11 - Le parking [Corrigé]

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Tyron se tourne subitement vers James et je me redresse pour regarder ce qu'il se passe. Le teint livide, James presse sa main sur son ventre et la relève couverte de sang. Apparemment, la blessure s'est réouverte et doit saigner depuis un bon moment pour avoir traversé le bandage.

« J'ai horreur du sang... »

Ça, c'est un comble ! Je ris presque de l'incongruité de la situation. Un criminel comme lui qui ne supporte pas la vue du sang ? Ça me parait aussi étrange qu'un boulanger allergique à la farine ! En deux temps trois mouvements, Tyron est dehors et ouvre la porte côté conducteur pour faire sortir son frère. Naïvement, je me jette sur ma porte pour l'ouvrir - sans grand succès, je vous l'accorde. Je réfléchis une seconde à mes solutions actuelles et n'en trouve qu'une qui vaille le coup. Je me tortille jusqu'aux sièges avant et, ensuite, sors par le porte du côté conducteur qui est restée grande ouverte. James est étendu sur le béton juste à côté, le visage déformé par la douleur et respirant bien trop rapidement.

Tyron, à ses côtés, se lève d'un bond en me voyant débarquer et sors son arme par le même coup. J'ai un brusque coup de chaud et lève les mains bien haut dans l'espoir de le calmer

« C'est pas nécessaire, je ne vais pas partir. »

Bien que j'y ai pensé, et que ce n'est pas franchement l'envie qui me manque, je sais que je n'ai aucune chance si je pars en courant maintenant. Il est plus grand, plus rapide et plus fort que moi, il l'a déjà prouvé. Et avec son arme à la main, il m'aurait vite arrêté. Néanmoins, il ne semble pas compliqué et pointe le canon de son arme sur ma poitrine.

« Tu as dit qu'il était soigné.

— J'ai jamais dit ça ! protestai-je d'une voix tremblante. J'ai dit que... qu'il irait mieux s'il ne bougeait pas et s'il avait d'autres soins. Courir partout, ça aide pas à garder une blessure fermée. »

J'ignore d'où me vient ce soudain courage mais je le défi du regard et croise les bras sur ma poitrine. Peut-être est-ce dû à l'obscurité globale qui fait que je ne le vois pas bien ou encore le fait d'avoir découvert un peu plus tôt une faille chez lui. Si j'ai bien compris, il est tombé dans un piège et a été au point de se faire attraper par la police. Ce qui ne peut signifier qu'une chose : comme tout être humain, Tyron n'est pas infaillible. Il peut faire des erreurs, se tromper et paniquer. Et j'en suis grandement rassurée.

Lâchant son regard, je m'accroupis à côté de James qui me renvoi un regard trouble. Je soulève son tee-shirt ensanglanté et découvre son bandage rouge de sang. Avant même de l'enlever, je sais que la blessure est bien réouverte, et ce depuis un moment. Pourquoi n'en a-t-il rien dit avant ? Je suppose qu'il voulait d'abord régler ce problème de police. J'inspecte un moment la plaie avant de relever les yeux vers Tyron, qui a légèrement abaissé son arme.

« Il me faut de quoi le soigner.

— Ne bouge pas. »

Je perçois la menace sous-jacente de cette simple phrase et acquiesce. Non, je ne le risquerai pas... pas maintenant en tout cas. Il contourne la voiture, ouvre le coffre et en sort un des sac, qu'il me lance. Dedans, je retrouve tout le matériel utilisé hier pour soigner James. Hier, ou avant-hier ? Ou peut-être il y a trois jours ? J'ai perdu toute notion du temps depuis mon enlèvement. Je désinfecte la plaie une nouvelle fois et reprends les soins. Au bout d'un moment et sans relever la tête de ma tâche, je demande :

« Si la police vous retrouve, vous allez me tuer ? »

Tyron, qui tournait en rond près de la voiture, s'arrête et me dévisage, surpris par ma question. Je n'ai pas le courage de croiser son regard et reste concentrée sur son frère. Je me demande quelle sera sa réponse. La logique serait qu'il dise oui, pour me faire peur comme il le fait depuis le départ. Seulement, j'ai beau avoir eu de grosses frayeur, je n'ai jamais eu l'impression qu'il voulait m'éliminer, après coup. En fait, je n'ai jamais eu l'impression qu'il avait eu le cœur assez accroché pour me tuer de sang froid en me regardant droit dans les yeux. Et comme pour me donner raison, il secoue la tête :

« J'en sais rien. Si la police approche trop, il faudra sûrement qu'on te fasse un peu de mal... mais on va éviter d'avoir encore plus de sang sur les mains »

Au moins, ça a le mérite d'être sincère. Ça me surprends. J'imagine qu'il est trop préoccupé par son frère pour continuer à jouer le jeu du grand méchant avec moi. Je profite qu'il est l'air d'être d'humeur plutôt loquace pour enchainer :

« Comment tu as su qu'il y avait un nouvel inspecteur sur l'affaire ? »

Je relève enfin les yeux et regarde Tyron, adossé à la voiture et occupé à se ronger les ongles. Il semble vraiment anxieux et pas seulement pour la santé de son frère. Il fronce les sourcils :

« Des flics imprudents qui discutaient devant l'entrepôt. Ils ont dit qu'il s'agissait d'un inspecteur privé mandaté spécialement pour nous. Enfin, pour toi surtout. Pour te retrouver. »

Il s'interrompt, l'air de réfléchir à ses paroles. Pour ma part, j'ai arrêté de m'affairer sur son frère et pince les lèvres. Cet inspecteur est ma chance. S'il est avec John, il réussira à me trouver ! Et s'il est si intelligent que Tyron semble le penser, cet affaire sera finie d'ici le prochain lever de soleil. Mon cœur se réchauffe à cet idée. Oui, je dois leur faire confiance.

Le criminel s'accroupit en face de moi, les sourcils froncés :

« On peut savoir ce que tu attends ? »

Je sursaute, tirée de ma rêverie d'évasion et récupère un bandage propre. Ici, dans de telles conditions, je ne peux pas faire grand-chose d'autre. Seulement, je n'ai pas le temps de continuer qu'une porte claque, pas bien loin et que des bruits de pas retentissent, accompagnés par plusieurs voix qui parlent et rigolent :

« T'es sûr que c'est par là ? glousse une voix de fille. On y voit que dalle !

— Mais oui je te dis, y'a de la lumière là-bas. »

J'écarquille les yeux et ma respiration s'accélère. Il y a des gens. Et ils viennent vers nous. J'ignore quel dieu je dois remercier mais, en l'espace de quelques secondes, je les bénis tous. Tyron se lève d'un bond, les traits tendus et le corps crispé. Je vois la frayeur se dessiner dans son regard tandis qu'il analyse la situation. Nous sommes dans une relative obscurité mais une lumière nous éclaire d'un peu plus loin et le groupe est trop près pour espérer nous cacher, nous ou James. J'entends presque les rouages de son cerveau tourner à vive allure.

Rapidement, il a pris sa décision. Il me tire par l'épaule et me relève avant de dégager le sac d'un coup de pied sous la voiture. Puis il ouvre en grand la portière avant, mettant ainsi son frère dans l'ombre. Celui-ci semble être tombé dans les vapes puisqu'il ne réagit même pas. Et enfin, comme un point final à sa stratégie, Tyron me pousse contre la portière avant d'écraser violemment ses lèvres contre les miennes.

Attendez, quoi ?


***

Bonjour tout le monde ^^ Alors comme vous devez sans doute le voir, ce chapitre est plus court que les autres, avec raison : j'ai décidé de faire des chapitres plus courts, que je posterais plus souvent. Ainsi, il y en aura un le week-end et un le mercredi. Qu'en pensez vous ?

Bon sinon, ce chapitre ? Quels sont vos avis ?

Vous pensez que Morgane a une chance de se faire retrouver par la police ?

Et ce baiser suurprise, qu'en dîtes vous ?

Biz à vous !

Mémoire en CavaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant