Entre deux services | Antoine Griezmann

55. Menteuse

— Ce que je veux dire, c'est qu'il n'abandonnera pas tant qu'il ne saura pas ce qui pose problème et qu'il ne l'aura pas réglé

— C'est toi le problème. La façon dont tu le manipules à tes fins, comment tu l'emprisonnes dans votre relation toxique

— Qu'est-ce que tu insinues ? demandais-je en haussant le ton

— Que tu es une pétasse manipulatrice, s'écria-t-elle

— Je doute que ce soit elle le problème ici, dit Antoine qui était revenu discrètement dans la pièce

Nous le regardons toutes deux avec interrogation, dans l'attente de la suite de ses propos.

— Lorélia n'est pas la personne que tu crois et tu n'es pas celle que tu prétends être Érika. Le commissariat vient de m'appeler à propos de ton témoignage et je crois que tu as quelques petits trucs à m'avouer

Il me regarde et m'ordonne d'un léger signe de la tête d'aller dans une autre pièce.

Omniscient

Lorélia quitte la cuisine afin de rejoindre Mia dans le salon, histoire de discuter avec elle du déménagement du jour le temps que les deux anciens amants aient leur petite discussion.

— Alors dis-moi qui elle est

— Quelqu'un d'attentionné, qui m'a toujours soutenu dans mes projets et mes décisions. L'inverse de toi en réalité

— Je t'ai toujours soutenu, répondit son ex-femme

— Seulement quand tu avais un intérêt derrière ou quelque chose à gagner. Lorélia n'a jamais trahi ma confiance comme tu l'as fait dès les premiers jours de notre relation. Et encore aujourd'hui je vois que tu es toujours la même personne, que tu n'as pas tiré de leçons de tes erreurs

— De quoi est-ce que tu parles ? demanda Érika sur un ton paniqué

— Du faux témoignage que tu as fournis à la police. Heureusement que le dossier de Lorélia contient assez de preuve pour le garder derrière les barreaux

— Je ne comprends pas ...

— Tu comprends très bien. Tu es une menteuse Érika, tu l'as été dans notre relation et tu l'es encore maintenant, tu n'as pas changé, accusa Antoine

— Tu ne sais pas ce que j'ai vécu avec lui, tu n'as pas le droit de dire ça

— Et pourtant je le fais, parce que je suis chez moi et que je sais qui tu es réellement sous tes faux airs de madame parfaite, continua-t-il sur un ton agressif

Les larmes commençaient à monter en Érika. La jeune femme savait très bien de quoi il l'accusait mais elle ne voulait pas faire face à la réalité pour autant. Dans le déni total, elle se rappela les propos énoncés pendant son audition.

Elle n'avait pas dit la vérité, du moins l'entière vérité. Déformations d'évènements, exagérations et autres magouilles, c'est ce qui lui vaut la position inconfortable dans laquelle elle se retrouve. Elle avait voulu faire le bien pour une fois en amplifiant les coups subis. Elle prend désormais le retour de flamme.

— Tu te rends compte que tes mensonges vont te coûter cher, extrêmement cher. Il n'aura pas d'interdiction de t'approcher ni toi ni Mia, il n'aura pas les peines associées à ce crime en sortant de prison et il aurait pu avoir la possibilité de porter plainte contre toi, mais la police a été suffisamment clémente pour retirer tes déclarations du dossier contre lui.

— Je ...

— Laisse-moi finir, ordonna Antoine d'un ton dur, en plus de mentir à la police pour obtenir justice de façon calomnieuse, tu as encore une fois trahi ma confiance. J'étais prêt à te donner une seconde chance, l'occasion de te repentir pour que les choses se passent mieux entre nous et pour notre fille. Mais tu l'as détruite avant même de le savoir, parti en fumée pour des conneries. Alors tu ne me laisses pas le choix

L'attaquant barcelonais avance sur le plan de travail une feuille blanche comportant quelques écritures.

— J'exige la garde exclusive de Mia pour le moment. Tu es dans l'incapacité totale de t'en occuper, je ne veux pas mettre ma fille en danger

La jeune espagnole attrape le papier et commence à lire les quelques lignes qui y figurent. C'est une convocation au tribunal. Elle apprend en même temps que son ancien mari a décidé de faire appel à la décision du juge au vu des récents évènements et sa demande a été entendue : elle est invitée à comparaître au tribunal de grande instance de Barcelone dans quelques jours pour obtenir un nouveau jugement. Aucunement besoin d'être un génie pour comprendre que cette fois-ci l'avantage ira à Antoine.

— Je ne sais pas ce que tu as vécu avec lui, ce qu'il t'a forcé ou non à faire et je ne veux pas le savoir. Tout ce que je sais, c'est que tu n'as pas la responsabilité ni la force pour t'occuper d'elle

— Ce n'est pas à toi d'en décider ! pestiféra la jeune femme

— Je sais bien, c'est pour ça que je passe par un juge pour obtenir cette décision

Il souhaitait mettre fin à la discussion, mais ce n'était pas le cas d'Érika

— Comment est-ce que tu peux me faire ça ? demanda-t-elle le regard vers le bas tentant de cacher les premières larmes qui coulaient sur son visage

— Tu es une adulte responsable et tu dois faire face aux conséquences de tes actes. Si tu ne veux pas tirer de leçons de tes erreurs, je vais le faire à ta place

Ne sachant plus quoi faire pour se sortir de cette situation désavantageuse, elle s'avança vers son ex-mari et plaça une main sur son torse.

Cette sensation lui avait manqué, sentir ses muscles sous ce fin tissu. La main se balade jusqu'au col du t-shirt et leurs peaux se rencontrent enfin, provoquant des frissons chez les deux protagonistes. Leurs souffles chauds s'emmêlent avant que le premier pas soit franchi. Les lèvres et langues des deux anciens amants participent maintenant à une danse endiablée et sans relâche. Une main féminine commençait à passer sous le t-shirt de son compagnon, mais elle fût stoppée dans son élan.

— Non non non, on ne peut pas faire ça, s'exclama Antoine en se débattant de l'emprise de son ex-femme

Il finit par la repousser un poil trop violemment et voit le corps d'Érika tomber au sol. Le bruit de la masse heurtant le carrelage provoque un grand bruit sourd qui attire immédiatement l'attention de Lorélia.

Cette dernière ne tarde pas à se présenter dans la cuisine pour venir aux nouvelles.

— Va rassembler tes affaires, toi aussi tu dois partir, signala Antoine à Érika

Il l'abandonna à même le sol et parti en direction du salon avec sa dulcinée.

Avant même de se faire harceler de questions sur ce qu'il s'est passé, il pris les devants pour lui raconter la mini-dispute dans tous les détails, sans oublier la dernière scène qui a mené à de la violence.

— Je ne t'en veux pas car je sais que tu me dis la vérité et que tu n'y es pour rien. Tu as voulu faire le bien, mais elle s'est jouée de toi en essayant de retourner la situation. Je t'ai toujours dit que j'avais un mauvais pré-sentiment sur elle

— Je sais, je devrais plus t'écouter là-dessus, mais elle a toujours eu ce côté imprévisible

— On a tous un côté imprévisible, dit-elle avant de l'embrasser amoureusement

« Bon débarras » pensa-t-elle quand ils entendirent la porte d'entrée claquer, signifiant le départ d'Érika de la maison

Dans quelques heures, ce sera leur tour de quitter le domicile, direction Barcelone.