19. Addiction

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Je soufflai avant de lever la tête. Il habitait au troisième étage, deuxième appartement en partant de la gauche. Je ne savais même pas à quelle fenêtre ça correspondait. Mais en y réfléchissant bien, je pouvais deviner que c'était celle dont le volet était fermé. D'après ce que me disaient les autres, il vivait plus ou moins dans le noir, en plus de tout le reste.

A vrai dire, je ne savais pas trop bien ce que je faisais ici. J'avais accepté pour aider un ami, mais je ne me sentais pas vraiment concerné. Jungkook, je ne le connaissais pas tant que ça. C'était l'ami d'un ami, c'était tout. Après, je ne pouvais pas non plus ignorer le fait qu'il avait un problème et qu'il avait besoin d'aide. Habituellement, ses amis se relayaient pour lui rendre visite et l'empêcher de faire une connerie, mais là, personne ne pouvait. C'était au tour de Yoongi, mais il s'était fait renverser par une voiture deux jours avant. Il n'avait rien de très grave, mais il était resté en observation et il venait tout juste de sortir de l'hôpital. Il devait faire attention à lui et se reposer, il avait deux côtes de fêlées et de très nombreuses contusions.

Alors voilà, c'était moi qui jouais le remplaçant. Les autres n'étaient pas disponibles, soient pris par le boulot, soit partis en vacances. J'étais leur dernière solution et je savais que je ne pouvais pas dire non. Je n'avais rien contre Jungkook, au contraire. Lors de nos quelques rares rencontres, je l'avais plutôt bien apprécié. Mais je ne le connaissais pas vraiment. Contrairement aux autres, je ne savais pas comment réagir face à lui. Il me faisait un peu de peine, à vrai dire. Il avait sombré tellement vite. Celui que j'avais déjà croisé n'était pas comme ça. Il était devenu comme ça depuis notre dernière rencontre, il y avait quelques mois. Je ne savais rien de lui ni de sa vie. Je ne savais pas comment j'allais pouvoir l'aider.

Après plusieurs longues minutes de contemplation et de réflexion, je finis par me rapprocher de la porte d'entrée de l'immeuble. Je récupérai la feuille que Yoongi m'avait donné. En premier, il avait inscrit l'adresse, puis le code du bâtiment, puis l'étage et enfin le numéro de l'appartement. Je tapai donc le code et m'engouffrai à l'intérieur quand la porte s'ouvrit. J'avisai l'escalier et l'ascenseur puis décidai de faire un peu d'activité physique. En peu de temps, je me retrouvai devant la porte de l'appartement. Yoongi m'avait dit de frapper pour m'annoncer, mais qu'il y avait peu de chances pour que Jungkook vienne m'ouvrir. Il m'avait laissé une clef pour entrer. Je m'exécutai, respectant ses consignes. Comme je m'y attendais, personne ne vint m'ouvrir, je me permis de rentrer par moi-même.

Je fus frappé d'abord par l'odeur nauséabonde qui régnait dans le logement. Puis ensuite par l'obscurité. Les consignes étaient de ne pas allumer la lumière tout de suite mais d'aérer pendant que Jungkook était à la douche. S'il ne disait rien, je devais laisser ouvert. S'il grognait, je devais refermer la fenêtre et le volet. Je ne comprenais même pas pourquoi ils s'obstinaient tous à l'aider comme ça sans le faire hospitaliser. C'était de ça dont il avait besoin.

- Jungkook ? C'est Namjoon, tu te souviens de moi ? Tu te rappelles que je devais passer te voir ?

J'entendis un grognement qui venait de la chambre. Il était quinze heures et il n'était pas encore levé. Ou déjà couché, au choix. J'attendis un peu qu'il vienne, mais il ne vint pas. Je finis par déposer mon sac dans l'entrée puis retirai mes chaussures. Bien, instructions suivantes : lever Jungkook. Je devais le réveiller puis parvenir à lui faire prendre un petit-déjeuner normal. Après, il devait aller prendre une douche. Accessoirement, je devais trouver un moment pour faire un inventaire de ce qu'il avait à manger chez lui pour pouvoir faire des courses. "Que des choses saines", avait écrit Yoongi. Ce qui n'était pas du tout mon genre de nourriture, du reste. Et le plus important de tout, je devais l'empêcher de boire de l'alcool. Ce qui était compliqué dans la mesure où il y avait des bouteilles partout. Personne n'achetait jamais d'alcool quand ils lui faisaient ses courses. Mais il en avait toujours. Il se faisait livrer son poison. Et à moins d'être là chaque minute, de ne pas dormir, de surveiller la porte, c'était impossible de l'en empêcher.

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