Monstre / Livai x reader

Lignées

Cela devait faire plus de vingt-quatre heures que je me trouvais dans une cellule miteuse au sous-sol de la bâtisse. Mon champs de vision se réduisait à trois murs de pierre et une volée de barreaux. Derrière eux, un petit couloir menait jusqu'à une porte à quelques mètres sur la droite. Je devinais l'existence d'autres cellules jouxtant la mienne, mais le silence pesant qui régnait ici m'indiquait que j'étais la seule locataire. Les cinq mètres carrés qui constituaient ma nouvelle demeure étaient suffisamment spacieux pour abriter une couchette et un lieu d'aisance des plus écœurants. J'avais perdu la notion du temps dans ce trou à rats dénué de fenêtre. Walsh avait donné l'ordre à l'un de ses hommes de me balancer là en attendant leur retour. Kenny et le gros des troupes étaient partis de nuit pour attaquer l'escouade par surprise. Quant au commandant, il était occupé à « régler les derniers détails », avait-il dit.

(Attaquer l'escouade, hein ...)

Dès que j'y pensais, mon ventre en faisait des nœuds. La faim, d'ailleurs, n'arrangeait rien à son affaire. Depuis que j'étais ici, j'avais seulement eu la visite d'un soldat, peu affable, venu m'apporter de l'eau et un maigre repas.

Assise sur ma couchette, j'attendais nerveusement des nouvelles de l'extérieur. Seules mes cotes appréciaient ce calme apparent et elles en profitèrent pour goûter à un repos bien mérité. Il fallait avouer qu'elles en avaient bavé ces derniers jours. Cela me laissa également tout le loisir de réfléchir à ce que j'avais appris de la bouche de Walsh et de Kenny. Ce n'était pas seulement l'escouade Livaï mais tout le Bataillon qui était traqué par les Brigades. Et de là où j'étais, je ne pouvais rien faire pour les en alerter. Devais-je réfléchir à une manière de m'évader d'ici ? L'idée me semblait difficilement crédible. Et surtout, j'avais une autre source de préoccupation tout aussi inquiétante : Walsh projetait de reconduire ses expérimentations. Je ne savais pas avec qui au juste, puisqu'Aberaast avait été rayée de la carte depuis la chute du mur Maria. Mais, vu le génie redoutable de l'homme, il était tout à fait possible qu'il sache où demeuraient les rescapés de ma ville natale ... s'il y en avait. Dans tous les cas, ce que j'avais de mieux à faire c'était de me fier au Bataillon et à l'esprit aiguisé d'Erwin Smith pour protéger ses hommes. De mon côté, je devais absolument m'assurer que Walsh ne puisse plus être en mesure de poursuivre son dessein de savant fou.

Au beau milieu de mes pérégrinations mentales, je dus m'assoupir sans m'en rendre vraiment compte. Je n'aurais su dire combien de temps je m'étais endormie quand un fracas métallique me tira de mon sommeil en sursaut. Kenny se tenait devant la grille, faisant résonner sa lame sur les barreaux de ma cellule, avec un plaisir qu'il ne se donnait pas la peine de dissimuler.

- Hé, gamine ! C'est pas une heure pour dormir !

- Pour ça il faudrait encore que je sache l'heure qu'il est ! , marmonnai-je, l'esprit encore embué de sommeil.

- L'heure de ton injection, railla-t-il en me montrant la petite fiole dans sa main.

- Une vraie petite infirmière ... , rétorquai-je.

Kenny ne répondit rien et se contenta de sourire tout en ouvrant ma cellule pour y pénétrer. Visiblement, il tolérait mes piques même si je me doutais qu'il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin. Il s'approcha de moi et, docilement, je lui présentai mon cou pour faciliter sa tâche. Le savoir de retour ici me glaçait le sang : la mission était terminée ... mais comment c'était-elle terminée ? Qu'était-il advenu de l'escouade ? De Livaï ? Avaient-ils récupérés Eren et « la fille » ? N'osant pas questionner Kenny de peur d'apprendre ce qu'il en était, je me risquai plutôt à l'interroger sur une autre de mes nombreuses préoccupations.

- Quels liens les Brigades centrales entretiennent-elles avec le Culte des Murs ?

- C'est pas la franche camaraderie, et j'ai jamais aimé les bigots. Mais disons qu'on bosse ensemble et qu'on partage le même patron, ce bon vieux roi. Alors je suppose que ça nous rend proches, si c'est ça le fond de ta question.