De l'attirance. (right side of my neck)

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« -Dis?

-Oui?

-Je te dérange pas, quand même? »

Hoseok le regarde étonné. Ils sont dans sa chambre, encore. Jimin est arrivé comme la dernière fois, sans trop prévenir, sans trop demander, sans trop s'inquiéter de comment Hoseok pouvait réagir. C'était pas trop ce à quoi il voulait penser. Hoseok l'a laissé entrer, et comme d'habitude, ils sont allés directement dans la chambre.

Ils sont assis par terre, l'un à côté de l'autre. Ils fixent le mur d'en face, celui où il y a un lit et une fenêtre. C'est joli parce que les draps sont d'un bleu presque indigo, et que la fenêtre est un creux de ciel et d'arbres dans le mur blanc cassé. C'est vraiment très apaisant de le fixer comme ça, avec un peu de musique et la respiration d'Hoseok. Jimin tourne un peu la tête, et regarde Hoseok. Là, comme ça, il peut voir le côté droit de son cou, et la naissance de sa clavicule, parce que son t-shirt est vraiment trop large. C'est une jolie courbe, qui l'hypnotise un peu. Il n'arrive pas vraiment à s'en détacher, ni trop à arrêter de repenser à son torse. Peut-être même que ses joues rosissent.

Les parents d'Hoseok font irruption dans la bulle. Ils disent qu'ils s'en vont au marché ou un truc du genre avec son frère, et puis, ils sont seuls. Dans la petite maison quand même assez grande pour accueillir quatre personnes. Dans la petite maison qui devient juste assez imposante pour accueillir deux garçons un peu perturbés. Hoseok se lève, Jimin lui demande ce qu'il fait, Hoseok lui demande de le suivre. Ils se rendent au salon, en passant par la table, et Hoseok prend deux pêches.

Affalés sur le canapé, ils dégustent les pauvres fruits qui se font massacrer. Jimin se demande s'ils n'ont pas trop mal, et c'est étrange, parce qu'il pourrait presque les entendre crier. Hoseok, lui, il mange sa pêche sans aucun problème. Ils sont chacun allongés d'un côté du canapé, et leurs jambes, elles ne se touchent pas, mais leur direction se croise. Et comme ça, c'est un peu intimidant, parce que les jambes d'Hoseok se rapprochent, alors qu'il fait comme s'il regardait tout autour, comme pour la première fois, comme s'il découvrait cette maison. Jimin ne sait pas s'il fait semblant ou si tout ça lui apparaît vraiment d'une manière nouvelle. Mais ses jambes, elles se rapprochent maladroitement. Ils sont tous les deux en short, il y a une petite goutte de sueur sur le genou d'Hoseok. Et bientôt le genou gauche d'Hoseok rencontre le genou droit de Jimin. Leur peau est en contact, Jimin se sent un peu bizarre. Hoseok, il regarde toujours un peu partout.

« -Bah alors, t'es perdu?

-Euh non. »

Il se relève. Jimin reste sur le canapé, se redresse, et regarde l'autre faire des tours d'un peu partout. Il est vraiment bizarre, et ça lui plait. Ils sont deux ciels dans une maison, et Jimin se demande comment elle fait la maison, pour retenir autant d'éternité dans aussi peu d'espace.

Hoseok en a juste assez de voir ce décor, qui reste toujours le même, qui n'a pas changé du tout depuis des années. Avec Jimin, les choses ont l'air différentes. La pièce s'embaume de quelque chose en plus, et c'est comme si la nappe changeait de couleur, comme si les plantes poussaient plus vite, comme si la télé devenait un joli tableau. C'est un peu étrange, parce qu'Hoseok sait que quand ses parents reviendront, tout redeviendra normal et un peu laid. Alors il profite de la beauté de sa maison, tant que Jimin est là, seul, avec lui, seul. Il se demande si Jimin a senti son genou.

Jimin s'est levé aussi. Il ouvre la porte qui mène à la petite cour avec un peu d'herbe et un olivier, au centre. Il va s'assoir contre le tronc, sans vraiment quitter Hoseok des yeux. Il y a l'herbe sous ses pieds nus, puis l'olivier juste derrière lui, qui le porte. Il y a aussi un vrai ciel, juste au-dessus. Hoseok sort aussi, se rassoit à côté.

« -T'as pas répondu.

-Quoi?

-Je te dérange pas? »

Hoseok le regarde, un peu moins étonné. Cette fois-ci, il lui sourit et hausse les épaules. Jimin ne voit que sa clavicule qui se dévoile un peu plus, en perspective, sous son t-shirt bleu. Il y a une feuille de l'olivier qui tombe entre eux, et qui se dépose sur la jambe d'Hoseok. Jimin, il n'hésite pas une seconde. C'est comme de l'instinct, qui le pousse à agir. Il se rapproche encore un peu et prend la feuille du bout des doigts, en profite pour amener sa tête juste en-dessous de la mâchoire d'Hoseok. Son visage est proche de son cou. Ses lèvres pas si loin de son épaule. La feuille est un peu jaunie, et comme ça, elle ressemble aux nouveaux monochromes pas très monochromes d'Hoseok. Hoseok, il triture une mèche qui dépasse de son cou, avant de regarder Jimin. Comme ça, leurs yeux semblent n'être qu'une seule paire de pupilles innocentes. Une seule paire de profonde admiration, de désir et d'incompréhension, condensées en iris passionnés. Leurs lèvres se rapprochent. Elles se rapprochent.

Les parents d'Hoseok rentrent soudainement. Ils s'éloignent, Hoseok se relève, Jimin ne veut pas rougir. Les parents discutent, ne se rendent pas compte qu'ils les gênent, et puis de toute façon, Jimin doit partir. C'est brutal, quand il le dit à Hoseok.

A la porte, ils se fixent. Puis Jimin finit par prendre son vélo et commence à pédaler.

« -Attends.

-Oui?

-T'habites où, toi? »

Jimin lui sourit, et hausse les épaules. Puis il s'en va.

Hoseok referme la porte, cligne lentement des yeux, secoue la tête, et la nappe est de nouveau laide.

Les Palmiers bleus - HopeminTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon