2 - Le voisin

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Ce dernier mot me fait l'effet d'une gifle. Je relève la tête et regarde mon interlocuteur. Je découvre, sans surprise, le type de mon arrivée qui me cherche déjà la misère, et je soupire.

~ Laisse moi passer, Irwin.

J'insiste sur le dernier mot, que je crache littéralement, comme pour lui dire "je sais qui tu es crétin, maintenant fou moi la paix". Mon ton n'a pas l'air de lui plaire, mais au moins je ne lui donne pas une insulte comme nom, moi.

~ Qui t'as permis de me parler comme ça? M'appelle pas par mon nom de famille.

~ Je peux passer, c'est bon là? je dis en ignorant sa remarque.

Il me toise du regard sans répondre et ne bouge pas. Si je veux passer, je dois le bousculer et je n'en ai pas envie. Devant son silence persistant, je hausse les sourcils et tente de l'éviter mais il me barre obstinément le passage.

~ Pousse moi, aussi?

~ Bouge toi, aussi? je répond d'un ton cassant.

Ma remarque n'a pas l'air de lui plaire car il m'attrape le bras et me plaque contre le mur en ni une ni deux, se rapprochant dangereusement de moi. Je sens son souffle s'accélérer en un rien de temps, sans aucun doute en signe d'énervement. Ses yeux verts me lancent des éclairs et sa poigne est forte mais pas violente, même si elle reste agressive. J'ai envie de lui en coller une, mais quand sa peau touche la mienne, je ne répond plus de mes gestes.

~ Tu me parles pas comme ça si tu veux pas d'emmerdes, c'est clair?! il me menace.

C'est plus fort que moi... Je rigole.

Oh divinités, foutue nervosité.

Et oui, quand je stresse, je rigole, je peux pas m'en empêcher. C'est comme quand je rougis parce que je suis gênée ou que je pleure parce que je suis triste. Mais là, c'est... contradictoire. Et je ne contrôle pas ça du tout, parfois ça pose problème.

~ Mais tu te fou de moi en plus?! il commence à s'énerver vraiment, ça se sent.

Il resserre sa main sur mon bras et mon rire se transforme en cri de douleur. Maintenant ça commence à faire mal. Je sens la pression de ses doigts couper la circulation de mon sang et raidir mon bras.

~ Arrêtes... S'il te plait...

Je l'implore presque. Je sens les larmes de douleur me monter aux yeux et lutte en serrant les dents pour me calmer. Je peux supporter beaucoup de choses, mais pas la violence. Tout, mais pas ça. Il doit voir la panique dans mes yeux car il me relâche d'un coup en fronçant les sourcils et en me fixant bizarrement.

~ Euh... Ça va?

J'ai envie de lui demander en hurlant si ça a vraiment l'air d'aller et s'il trouve ça normal de bloquer les gens contre un mur, dans un couloir désert, tout ça pour faire régner ses petites lois sur tout le monde et montrer qu'il est le maître, j'ai envie de lui dire qu'il m'énerve déjà et que je ne veux plus voir. Mais je me contente de ne pas répondre et je le bouscule violemment pour passer. Je m'arrête à l'angle du couloir pour me calmer et retrouver une respiration normale. Non mais c'est quoi ce type? Il me traumatise comme un animal chassant sa proie et quand il comprend que ça fonctionne, il se calme. Il a un problème ou quoi?

J'inspire profondément et vais toquer à la porte de Reena.

~ Entrez!

J'entre et découvre deux filles dans sa chambre avec elle. Celle-ci n'est pas très différente de la mienne, hormis la décoration, les posters sur les murs, et les cadres. Les trois filles me regardent en souriant, l'une est blonde aux yeux bruns, et l'autre est une grande rousse élancée, pleine de tâches de rousseur.

The Best... Or the Worst. [A.I]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora