45. Intrus

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TW : Sang & Violence

4 jours plus tard
Lorélia Roden

Le calme règne dans l'immense villa à plusieurs millions d'Antoine. Je suis la seule présence humaine en ce lieu, ma petite tête blonde étant à Barcelone pour finaliser son transfert et les garçons de la sélection étant repartis chez eux.

Antoine est supposé revenir aujourd'hui, il a son avion à prendre dans quelques heures et il me rejoindra directement ici. Je ne le cache pas, sa présence m'a manqué. Ne plus avoir personne à ses côtés, et vivre dans un espace aussi grand me fait ressentir un gigantesque vide en moi, et le moindre bruit m'effraye. Parano ? Peut-être. Mais la solitude ne m'a jamais réussi

Il y a tout de même un côté positif à cette situation : Je n'ai personne pour me distraire ou me déranger - et dieu sait que la nuance est importante - dans mes tâches, je peux donc les faire plus rapidement, et par conséquent j'ai plus de temps libre pour moi.

Je suis à l'étage, en train de ranger les draps récemment lavés, mais je traîne à le faire, trop occupé à choisir ce que je vais faire ensuite. Enfin, plutôt choisir quelle série je compte regarder. Je finis de les plier, une vraie plaie en étant seule, mais je finis par y arriver. Je les dépose sur une étagère, j'attrape la poignée et commence à refermer la porte, mais un bruit sourd au rez-de-chaussée attire toute mon attention.

C'est en provenance de ce qui me semble être la porte d'entrée au premier abord, mais je me fige et je bloque ma respiration pour écouter tous les bruits environnants. Au début, je n'entends rien de nouveau, hormis les forts battements de mon cœur contre ma poitrine. Je suis en état d'alerte, j'ai des palpitations mais je tiens bon. Je reprends un bon coup ma respiration, mais je suis interrompue par un second bruit, plus important que le premier.

Un troisième.

Un quatrième.

Le cinquième coup est accompagné de bruit de bois tombant au sol et d'un bruit de grincement métallique, comme lorsque l'on bouge trop vite la porte d'entrée. Quelqu'un vient d'enfoncer la porte. C'est l'instinct qui va décider de tout à partir de maintenant. La personne qui vient de s'introduire dans la maison n'est clairement pas bien intentionnée, c'est donc ni Lucas ni Antoine qui serait revenus.

J'ai deux options qui se présentent à moi : Je peux me cacher et espérer que la personne ne me trouve pas le temps que j'appelle la police, où lui faire face. Je n'ai aucune force, aucun physique, je décide donc de me cacher dans la petite pièce que j'allais refermer. Je me presse de me plonger dans le noir en laissant la porte entre-ouverte, je ne prends pas le risque de fermer la porte, par peur de faire le moindre bruit.

J'essaie de calmer ma respiration tout en jetant de rares coups d'œils à travers la légère fente que j'ai laissée.

Je l'observe traverser à plusieurs reprises mon champ de vision. C'est un homme, 1 mètre 80 je dirai, châtain, avec une carrure imposante. Avec l'angle que j'ai, je n'arrive pas à voir son visage, mais il n'est pas cagoulé. Il a des habits noirs simples, il ne porte pas de sac.

Je reste quelques minutes dans cette position et il continue de fouiller les différentes pièces de la maison, j'ai de plus en plus peur qu'il finisse par tomber sur moi. C'est étrange, mais il a toujours les mains vides alors qu'il a ouvert des tiroirs et pièces contenant des objets de valeur, comme s'il était là pour quelqu'un et non pour quelque chose.

C'est cette pensée qui déclenche en moi une idée. Je dégaine mon téléphone, je zoome suffisamment pour avoir une qualité correcte, j'attends son prochain passage pour le photographier. Il passe dans mon champ de vision et j'appuie sur le bouton central. La photo se prend, accompagnée d'un bruit provenant de l'application. Maudite technologie.

Le regard de l'intrus se pose instantanément sur moi et quitte à être foutue, autant prendre une seconde photo de son visage. Elle est nette, on distingue les détails, c'est ce qu'il me fallait.

Je l'entends monter à toute vitesse les escaliers et la porte s'ouvre violemment, je suis éblouie par la lumière. Je n'ai pas le temps de bouger qu'il m'attrape par les cheveux et me sort de ma petite cachette.

Je me débats en hurlant et en frappant son bras qui me tient, mais rien n'y fait, il continue de me traîner sur plusieurs mètres jusqu'à l'endroit que je redoutais : les escaliers. Il n'hésite pas à les descendre. Chaque marche descendue me broie le dos, le bassin. Chaque marche descendue me fait monter un peu plus les larmes de rages et de douleur que j'ai au plus profond de moi.

Une fois à la base de l'escalier, il se retourne et m'assène un violent coup de pied dans la colonne vertébrale. La douleur se lance dans tous mon dos et je lâche un râle d'agonie. La douleur est insupportable, mon crâne n'a jamais aussi été douloureux, et pourtant il continue de me traîner jusqu'au salon, où il finira sa course effrénée.

Il me relève la tête et le poids de mon corps ne tient que par mes cheveux qui comment à s'arracher petit à petit. Les premières larmes commencent à couler sur mon visage, mais je vis la scène au ralenti. Mon cerveau est en pleine ébullition, malgré la douleur il arrive à se concentrer sur un nombre incroyable de détails. La marque de sa ceinture, la teinte de son t-shirt, son tatouage au bras droit, la façon dont ses lacets sont faits ...

Il m'arrache mon téléphone que je tenais jusqu'ici dans la main droite. Il le prend en main, tente de le déverrouiller mais n'y arrive pas, j'ai l'impression qu'il souhaite supprimer les photos de lui. Je lâche un petit rire nerveux face à cette situation. Au final, il n'est pas si puissant qu'il ne croit l'être.

Il le lâche au sol et l'écrase à l'aide de son talon. Quelques éclats de verre volent autour de l'impact et en baissant le regard, je remarque également quelques de mes mèches qui ornent maintenant le sol. Je n'ose pas imaginer mon état actuel.

Il me décale sur plusieurs mètres, avant de changer de prise de main. Il me relève pour me mettre à genou. Sa main droite commence à partir en arrière, avant que je voie tous ses muscles se tendre. Je n'ai pas le temps de le voir, mais son poing vient de s'écraser contre ma pommette gauche.

La douleur de la frappe se propage dans mon crâne et je tombe à la renverse face à la force de l'impact. Mon corps ne répond plus à mes commandes, je n'arrive plus à bouger aucun membre. Ma vision commence à se voiler, mais je tiens bon pour rester consciente.

Je suis étalée sur le carrelage sur salon, le sang tombant de mon visage jusqu'au sol. J'arrive malgré ma bonne vision à voir l'homme partir en courant, me laissant pour morte au milieu de mon salon. Un rire euphorique vient à sorti de ma bouche, signe que je ne contrôle plus rien dans mon corps.

Je n'arrive pas à reprendre mes esprits, ma tête tourne toujours autant, mon corps tout entier est douloureux. J'arrive à reprendre appui sur mes mains, dans une position que je ne saurais décrire. Par malheur, ma main droite glisse sur une flaque de mon sang, me faisant perdre une nouvelle fois l'équilibre. Cette fois-ci la chute est violente et mon menton vient heurter le sol, relançant les douleurs dans mon crâne, de plus en plus importantes.

Je sais qu'il ne me reste que peu de temps avant de perdre connaissance, alors je tente un ultime effort en rampant jusqu'à mon téléphone. Ce ne sont que quelques mètres qui me séparent de lui et je vais faire mon maximum pour l'atteindre.

Je ne sais pas en combien de temps j'y suis arrivé, mais cela m'a paru une éternité, chaque petit mouvement me fait sortir un râle et de nouvelles larmes. Je tente de faire réagir mon téléphone, mais rien n'y fait, l'écran est en mille morceaux et le système derrière est probablement mort aussi. La photo n'aura servi à rien, mis à part l'aider à me trouver.

C'était mon dernier espoir et il vient de partir en fumée. Je me laisse retomber sur le sol, à bout de force. Mon visage est pointé vers le ciel et mon regard se voile de noir. J'ai une dernière pensée pour Antoine avant de tomber dans des ténèbres imperceptibles.

Entre deux services | Antoine GriezmannWhere stories live. Discover now