Souffle. (chicago)

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Taehyung est allongé sur un petit lit, les bras derrière la tête. Il respire lentement. Ses yeux se baladent, de droite à gauche, sur tous les murs blancs, puis sur le carrelage, ni rouge ni orange, parfois un peu jaune. La petite chambre ressemble à la description qu'on lui en a faite. Il porte une grande chemise à carreaux colorés (en bordeaux), ouverte sur un t-shirt blanc. Ses cheveux ne sont pas blonds, mais ils sont noirs, très noirs, et débordent sur le haut de ses yeux.

Il sourit, quand il remarque des feuilles accrochées sur le mur face à lui, au-dessus d'un bureau en bois, sur lequel est posé un pot. Une plante y vivait sûrement, pense-t-il. De retour sur les feuilles, violettes, vertes, rouges, jaunes. Elles sont éclatantes, resplendissantes, éblouissantes, sur ce mur d'un blanc parfois vieilli. Il les observe, parfois alignées, parfois décalées. Il se dit alors qu'il n'a jamais été aussi amoureux que devant ces feuilles.

Taehyung sent son cœur battre.

À côté du lit, une fenêtre donne sur un jardin, qui n'appartient pas à la maison. La pelouse est tondue, les arbres sont bien taillés. Une famille y vit, on peut apercevoir le père faire la cuisine à travers leur fenêtre, et les enfants jouer entre les arbres (ils crient, se lancent une balle, rient tous ensemble). Ça n'est plus vraiment le même jardin que lorsqu'une vieille personne le laissait à l'abandon.

Taehyung se redresse soudainement. Sa chemise (trop grande, retroussée aux poignets) flotte un peu dans l'air. Il ouvre grand la fenêtre, pour respirer. Il se dit que ce serait peut-être mieux, s'il n'était pas au rez-de-chaussée. Puis il se replonge dans le petit lit.

Son regard se pose alors sur une feuille étrange. À l'écart de toutes les autres, pas sur le même mur. Celle-ci n'est pas recouverte d'une unique couleur. Elle parait moins éblouissante. Taehyung la toise longuement. C'est un peu comme si, sans trop de raison, elle l'absorbait. Différentes couleurs s'y superposent, et donnent un drôle de marron, au centre. Ça n'a rien d'harmonieux, mais c'est comme si Taehyung pouvait deviner qu'elle l'a été, peut-être seulement le temps de quelques secondes, un jour. C'est une drôle de feuille.

Le jeune homme entend une voix se rapprocher. Son cœur palpite.

« Taehyung ? T'es où ??

-Juste là ! »

La voix se rapproche encore.

« Je viens de croiser les nouveaux voisins, en déchargeant la voiture ! Ils ont remplacé le vieux, ça va faire cinq a... »

Hoseok se coupe net dans sa phrase, quand il arrive dans l'embrasure de la pièce, et qu'il voit l'autre homme, allongé sur son petit lit, observer la feuille de son sourire.

« Qu'est-ce que tu fais là ?

-J'étais curieux, répond Taehyung, un sourire un coin. »

Hoseok fronce des sourcils, et lui lance un regard réprobateur. Il porte un simple t-shirt, vert foncé, à fines rayures blanches, enfoncé dans son pantalon. La silhouette fine et gracile, le visage allongé, les cheveux bruns, les joues légèrement rougies, les lèvres parfaitement courbées. On pourrait s'y perdre pendant des heures, ou des années entières, rien n'y ferait, jamais cette ligne pure ne deviendrait lassante. Taehyung se perd finalement dans ses yeux profonds, tellement profonds. Comme s'il pouvait y renfermer le monde entier, comme s'il l'avait déjà fait.

Il est beau, très beau, si beau.

Ils se Regardent. Dans le fond, on pourrait presque entendre la mer chanter. Dans la pièce, il n'y a que leur amour. Taehyung se relève pour rejoindre Hoseok. Il rapproche son visage du sien, mais Hoseok recule la tête, comme pour se venger de cette intrusion dans son enfance.

Les Palmiers bleus - HopeminWhere stories live. Discover now