Entre deux services | Antoine Griezmann

20. Adieu

13h30
Antoine Griezmann

Voilà maintenant deux heures que la malheureuse annonce a été faite. Lorélia est dans tous ses états, je la comprends. Nous n'avons presque pas communiqué et je respecte cela. Je ne connaissais que très peu sa mère, une courte rencontre et beaucoup d'histoire entendues et pourtant cela m'attriste au plus haut point. Nous sommes actuellement dans un bureau, attendant un spécialiste qui va nous aider à préparer les funérailles, nous conseiller et nous guider.

Il nous explique un peu tout le processus, tous les papiers administratifs à remplir. C'est une épreuve de la vie, dans tous les sens possibles. C'est du mental, de la patience, de la force ... La "réunion" se termine assez rapidement, Lorélia a pris tout un tas de notes et a pris le numéro de la personne en cas de questions.

Le corps de sa mère a été déplacé à la morgue de l'hôpital en attendant les funérailles. Lorélia veut commencer les appels tout de suite, commençant par les pompes funèbres, puis la mairie de la commune d'enfance de sa mère, une petite bourgade en Normandie et ensuite tous les contacts qu'elle trouvera pour les prévenir.

— Tu ne veux pas aller prendre l'air d'abord ? demandais-je

— C'est une bonne idée, je sens que je vais exploser ici

Elle attrape son sac à main et je l'amène à l'extérieur. Nous partons en direction du petit parc situé juste à côté de l'hôpital et nous trouvons un banc vide où nous nous installons. Elle attrape son téléphone d'une main et serre ma main de l'autre. Elle contacte un service de pompe funèbre proche d'ici en premier. Ils lui fixent en rendez-vous dans quelques heures pour discuter du décès, choisir le cercueil, les cérémonies et tout plein d'autres choses.

Elle enchaîne ensuite avec la mairie, lui explique la situation et la volonté de sa mère. Ils comprennent assez bien la situation et lui disent qu'ils vont se mettre en contact avec les personnes de son précédent appel pour la soulager et préparer ça entre eux. Elle décide de contacter ensuite le propriétaire de l'appartement de sa mère pour lui annoncer la nouvelle et savoir comment est-ce qu'il veut gérer cela. Il lui donne jusqu'à la fin du mois pour vider l'appartement et rendre les clés. Une dizaine de jours, c'est acceptable.

De très sombres nuages font leur apparition et déchaînent leur pluie sur Paris. Je retire ma veste, la passe sur les épaules de Lorélia avant qu'elle ne la redresse pour protéger ses cheveux. Je passe mon bras derrière elle et je la presse en direction de l'hôtel que j'ai réservé plus tôt dans la journée. Nous n'avons que quelques rues à traverser avant de l'atteindre. J'ai déjà la clé de la chambre et nos valises nous attendent patiemment au 3ème étage.

Lorélia s'assoit sur le lit et déverrouille le téléphone de sa mère. Elle part dans la liste de contact et s'apprête à passer à la pire partie : annoncer son décès à tous ses proches. La liste n'est pas longue, c'est assez malheureux. Elle contacte une tante, quelques collègues de travail, des amies et des connaissances. Une dizaine de personnes tout au plus. Lorélia veut ensuite contacter ses proches à elle, pour avoir du soutien émotionnel et quelques visages familiers près d'elle.

— Donne-moi les noms, je vais le faire, tu n'as pas à souffrir encore plus

Elle m'écrit une liste de 7 noms à appeler. Seulement un me dit quelque chose, celui de sa meilleure amie. Lucas n'est pas sur la liste et cela me surprend un peu

— Au faite, Lucas arrive demain matin, je l'ai prévenu en début de matinée qu'on ne serait pas à Madrid et il a tenu à être là pour toi

Elle hoche la tête très doucement, sans afficher de sourire. Ce doit être difficile d'afficher des émotions dans de telles circonstances, donc je comprends sa réaction impassible.