Chapitre 22 L'Île de la Nature (2ème partie)

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Un sablier, entouré d'une cage dorée, trônait devant un manuscrit aux pages encore blanches. Quelque chose semblait se trouver dedans. Il dégageait une lumière violette, par moment, très éclatante. J'approchais ma main quand je fus envoyée contre une des étagères. Celle-ci ne bougea pas d'un pouce malgré la force de l'impact. La vitre n'avait prit aucun coup.

—Impressionnant n'est-ce pas ?

La bulle de protection qui entourait la voix semblait s'amenuiser et je devinais une forme plus petite que moi. J'éternuais, à cause de la poussière que j'avais récoltée contre mon gré, dans ma chute.

—Quelle sera ma punition alors ? demandais-je, en m'asseyant sur la table qui encerclait la fontaine.

L'homme, en réalité minuscule, tourna sur lui-même et finit par remarquer que son bouclier de protection avait prit fin. Il portait une robe beige qui semblait avoir vécu

—Vous n'êtes qu'un simple mage n'est-ce pas ? dis-je, en m'avançant vers lui.

A ces mots, je m'étalais de tout mon long par terre. En regardant au niveau de mes pieds, je vis qu'une racine s'était soulevée. Je me précipitais vers lui, mais fus envoyée dans les airs par une branche. Étais-ce la magie ou la Nature elle-même qui le protégeait ?

L'homme enleva sa capuche pour laisser découvrir, non pas une, mais deux têtes. Sa voix m'avait semblé étrange à cause de l'écho. En fait, il y avait un homme et une femme partageant un seul et même corps. Je les dévisageais, ne sachant où les classer. Ils semblaient très humain, mais ces deux têtes qui me regardaient en semblant se moquer de moi, tentaient de me faire hésiter.

De plus, ils avaient une couleur de cheveux que j'aurai cru impossible à avoir pour des humains. Ils étaient d'un bleu céleste, même un peu criard. Très mal peignés, ils étaient plein de nœuds, crépus et même gras sur le dessus du crâne. La barbe de l'homme faisait contraste avec leurs cheveux, car elle était légèrement grise et bien taillé. Et leurs yeux étaient complètement noir, même l'humeur aqueuse.

—Mais qui êtes-vous ? Je n'ai jamais entendu parler de votre espèce.

—Il aurait fallu que vous ayez écouté vos cours pour ça. Pourtant, nous ne sommes pas des elfes. déclarèrent-ils en chœur.

Je grognais face à la claque.

—Nous sommes des jumeaux siamois. Nous seuls avons survécu dans cet état. Nous sommes parfaitement humains, même si nous avons plusieurs caractéristiques trompeuses, pourtant, nous devrions vivre dans la Contrée de Bevahoen.

—Mais ce n'est pas le cas, répondis-je. Les vôtres seraient-ils capable de vous exiler, voir de vous tuer à cause de votre malformation ?

—Sans aucun doute. À leurs yeux, nous sommes des êtres victimes de sorcellerie. Peut-être même des monstres pour certains. Nous sommes des mages inconnus du Conseil d'Undómiel, car cette institut n'est plus ce qu'elle était, affirmèrent-ils, une nouvelle fois, en chœur.

—Inconnu ? Comment avez-vous pu échapper à leur surveillance ?

—Par les êtres-vivants, dirent-ils.

Je regardai autour de moi, mais ne vis que la végétation dense. Puis, je me souvins de la sensation que j'avais éprouvé en regardant cette énorme battisse.

—Le manoir est vivant ?

—Oui. Le manoir est l'Arbre de la Nature. L'empereur des Arbres Rois. Il est leur souverain. Il porte sur son dos l'esprit de la Nature. Les colonnes sont ses branches. Il n'y en a pas une qui soit moins forte qu'une autre. Elles soutiennent à elles toutes une voûte qui est sa cime. Les arcs viennent chatouiller sa force. Les fenêtres sont ses feuilles. Elles laissent entrer la lumière. Un arbre a toujours était la maison de quelque chose ou quelqu'un. Il a toujours été un moyen pour survivre dans la vie. Ses écorces servent à nourrir ou à soigner. Sa ramure de feuillage nous protègent, nous procurent des remèdes... Et puis, son bois nous réchauffe et on en fait des armes.

« Les arbres sont une maison pour tout le monde. Et une maison n'est jamais vide à l'intérieur, mais elle a besoin de calme et les livres sont donc pour elle le remède face aux dangers du monde. Mais il arrive que les livres ne soient pas suffisant pour protéger et soigner.

« Les ténèbres s'élèvent et dansent avec délectation en fêtant leur liberté retrouvée. Elles commencent par entrer par une brèche de la maison, puis, décident de prendre une des branches qui maintient toute la puissance de la Nature.

« L'édifice commence à s'affaiblir sous la force du vent puisque son toit, trop lourd, dorénavant, s'écroule petit à petit sur le reste de ce qui fut autrefois une forteresse impénétrable. Après que les ténèbres lui aient pris un de ses piliers, la Nature doit remplacer ce qui lui manque pour survivre. Un arbre tortueux, sans grâce, relèvera la voûte même si rien ne sera plus jamais comme avant.

« Les ténèbres se sont installées dans un maudit trou comme des cafards. Elles attendent leur moment. Et la Nature a beau se battre pour mettre fin à ce règne mal-sain, les ténèbres la dévorent en l'empoisonnant par son venin invisible. Mais une personne sauvera ce monde. »

—Et qui sera cette personne ? demandai-je, en croisant les bras.

—L'Arbre de la Nature le reconnaîtra et lui dira quel est son rôle.

—Les rôles ne sont jamais écrit. Personne n'a le droit de décider à la place de quelqu'un d'autre.

—Donc, vous croyez que votre destin n'est pas écrit ?

—Bien sur que non. J'ai le choix de mener la vie que je désire.

Les deux mages hochèrent la tête et leurs yeux éprouvèrent de la pitié pour moi. J'évitais de m'enflammer même si cette option était horriblement tentante.

—L'Arbre de la Nature sait tout.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Where stories live. Discover now