d'autres, ils m'ont changée les idées quelques temps. Mais forcément, quand ils m'ont demandée comment j'allais... Et bien, je me suis sentie mal. Malheureuse, surtout. Les larmes me sont montées aux yeux. Je leur ai expliqué, tout. Le poste de ma maman, le mal que ça me fait, et le fait que je lui en veuille, que je ne sois pas capable de lui en parler. Le fait que j'ai été nulle et lâche de n'en parler à personne, ni à eux, ni aux filles, ni à Louis. Je leur ai parlé du brouillard qui m'envahit en ce moment, de comment je me sens, trahie, seule, comme si ça recommençait comme l'année dernière.

Et ils ont été géniaux, comme toujours. Ils ont trouvé les mots pour me rassurer, me rappeler que quoiqu'il arrive ils seraient toujours là pour moi. Et rien que ça, ça aide. Ils m'ont aussi dit qu'ils me soutenaient pour parler à ma mère, mais qu'il fallait que je le fasse.


Donc je l'ai fait hier soir. Je lui ai dit comment je me sentais, ce sentiment qu'elle m'avait trahie, que ça recommençait comme l'année dernière. Je lui ai parlé de mon début d'année ici, de comment je l'avais vécue, et que je n'étais pas prête à revivre ça. Je lui ai dit que je lui en voulais de ne pas être venue m'en parler elle, d'avoir attendu que je le fasse, parce que j'aurais voulu qu'elle engage la conversation, qu'elle me montre qu'elle ne pensait pas qu'à elle et à son fichu poste mais aussi à moi et à l'impact que ça aurait sur moi. Elle m'a rassurée en me disant qu'elle s'inquiétait pour moi, mais qu'elle pensait que j'avais besoin de temps pour en parler et qu'elle ne voulait pas me brusquer. On a eu une conversation, j'ai pu lui dire ce que j'avais sur le cœur, et elle m'a entendue. Elle s'est excusée de ne pas m'en avoir parlé avant d'accepter. Elle s'est beaucoup excusée aussi de l'impact que son travail a, depuis mon enfance, sur notre relation, qu'elle le réalisait vraiment seulement ces derniers temps. Elle m'a promis que c'était la dernière fois qu'elle laisserait son travail interféré entre nous, elle m'a promis qu'elle ferait tout son possible pour que je vive mieux mon arrivée à Paris qu'ici.

Ce n'est pas ce que j'aurais aimé entendre, mais c'est mieux que rien. Tu avais raison, cette conversation était nécessaire.


Ce matin, quand je suis arrivée en cours, Lyse avait déjà expliqué la situation à Alice et Angélique. Je lui en suis reconnaissante, je n'avais pas envie de raconter, encore. J'ai besoin de me faire à l'idée, de faire avec, de me préparer à ce qui va arriver. Mais pour ça, je crois qu'il faut aussi que j'aille de l'avant, que je ne pense pas tout le temps que à ça. Je n'ai pas beaucoup parlé (encore moins que d'habitude, donc), mais elles m'ont changé les idées.


Voilà pour moi, ces deux derniers jours. Et toi ?

Alors comme ça, tu fais des maths ? Je suis admirative. Pour moi, c'est une espèce de chose incompréhensible et très obscure. Alors faire tes études là dedans... Et vouloir l'enseigner ensuite... Félicitations...

Je comprends pourquoi tu ne m'as répondu plus tôt. Et je t'en suis reconnaissante. Je comprends aussi que tu aies lu mes lettres. Effectivement, elles ont dû t'interpeller. Et l'image de la bouteille à la mer... Au début, c'était juste exactement ça pour moi.

Les goldens sont des très gentils chiens... Je comprends très bien que ta Noisette aie une place importante dans ta vie.

Et sinon, comment t'es tu retrouvé dans ce boulot à côté de tes études ?


A la prochaine,

Cassandre

Les lettres à personneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant