57 - Jouons.

Depuis le début
                                    

- Les règles vont être simple. Je pose des questions, et tu me réponds par la vérité. Compris ? Ok, commençons. Est-ce que tu m'aimes ?

- Non.

- Est-ce que tu aimes Tyron ?

- Plus que je ne t'aimerai jamais, rétorquais-je d'un ton coupant.

Tyron pressa ma main comme toute réponse. Ryder, lui, ne semblait pas surpris de mes réponses. Au contraire, il semblait satisfait. Il glissa une main sous sa veste d'un geste nonchalant et continua :

- Est-ce que tu ferais tout pour lui ?

- Je ne lui appartiens pas plus qu'à toi. Je ferais tout pour moi, pour ma vie ou pour personne d'autre.

- Est-ce que tu as envie de sortir d'ici ?

- À ton avis je...

- Est-ce que si tu avais l'occasion, continua-t-il en me poignardant de son regard froid, tu essaierais de t'enfuir ? Est-ce que si tu le pouvais, tu essaierais de m'attaquer, avec une barre de fer par exemple ? Est-ce que tu me poignarderais dans le dos alors que j'essaie de prendre soin de toi ? Est-ce que tu prévoirais un plan pour me tuer ?

Je m'immobilisais, le corps tremblant. Il savait. Depuis le début. Je le voyais à son regard. Il savait que je n'étais pas attachée. Et il savait que Tyron était là. J'en étais sûre maintenant. Il jouait, comme d'habitude. Mais il savait tout. Je sentie la main de Tyron serrer la mienne en en venant à la même conclusion, mais Ryder fut plus rapide. D'un geste vif, il sortit un pistolet de sous sa veste et posa le canon sur mon front avec un sourire sadique.

- Est-ce que tu pense que, si jamais Tyron était présentement dans cette même pièce, il se montrerais ou il me laisserait te mettre une balle dans la tête ?

L'air se bloqua dans ma gorge tandis que mes yeux s'écarquillaient. Le regard de Ryder était froid et insensible et je savais que, s'il le fallait, il appuierait sur la détente. J'étais au bord de la crise de panique, transpirant à grosses gouttes. Je sentis Tyron lâcher ma main, puis se relever derrière moi. Je ne le vis pas sortir son arme et la pointer sur Ryder, mais j'entendis parfaitement le déclic caractéristique.

- Si tu tires, menaça Tyron, je tire. J'ai hâte de te voir agoniser sur le sol

Mon cur battait à cent à l'heure. Ryder me menaçait. Tyron menaçait Ryder, pour me protéger. Et moi, j'avais juste de stupides ciseaux pour me défendre ! À cette pensée, mes yeux s'arrondir. J'avais une arme, et je pouvais toujours m'en servir. Ryder éclata de rire.

- Je ne crois pas que tu sois en position de marchander, Thomas. Vois-tu, je n'ai que ma vie en jeu. La mort ne me fait pas peur. Mais toi, assumeras-tu d'avoir causé la mort de Morgane ? De devoir vivre sans elle ?

Il y eut un long silence. Je fermais un instant les yeux, les lèvres tremblantes et les larmes menaçant de couler. Je me mordis la lèvre, avant de rouvrir les yeux et de les planter dans ceux de Ryder.

- Tires, Tyron, ordonnais-je d'une voix tremblante. Descends ce fumier.

S'il tirait, quitte à ce que j'en perde la vie, au moins Tyron serais hors de danger, et le monde serait débarrassé du pire malade de tous les temps. Pourtant, Tyron ne réagis pas. Le silence se prolongea, avant qu'un soupire ne s'échappe de ses lèvres.

- Désolé Morgane. Je ne peux pas faire ça.

Du coin de l'il, je le vis se baisser et poser son arme par terre. Non, il ne pouvait pas faire ça... il venait de signer son arrêt de mort. Pour moi.
Ryder eut un rictus satisfait et, lentement, il se leva sans bouger son arme de mon front. Je restais figée, tout du moins en apparence, car j'empoignais discrètement les ciseaux derrière mon dos. Ryder leva les yeux vers Tyron :

- Tu as fait le bon choix. Ça m'aurait embêté d'abimer un si beau visage. Lève les mains en l'air, et ne fais pas de gestes brusques.

Tyron obéis. Moi, je pris mon courage à deux mains et arrêtais de réfléchir. C'était maintenant ou jamais, tant que Ryder concentrait son attention sur Tyron. Sans plus attendre, j'attrapai vivement le poignet de Ryder pour l'écarter de mon visage tandis que je me relevais. Puis, avec un cri de rage, je bondis sur lui telle une furie et abatis les ciseaux en direction de son visage, avec une rage que je ne me connaissais pas. Ryder poussa un cri de stupeur puis de douleur quand mon arme s'enfonça dans sa joue, et il tomba à terre sous mon poids. Je restais au-dessus de lui, ressortis les ciseaux, avant de les replanter dans son visage avec hargne.

Je visais ses joues, ses yeux, sa bouche, tout ce qui passait sous mon arme. Je pus bien lui donner plusieurs coups avant qu'il ne reprenne ses esprits et bloque mes poignets. Il me fit basculer sur le dos, et se positionna au-dessus de moi. Son visage ensanglanté paraissait plus furieux que je ne l'avais jamais vu, et il paraissait prêt à m'éliminer immédiatement, à mains nues. Pourtant, un bruit sourd retentis et Ryder s'effondra à moitié sur moi, inerte.

J'entrouvris la bouche, stupéfaite, et levai les yeux pour voir Tyron, debout devant moi, la barre de fer dans les mains. Il regardait Ryder avec un mépris non dissimulé. Il fallut encore un court instant avant que je réalise ce qu'il venait de se passer, et je poussai un cri d'effroi. Je reculai vivement sur les fesses, m'écartant de Ryder, tout le corps tremblant, et passais une main dans mes cheveux.

- Bordel. Qu'est-ce que... Qu'est-ce que j'ai fait ... ?

- Tu nous as sauvé la vie Morgane.

Tyron s'accroupit devant moi en posant ses mains sur mes genoux, cherchant mon regard. Je secouai la tête et pinçai les lèvres, sans réussir à calmer les tremblements de mes mains.

- Est-ce qu'il... est-ce qu'il est mort ... ?

J'étais partagée entre un sentiment de soulagement intense, de dégout, de peur, de peine, de haine, et je ne savais plus où j'en étais. Tyron se releva, et alla s'accroupir devant Ryder. Il prit son pouls une longue minute, avant de se relever, sans un mot. Il ne me lança pas un seul regard et fit quelque pas dans la salle.

- Tyron, est-ce qu'il est mort ?

Aucune réponse, aucune réaction. Il se pencha à terre, et je passais une main anxieuse dans mes cheveux. J'avais besoin d'une réponse. Immédiatement, où j'allais faire une crise de panique.

- Réponds-moi merde ! Est-ce qu'il est...

- Non.

Il se redressa, et je vis ce qu'il était allé prendre. Son pistolet. Il le leva en direction du corps de Ryder et rajouta :

- Pas encore.

J'écarquillai les yeux et me relevais d'un bond. Je me précipitais face à Tyron et me postais devant son arme en étendant les bras.

- Ne fait pas ça !

Il fronça les sourcils d'incompréhension et fouilla mon regard à la recherche d'une explication, qu'il ne trouva sans doute pas. Il secoua la tête :

- Pourquoi ? Ce bâtard mérite de crever. Tu... il y a deux minutes, tu voulais que je le tue quitte à ce que tu en meures aussi !

Je pris une longue inspiration en prenant le temps de réfléchir. A vrai dire, j'avais agis impulsivement, comme souvent. Pourquoi diable je ne laissais pas Tyron en finir avec lui ?

- Tu... tu avais promis, finis-je par dire d'une petite voix. La dernière fois. C'était ma condition pour que je reste avec toi. Plus de meurtre. Tu en as déjà trop sur la conscience. Je ne veux plus te voir tuer qui que ce soit. Et je... je veux juste me tirer d'ici. Je déteste cet endroit Tyron. S'il te plaît, allons-nous-en. Dès qu'on est sortis, on passe un appel à la police pour qu'ils viennent chercher Ryder. Je t'en prie...

Il secoua la tête, n'étant manifestement pas du même avis. Cependant, devant mon regard suppliant, il finit par craquer et rangea son arme. Il passa une main douce sur ma joue, avant de faire un léger signe de tête.

- Très bien. On s'en va.

Mémoire en CavaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant