Quatrième tableau. (repeat until death)

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Ce matin, quand Hoseok se réveille, rien ne semble lourd. Quand il se retourne légèrement, qu'il s'enroule dans la couette, qu'il cligne légèrement des yeux. La chambre dans laquelle il se trouve est rassurante. La fenêtre affiche un drôle de ciel, comme toujours. Une guitare traîne dans un coin, une table est occupée par des dessins, tout plein. Et une guirlande traine sur un des murs, vert foncé. Il y a une odeur réconfortante. Il y a tout un monde, dans lequel il se sent bien.

Et puis, Yoongi se réveille, à son tour, en faisant un drôle de bruit, qui amuse Hoseok. Il plonge sa tête dans son oreiller, avant de demander d'une voix à peine compréhensible pourquoi il y a tant de lumière.

« Désolé, j'aime pas les rideaux fermés... je me suis permis de les ouvrir, hier soir, dit Hoseok. »

Yoongi lui fait comprendre qu'il n'y a rien de grave, mais qu'il a encore sommeil. Alors Hoseok se lève. Il fait un tour de la chambre, en frôlant un peu tout du bout des doigts, parce que c'est comme ça qu'on ressent tout ce que les souvenirs ont à dire. Il s'assoit au bureau, et baille, au point d'en avoir les larmes aux yeux. Il voit un peu flou, et c'est agréable. Il caresse les papiers, ceux sur lesquels s'étendent des dessins. Il sourit. Puis il se relève, passe un coup d'œil par la fenêtre. Les arbres seront bientôt en fleurs, tous.

Ses yeux se dégagent. Il se sent égaré, parce qu'il voit de nouveau net, et c'est étrange. Ce n'est pas très rassurant.

Il s'écarte de la fenêtre, s'approche de la porte. Il regarde Yoongi, qui s'est rendormi, avant de fixer la poignée. Il hésite un instant, puis se rappelle qu'il ne veut plus hésiter. Alors il pose sa main dessus, et exerce une légère pression, tout doucement. La porte s'ouvre. Il s'enfuit.

Dans le couloir, sur les murs : des photos. Beaucoup de paysages, de jour, de soir, de nuit, de matin. Hoseok se souvient de ce qu'avait dit Yoongi, à propos de son père.

« Il aimait prendre des photos des paysages, plus que de la famille. Il disait que c'était plus important, parce qu'ils étaient comme les plus beaux cadres possibles, autour de notre tableau à nous. Ma mère trouvait ça vexant. Mais c'était pas méchant. Et maintenant, il est heureux de pouvoir regarder ces paysages, et se rappeler les beaux moments, sans avoir à la découper des photos (pour la forme) ou sans sembler trop s'accrocher au temps passé. ''Les paysages, ils sont là pour toujours, eux.'' »

Hoseok passe la main sur les murs. Les pieds nus sur le parquet un peu froid, il regarde le plafond, et les meubles. Un peu plus loin, une plante. Yoongi a toujours dit que c'était pour que son père ne perde pas pied, mais que c'était lui qui finissait par l'arroser. Hoseok se dit alors qu'un simple pot (sur lequel il pourrait peindre un paysage) aurait fait l'affaire.

Il entre dans la petite cuisine. Au sol, il y a du carrelage noir et blanc. Les murs sont blancs, légèrement salis, grisés. La table est en bois. Et dessus, du pain, du beurre, un verre. Hoseok relève la tête.

« Bonjour.

-Oh... Bonjour.

-Hoseok, c'est ça ?

-Oui. Enchanté. »

Il tend la main, mais l'homme assis sourit en faisant non de la tête. Pas besoin de ça. Il porte un t-shirt bleu marine, un peu trop grand, légèrement sale, et un pantalon noir, légèrement large. Une barbe de trois jours grise sa mâchoire. Il sourit.

Hoseok, gêné, apeuré de passer pour un intrus, se dit qu'il aurait mieux fait de rester dans la chambre de Yoongi. Mais l'homme se met à parler, d'un ton rassurant et accueillant :

« Viens t'asseoir. Tu as faim ? »

Hoseok hoche la tête, avant de s'installer à la petite table. L'homme le regarde droit dans les yeux, toujours en souriant. Il lui tend un verre, et le pain. Hoseok le remercie.

Les Palmiers bleus - HopeminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant