58. Refuge

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Lorélia Roden
17 septembre 2019 - 3 jours avant le jugement

La voiture vient de quitter la départementale sur laquelle nous roulions depuis une dizaine de minute pour s'engager sur un chemin délabré. Les roues passent dans les différents creux du sentier, nous secouant assez violemment dans l'habitacle. Mon mal de crâne ne fait que s'intensifier.

Aujourd'hui, Mia n'est pas avec nous pour se rendre au refuge animalier en périphérie de Barcelone. Nous y allons pour finaliser l'adoption d'une magnifique chienne que nous avons repéré, ce n'est pas la première fois que nous venons. Cinq ou six fois peut-être, pour être certains de notre choix, que nous apprécions la chienne et inversement.

Antoine se gare à proximité des autres voitures présentes et nous descendons pour rejoindre le bâtiment principal. L'une des bénévoles de l'association nous attend déjà sur le pas de la porte pour nous accueillir.

Elle nous guide sans attendre vers le chenil où est encore enfermée notre future chienne. Cette visite, c'est celle de la confirmation que nous voulons bien adopter celle là et aucun autre chien. Nous nous approchons du petit enclos où elle est pour l'après-midi, en semi-liberté avec d'autres chiens. La dame rentre, l'attache avec une laisse à son collier et la sort pour nous l'approcher.

Une majestueuse labrador au pelage noir éclatant. Un regard pétillant et intelligent. Un fort mouvement d'excitation quand les mains d'Antoine passent sur son corps pour la caresser et qu'elle nous reconnait.

— C'est donc elle que vous voulez adopter ?

— Je crois que c'est plutôt elle qui nous a adopté, répondit Antoine

Il a raison, c'est elle qui nous a choisit. Son regard adorable quand elle s'assied aux pieds d'Antoine, personne ne peut y résister. J'avais du mal à croire que personne n'avait encore adopté cette petite boule de bonne humeur après plus d'un an dans ce refuge. Mais c'était avant qu'une des personnes travaillant ici m'informe des statistiques concernant le nombre d'arrivées important comparé au faible nombre de départs.

C'était important pour nous de venir adopter un chien plus que d'en acheter un en élevage. Nous avons été très chanceux de trouver ici une chienne très réceptive à une forme d'éducation, calme avec les enfants, tout en étant jolie et adorable.

— Tout est prêt chez vous pour l'accueillir ? demanda la bénévole

— Oui, on a eu le temps de tout préparer depuis notre première visite, on a encore quelques questions sur son alimentation si ça ne vous dérange pas

— Allons à l'intérieur pour parler de ça

Ils me laissent à l'extérieur avec la chienne, le temps qu'ils remplissent les papiers administratifs et le paiement pour les vaccins et l'adoption en plus des questions qu'il a.

Il voudrait tenter une alimentation à la viande crue, c'est plus sain, plus naturel pour ces animaux-là que les croquettes industrielles. Il voulait aussi se renseigner.

Dans ce moment de solitude où on ne fait que se regarder, ce regard hésitant de la chienne qui ne sait pas quoi faire et le mien qui ne sait pas m'y prendre avec ces animaux bien qu'ils soient gentils au possible.

J'aurai aimé profiter de ce temps mort pour appeler un ami, un proche pour prendre des nouvelles, mais qui ?

Ma mère me manque, j'aurai tellement aimé qu'elle soit ici, pour voir comment est-ce-que j'ai réussi à évoluer, rencontrer Antoine et Lucas, mais le sort en a décidé autrement.

Lucas est certainement occupé dans son nouveau club à Bayern et on ne s'est pas tellement reparlé depuis son départ, les liens sont devenus plus étroits, un simple échange de courtoisie sous des photos Instagram, rien de plus.

Célia a repris les cours et je ne lui ai pas parlé depuis qu'elle est venue me voir pour mon anniversaire, je savais que mon départ pour un autre pays mettrait un terme à cette amitié éphémère.

Je n'ai jamais été aussi entourée et seule à la fois, une triste situation. J'ai trouvé un amour inébranlable au détriment de toute forme d'amitié. Tout ceux avec qui on noue ce lien finissent par nous trahir ou nous blesser d'une certaine manière.

Alors pour passer le temps, je m'assois sur une des marches devant le bâtiment en attendant qu'ils aient fini. Je passe ma main sur la tête de la chienne qui me lance des regards amoureux.

Est-ce qu'elle sait que l'on vient de l'adopter et de la sortir de cet endroit maussade qu'est un refuge pour les chiens, où ils n'ont qu'une triste existence ponctuée que de rares moments de joie, un peu comme mon adolescence.

— Il va falloir qu'on te trouve un joli prénom aussi

Nous avons déjà réfléchis ensemble à la question, mais nous ne sommes jamais tombé d'accord sur un nom à lui accorder, donc pour l'instant elle gardera le nom d'usage du refuge avant d'adopter son nouveau.

Ils nous avaient dit que c'était possible pour un chien d'apprendre un nouveau nom, surtout pour une chienne aussi intelligente. On a reçu un million de conseils pour bien s'occuper d'elle, j'espère qu'on sera de bons maîtres pour elle.

Pour l'instant, elle s'appellera Dixie, mais ce sera différent à l'avenir. Le nom actuel ne nous plaît pas, donc nous finirons par trouver quelque chose qui nous convient ou nous finirons par nous adapter à ce nom.

Après un bon quart d'heure d'attente, la porte derrière moi s'ouvre sur un Antoine tout souriant. Il prend la laisse d'une main et ma main dans l'autre avant de nous diriger vers la voiture.

Pour ce trajet, elle sera à mes pieds malgré son imposant gabarit. Nous n'avons pas eu l'occasion de lui présenter la trouvaille d'Antoine pour les transports canins en voiture.

Pour le moment, je prie pour qu'elle ne soit pas malade en voiture et je profite de sa présence.

— J'ai tellement hâte qu'elle découvre la maison, me dit Antoine

Entre deux services | Antoine GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant