ezno. (i'll keep coming)

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Il fait nuit. Très nuit. Tellement nuit. Trop nuit. Jimin regarde son réveil, une, deux, trois fois. Il ne dort pas, parce qu'il perd la faculté de savoir faire une telle chose, un peu plus chaque nuit. Il aimerait qu'il y ait des étoiles, à regarder quelque part, mais le ciel est gris foncé. Des nuages, partout, recouvrent absolument tout. Tout.

Alors Jimin fixe le plafond, puis ses murs. Il se lève, couvre son torse parce qu'un frisson le surprend. Près du bureau, il marque une pose sans réelle raison, s'arrête devant le livre rouge. Il s'énerve. Il aimerait pouvoir crier, à en faire tomber les étoiles. Jimin serre les poings, puis il retourne dans son lit. Ferme les yeux.

Son réveil sonne. Soudainement, il hait Hoseok.


Au lycée, il fixe le sol un peu gelé. Il fait plutôt froid, et c'est bientôt les vacances, encore. Jimin ne fixe plus vraiment son portable en espérant recevoir un appel. Il a arrêté d'espérer. Jimin aimerait ne plus penser à cet été. Il a arrêté d'espérer. Les couleurs le hantent, et c'est comme ça. Il se dit que ça ne changera surement jamais. Mais maintenant, il déteste Hoseok, et il ne fait plus que ça.

Il repense à Violette, à son regard quand il est parti. À ses mots, violents, si différents des autres. Puis il se dit qu'il l'a bien mérité. Alors il avance dans le lycée, les yeux au sol, en évitant la foule, parfois en bousculant quelqu'un sans même essayer de savoir qui était-ce. Il avance, sans jamais s'arrêter. Jamais, jamais, jamais. Il aimerait ne plus vivre.

L'extérieur est blanc. Si pur. Recouvert d'un voile, qui cache toute réalité, qui anesthésie les douleurs pour les remplacer par cette impression. Cette sensation. Les frissons partout sur le corps, et les doigts qui picotent. Jimin se dit qu'il préfèrerait ressentir tout ça, alors il ressort un moment, pour prendre l'air. Il observe les arbres endormis. Et les trouve jolis. Quand il entend la sonnerie, il rouvre ses yeux (qu'il avait fermés pour mieux sentir l'air peinturlurer son corps) et fonce à l'intérieur. Les couloirs se vident rapidement, et lui marche vers sa classe. Jimin se sent hors de tout ce monde, qui tourne tourne tourne. Il se sent trop étrange pour en faire partie. Et Jimin ne sait plus du tout. Il ne sait plus s'il est bleu, vert, rouge, orange, jaune, violet, qu'importe. Il se dit qu'après tout, on n'est pas obligés de n'être que d'une seule couleur.

En Histoire, on parle de guerres. Jimin se sent stupide de se prendre la tête pour de la poussière, alors qu'ailleurs, tout est tellement pire. Ça le terrifie soudainement, alors il arrête d'écouter. Il se plonge dans le ciel frais, frissonnant de nuages purifiés par le froid. Loin devant lui, Jungkook et Jin. Derrière lui, n'importe qui. Il commence à dessiner. Puis, rapidement, il abandonne, imagine que le dessin est Hoseok, et le rature sauvagement, en appuyant très fort sur sa mine, au point de percer la feuille et d'attirer l'attention de sa voisine.

Il finit par se replonger dans le ciel, comme dans un lit ; et fixe le sol de la cour, comme un plafond.

Le monde est à l'envers.

Quand la sonnerie se fait entendre et qu'il s'apprête à ranger ses affaires rapidement pour essayer de retrouver Violette, Jungkook se retourne brutalement. Jin, lui, s'en va, avec un air lourd, comme s'il savait qu'une tempête allait déferler dans la salle, soudainement. Jimin le fixe, Jungkook le regarde étrangement. Ils ne disent rien. Mais l'autre affiche rapidement de la colère, voire de la haine, avec un fond de désespoir. Et finalement, du mépris. Fermement, il prend la parole.

« C'était le procès de mon père hier. J'aurais bien aimé que tu sois là. Ou au moins que tu sois au courant.

-... Je..

-Laisse tomber.
Salut, Jimin. »

Il n'y a plus que son dos. Son dos qui s'éloigne, se noie dans la masse. Et qui même comme ça, a l'air énervé. Parce que tous les autres sont gris, ternes ; alors que lui est rouge. Et Jimin, encore une fois, reste planté dans la salle, jusqu'à ce qu'on lui demande de partir. Parce que Jimin refuse de bouger. Il n'a plus envie de changer. Il n'a plus envie de voir tout ce monde tourner autour de lui, parce que c'est lourd, si lourd. Jimin aimerait pouvoir se planter quelque part, et arrêter tout le reste.

Les Palmiers bleus - HopeminWhere stories live. Discover now