Chap 62

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-NON  ! Non non non...mon cri de désespoir se noya dans mes larmes et mourut dans ma gorge. Un profond sentiment douloureux que je ne saurais identifier me prit à bras le corps, toute ma vie n'avait été que douleur ces dernières années, trahisons, déceptions, moqueries, rejets, mensonges...la seule chose, la seule personne à qui j'avais jusque là donné toute ma confiance, n'était encore qu'une catin de mascarade. J'avais éloigné de mes pensées cette éventualité, j'avais refoulé au fond de mon être ces évidences qui ne pouvaient êtres dû au hasard, tout ça...tout ça pour rien, n'y personne. Je me sentais trahie, humiliée, je me sentais comme le jouet d'un imbécile machiavélique et complètement craqué, j'étais cette chose manipulable et dérisoire, larmoyante et pitoyable.

-Si, si, si, si...Il eut un petit rire...Miss Granger...se gaussa t'il.

Sans l'écouter le moins du monde je me contentais de fixer dans les yeux mon "Barnabé" avec toute la haine dont je me pensais capable.

-Pourquoi ? POURQUOI  ? Me hais tu donc à ce point  ? M'écriais-je au comble du désespoir.

-Si tu savais...Il eut un petit rire, ce n'est même pas de la haine, c'est du dégoût.

J'encaissais le coup en essayant de ne pas flancher, un grand fossé semblait s'être taillé entre moi et ma raison, la seule chose qui m'importait pour l'heure était de comprendre pourquoi.

-Ne pleure pas ça ne fait que t'enlaidir un peu plus...Puisque tu tiens tant à savoir, sache que pour moi tu n'es rien, tu es une immondice, une sale sang de bourbe, cracha t'il, non  ! Pire que ça, tu es pire que les sangs de bourbe, tu es doublée de tes origines de vermines par un caractère particulièrement insupportable. Et dire que j'ai dû faire semblant de t'apprécier.

-Voyons voyons mon jeune ami, cette demoiselle n'est pas non plus vilaine à regarder...

Je me retournais avec un sursaut, l'homme étendu au sol quelques minutes plus tôt se tenait désormais devant moi, il rejoignit son complice avec un air réprobateur : 

-Tu aurais pu faire attention, tu as bien faillit me tuer cette fois.

Je fermais les yeux et j'inspirais profondément, tentant de me rendre hermétique à la réalité cinglante. Je rouvris les yeux, me forçant à rester insensible à ce regard de dédain. Il fallait se rendre à l'évidence, Fred Weasley n'était plus. Car je ne pouvais me résoudre à croire en sa bonne volonté, il devait être ensorcelé, contraint par la force ou quelque chose dans ce goût  la. Il allait donc falloir que je parvienne à le désensorceler avant de pouvoir m'enfuir avec lui, une contre deux, je n'avais aucunes chances, deux contre un, tout était possible. Je relevais la tête, fixant avec insolence ces deux malfaiteurs, ils ne pouvaient me tuer  ? Qu'ils essayent, de me pousser au suicide. 

Derrière mes airs bravaches et conquérants, se cachait une partie de moi, mon cœur, blotti dans l'incertitude de l'adrénaline et essayant de ne pas céder. Voilà plus d'une heure déjà, que je subissais le sortilège Endoloris, la douleur était insupportable, se propageant à travers le sang dans le moindre recoins de mon corps. La seule raison pour laquelle je n'avais pas encore flanchée était ridiculement simple, la chose la plus dure de ce moment n'était pas la douleur physique, mais bien celle de voir, Fred, mon Fred, pointer ma propre baguette sur moi et murmurer avec une lueur d'extase dans les yeux, un de ces sortilèges impardonnables. Oui, impardonnables ils l'étaient, car si, si jamais je m'en sortais, jamais je ne pourrais me résoudre à l'approcher de nouveau. La douleur cessa subitement, comme elle était venu, Fred ne faisait que reprendre son souffle, se préparant à un nouvel affront. 

-Je ne peux pas le croire, murmurais-je. 

Il sourit, comme attendrit. S'avançant vers moi il s'accroupit, amenant son visage au niveau du mien dans une sollicitude perverse mais malgré tout au fond de moi, réconfortante. Il me prit le menton entre l'index et le pouce et me sourit gentiment, un instant, juste un instant, je cru voir mon Fred revenu. 

Pire que les Sangs de BourbeWhere stories live. Discover now