Bonus 1

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- Rappelle moi ce qu'on fais là ? grogna James en se redressant.

- Combien de fois il faut que je le répète ? râla son frère. On vient divertir les lecteurs.

De toute évidence, James n'en voyait pas l'utilité. Il poussa un long soupire agacé, suivant d'un baragouinement qui semblait dire "on s'en fout". Tyron lui asséna une claque derrière le crâne, et James reprit :

- Bon très bien. Et comment on fais pour divertir tes "lecteurs" chéris ? On a pas que ça à faire je te signale. On est recherchés par la police de tout l'état pour vol et meurtre, et tu me parles de divertissement ?

Tyron arqua un sourcil agacé comme il savait si bien le faire. Peut-être avait-il surestimé l'intelligence de son frère. Il croisa les bras :

- Réfléchis un peu pour voir ? Si les lecteurs s'ennuient, ils s'en vont. Et si on a plus aucun lecteurs...

James écarquilla les yeux. Il sembla enfin comprendre où son frère vouait en venir et il compléta d'un air livide :

- ...Nous n'existerons plus.

- Exact ! Plus de lecteurs, plus d'histoire. Plus d'histoire, plus de personnages. Plus de nous.

Il semblait évident que ce n'était la grande générosité qui poussait Tyron. Après tout, on parlait bien de ce bandit qui avait tué au moins deux personnes de sang-froid. C'était purement égoïste et auto-centré, mais cela ne semblait pas le déranger.

- Voilà ce qu'on va faire, reprit-il avec le regard de celui qui avait trouvé le plan du siècle. Tu vas me poser une question à laquelle je vais répondre, et vice-versa. Tu vas voir, il en faut peu pour satisfaire ces gens là.

James roula des yeux, sarcastique. Il n'y avait pas plus bateaux, comme jeu. Pourtant, il lâcha dans un soupire :

- Ta couleur préférée ?

- Le jaune. Ton animal préféré ?

- Il est nul ton jeu, râla à nouveau James. Je ne veux pas répondre à ça.

- Bon et bien je vais le faire pour toi, décida Tyron en se tournant, un sourire sarcastique aux lèvres. Son animal préféré, c'est la loutre.

Ce fut au tour de son grand frère de lui assener une claque sur la tête en rouspétant :

- Salaud ! Tu avais juré de ne pas le répéter.

- Oups. Mais ce n'est pas grave. Un peu plus et tu es admis à poufsouffle.

Tyron était plié de rire comme s'il n'avait rien de plus divertissant que d'avouer les secrets les plus refoulés de son frère, qui lui ne rigolait pas du tout :

- Hé ! Les loutres n'ont rien à voir avec les blaireaux voyons !

- Bien sûr oui.

- Bon, reprit James plus sérieusement, concernant notre plan il faudrait qu'on bosse sur la stratégie ou...

Cette fois-ci, ce fut un coup de pied dans le tibias qui l'arrêta. Tyron ne rigolait plus et foudroyait son frère du regard :

- Bon sang, mais ça t'arrive de réfléchir ? Vas-y, dévoile tous nos plans aux lecteurs. On leur raconte même la fin si tu veux, comme ça on est certains qu'ils arrêterons de lire aussitôt.

Cette hypothèse, quoiqu'elle aurait put plaire à Géralda, fis frémir les deux frères. Bon sang, eux même ne savaient pas où l'auteur comptait les emmenaient.
Et seuls certains savaient que, s'ils apprenaient les plans machiavéliques que leur réservait leur créatrice, ils se rendraient immédiatement à la police. Il valait mieux ça.

- Très bien, je dis plus rien, marmonna James. Mais je te jure Tyron, si cette histoire tourne mal, je me reconvertis en cuistot hawaïen aux bras d'une belle danseuse du ventre. Compris ?

- T'inquiète, ça ira. Rien ne peux nous vaincre. Seulement il se fais tard, les lecteurs sont sans doute malade, alors laissons-les dormir.

L'air de Tyron aurait presque put passer pour de la compassion si on ne le connaissait pas.

Il n'y avait aucun doute sur une chose : Les deux hommes ne se doutaient pas un seul instant de ce qui allait leur tomber dessus.

Cet obstacle, ce ravin, cette montagne à gravir avait un nom : Morgane Freeman.

Mémoire en CavaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant