De la vie. (lover's spit)

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« -Tu me baiserais?

-Hein?

-Si t'étais gay, tu me baiserais? »

Jungkook ne parvient pas à retenir un pouffement maladroit. Il apporte sa main vers son visage, ferme les yeux, se ressaisit, et regarde le blond qui se tient devant lui. Ils sont assis. Et Jungkook, il regrette instantanément d'avoir ri. Jimin regarde l'horizon, Jimin est loin d'avoir l'air de plaisanter, Jimin a l'air beaucoup, beaucoup trop sérieux. Il triture son t-shirt (rouge, celui de la première balade en vélo). Jungkook ne répond pas, Jimin tourne la tête et plonge son regard violent sur le visage du riche refoulé. Il y a de la haine, du désespoir, et Jungkook a presque l'impression de voir un miroir, il se retrouve dans cette incompréhension.

« -Qu'est-ce qu'il se passe?

-Rien. Je veux juste savoir. Je suis baisable? »

Jungkook hausse les épaules, n'ose plus sourire ou faire quoi que ce soit. C'est étrange, c'est soudain, et ça ne ressemble pas à Jimin.

« -T'es sûr que ça va?

-... Oui. Désolé. »

Jimin regrette d'avoir posé cette question, mais c'est simplement qu'elle trotte dans sa tête depuis deux jours. Il n'y peut rien, il sait qu'il ne devrait pas, mais il n'arrête pas d'y penser. De penser au visage d'Hoseok soudainement paniqué, quand sa main est passée sous son caleçon. De penser à son visage quand ils se sont quittés, alors qu'ils voulaient tous les deux le contraire. De penser à son visage. Son visage, rien que son visage. Ses yeux et son nez, ses lèvres qui font la moue, ses cheveux qui viennent déborder sur toute cette harmonie. Jimin n'arrive pas à se sortir Hoseok de la tête. C'est agaçant.

Jungkook le regarde, lui, devant la fenêtre, qui se découpe sur le ciel en fond.

« -Jungkook je veux être en vie. »

Jimin sent des larmes qui remontent jusqu'à ses pauvres yeux. Il ne comprend pas ce qu'il se passe. Il a ce soudain besoin de monter sur son vélo, et de pédaler, de voir le ciel comme s'il y était plongé, de boire la mer et d'en faire une montagne de joie, après avoir noyé ses pensées, et tout ce bruit dans sa tête. Tout ce bruit trop important. Tout ce bruit brutal. Jimin se relève avant de pleurer, avant de laisser des larmes bercer ses yeux.

Jungkook, il a du mal à cerner ce que Jimin veut dire. Mais il ne faut pas lui en vouloir, et d'ailleurs Jimin ne lui en veut vraiment pas. Il ne faut pas lui en vouloir, parce que là maintenant, personne ne pourrait comprendre ce que Jimin pense. Ce qu'il entend, ce qu'il imagine. Toutes les couleurs qui se mêlent dans sa tête. Personne.

Le blond un peu perdu se relève et part de chez son ami.

« -Appelle moi si ça va pas. Je suis là.

-Merci. »

Jimin est déjà loin, sous le ciel et sur son vélo bleu. La peinture s'écaille, et ses larmes sont renfermées quelque part en bas dans son corps. Jimin n'a plus envie de pleurer, et se trouve un peu ridicule d'être tellement incohérent. Mais ce n'est pas grave. Il roule, il laisse le vent emporter le bruit, et même que dans ses oreilles, des écouteurs chantent des notes inspirantes. Une mélodie émouvante. Douce et reposante.

Hoseok est là, quelque part dans sa tête. Il fait partie de la mélodie, et même du rythme, des paroles et de l'ambiance, des couleurs, de chaque infime instant de cette chanson. Hoseok est partout, et les palmiers sont tous bleus. Jimin n'arrive pas à le chasser de son esprit, et ça devrait le faire sourire, vraiment sourire. Mais à la place, il y a du vide. Peut-être un peu de rancune.

Jimin pédale le plus vite possible. Sous la chaleur, sous les idées, sous l'éternité. Il ne veut pas s'arrêter, et la chanson en boucle dans ses oreilles imprègne sa peau, s'incruste jusque dans ses os. La chanson le marque, sans le laisser tranquille. C'est agréable. Il lâche enfin un sourire, parce qu'il a l'impression d'être en vie.

Il aimerait qu'Hoseok soit à côté de lui, pour qu'il lui dise comme c'est incroyable, d'être en vie. Mais Hoseok n'est pas là. Hoseok est ailleurs. Jimin se sent seul, mais ce n'est pas grave, parce que Jimin, il est en vie. Et c'est merveilleux.

Quand il rentre chez lui, il balance son vélo contre le mur et rentre en furie dans sa maison. Juste comme ça, sans raison, parce qu'il n'y a pas toujours besoin de raison. Il passe devant un miroir, le fixe, se refuse de penser à Hoseok encore une fois, parce que ça ferait trop. Il y a simplement cette question en fond. Est-il vraiment beau?

Il passe devant sa mère, qui l'appelle, mais il ne l'entend pas, avec ses écouteurs. En fait, il l'entend, mais il n'a pas envie de l'entendre. Il n'a pas envie d'être coupé dans son élan, d'être ré-entrainé parmi les morts. De se retrouver chez lui, concrètement. Jimin ne veut rien entendre, de personne. Il veut juste rester en vie, et rien d'autre, parce que c'est comme ça qu'il se sent le mieux, peu importe à quel point ça peut sembler ridicule.

Mais sa mère le rattrape, alors qu'il est déjà plongé dans son lit, les yeux au plafond. Elle redit son nom, et là, il ne peut plus faire comme s'il ne l'avait pas entendue. Il retire un écouteur, relève le buste en s'appuyant sur les bras, la regarde en haussant les sourcils.

« -Il y a un garçon qui est passé. Il voulait te voir.

-Un garçon? il demande, sentant son coeur battre (ce qui l'embête).

-Oui. Les cheveux noirs, l'air tout timide.

-...
Merci. »

Sa mère ne comprend pas, mais ça fait longtemps qu'elle ne cherche plus à le comprendre. Elle part, berçant sa soeur dans les bras. Et Jimin, il regarde le plafond, mais celui-ci n'est plus simplement blanc, il s'emplit progressivement de jaune. Le palmier bleu logé sur un de ses murs pousse. Son coeur bat autrement. Il bat bizarrement.

Et Jimin, sans trop s'en rendre compte, se sentant victorieux, mais surtout rassuré, il sourit.

Les Palmiers bleus - HopeminWhere stories live. Discover now