Dimanche 17 Mars, Cassandre

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Chère Félicia,

Cette lettre ne s'annonce pas très ordonnée... J'ai besoin d'y voir un peu plus claire... 

Quand Louis a dit qu'il allait tout de même essayer de me plaire, il ne rigolait pas ! Ce matin, alors même que j'étais entrain de parler de lui avec Marion au téléphone pour lui raconter tout ce que je ne lui ai pas dit à propos de Louis (et comme je ne lui avais rien dit du tout, j'en ai eu pour un moment), il m'a envoyé un message pour me demander si j'étais libre cet après-midi.

Et comme je l'étais... Louis est passé me chercher. Je m'attendais à ce qu'il me fasse prendre mes rollers pour une ballade, mais non. Il m'a emmenée à la fête foraine. Quand on y est arrivé, j'ai dû avoir une tête assez surprise, parce qu'il a bien rigolé. Avant de me prendre par la main pour que je le suive. Il m'a emmenée faire plusieurs attractions.

Quand j'étais en Bretagne, dans mon patelin paumé il n'y avait pas de fête foraine. Il y en avait bien une petite à venir dans la ville où il y avait mon lycée, et j'y ai bien été une fois ou deux, mais on avait vite fait le tour des attractions. Je ne m'attendais pas à ce qu'une fête foraine puisse être aussi grande. J'étais un peu surprise, et émerveillée comme une gamine. Je devais avoir l'air un peu ridicule de réagir comme ça à 16 ans, mais Louis ne semblait pas de cet avis. Au contraire, il était très heureux de me faire découvrir ses attractions préférées.

On a commencé par une attraction à sensation. Je n'en avais jamais vraiment fait, je n'étais pas très à l'aise au début, mais je suis ressortie en rigolant, j'ai adoré. On en a fait quelques autres. Puis j'ai voulu faire d'autres trucs un peu moins "renversant", dirons nous. Alors on s'est tourné vers la maison hantée. Je soupçonne Louis d'avoir fait ce choix là à dessin, car c'était l'occasion de me tenir par la main pour me rassurer. Mais je l'ai laissé faire sans rien dire, je n'avais vraiment rien contre... On a fait plusieurs tours d'auto-tamponneuse, chacun dans une les premiers tours (et Louis était très décidé à m'embêter), puis tous les deux dans la même pour le dernier tour. On a beaucoup rigolé.

En sortant de là, Louis à tenu à me payer un truc à manger, il est parti voir la vendeuse sans me laisser le choix. Il est revenu avec deux pommes d'amour. Quand je lui ai lancé un regard qui disait clairement que c'était tout sauf subtil, il m'a fait un clin d'œil avec un grand sourire avant de croquer dans la sienne. Le message était assez clair, et je savais à quoi m'en tenir... Après, il a voulu pousser un peu plus loin dans le cliché... Il a tenté sa chance au stand de tir. Il a choisit un porte clé en peluche avec un petit koala très mignon qu'il m'a offert. J'étais très attendrie et en même temps, je ne pouvais m'empêcher de trouver ça drôle, sa façon d'enchaîner les clichés pour se montrer romantique.

On a fini l'après-midi sur la grande roue. Encore un truc que je n'avais jamais fait. Et j'ai beaucoup apprécié. La vue était belle, la sensation de hauteur était grisante, et en même temps on était seuls au sommet du monde, juste nous deux.

On avait arrêté de parler depuis quelques minutes. Le silence était agréable. Mais je m'étais rendu compte que mon choix était fait depuis longtemps. Avant même que cette histoire de promotion ne vienne tout gâcher, je savais ce que je voulais. Je ne l'avais juste pas réalisé. Alors j'ai brisé le silence.

— Louis ? Tu sais que tout ça, là, ce n'était vraiment pas très subtil ?

— Mais je t'avais prévenue ! Je n'insisterai pas, je ne te demanderai pas de prendre ta décision tout de suite, je te laisse tout le temps dont tu as besoin. Mais ça ne m'empêchera pas de tenter ma chance tant que je le pourrais. Et puis, ose me dire que tu n'as pas passé une bonne après-midi ?

— Si, c'était génial...

Je me suis tournée vers lui, le sourire aux lèvres et le rose aux joues. Lui, il rayonnait vraiment à cet instant. Il était juste heureux de me faire plaisir. Et moi, je cherchais la meilleure façon de lui dire ce que je voulais. A savoir qu'il m'embrasse. Mais je ne trouvais pas mes mots.

Louis voyait bien que j'allais dire quelque chose, qu'il se tramait un truc important dans ma tête. Il n'a rien dit, me laissant réfléchir, mais son regard était rivé sur moi, me faisant rougir de plus belle. Pourtant, son sourire était sincère, doux, son regard était tendre. J'ai fini par ne plus avoir aucun mot en tête. Alors je me suis approchée de lui, doucement, hésitante. J'avais beau savoir que je lui plaisait et qu'il n'attendait que ça, je n'osais pas complètement.

— Cassandre ? Tu te décides à dire ou faire ce qui te passe par la tête ?

Je reculais subitement. Je n'osais pas, tout simplement. J'avais peur.

La dernière fois que j'avais embrassé un garçon, c'était la fête de fin de collège, il était juste mon cavalier, et il ne me plaisait pas plus que ça. C'était plus de la découverte de pré-adolescence, il n'y avait pas de sentiments. Et c'était lui qui avait commencé. Aujourd'hui, c'était différent. Je savais que je plaisais à Louis, je savais qu'il me plaisait. Et ça me donnait le traque.

Louis a fini par poser une main sur mon visage pour que je le regarde. Ses yeux posaient la question pour lui, est-ce qu'il pouvait ? J'espérais que les miens lui disaient oui.

Il s'est doucement approché de moi. J'ai fermé les yeux. Je l'ai senti s'approcher encore, son souffle près de mon visage. Quand il a enfin poser délicatement ses lèvres sur les miennes, je me suis retrouvée sur un petit nuage. C'était doux et tendre. Il avait toujours son pouce qui caressait ma joue.

Quand il s'est éloigné, j'ai ouvert les yeux. Son sourire était adorable. Et j'étais aussi heureuse que lui.

Nous n'avons pas beaucoup parlé après ça. Il m'a raccompagnée chez moi en me tenant par la main, mais il n'a pas osé m'embrasser de nouveau. Moi non plus. C'est trop nouveau. Il m'a simplement prise dans ses bras, comme il était capable de le faire avant. Mais c'était tout de même différent.


A l'heure actuelle, je suis dans mon lit, entrain de repenser à tout ça et de t'écrire. Et penser à ce baiser au sommet de la grande roue, si simple et léger, me fait sourire et me rend heureuse.

A la prochaine,

Cassandre

Les lettres à personneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant