Sursis (partie 1)

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Lorsque j'ouvris les yeux, la lumière qui baignait la chambre me fit comprendre que la matinée était déjà bien avancée. Je lançai un coup d'œil en direction du fauteuil, maintenant vide. En repensant aux événements de la nuit, le feu me monta aux joues. Mon esprit était en pleine ébullition et ma tête prête à exploser pour de bon. Je l'enfouis dans mes mains.

(Mon Dieu, dites moi que j'ai rêvé, que ça ne s'est pas vraiment passé. Non ! Si ? Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Attends, mais c'est lui qui a commencé, non ? C'est impossible, idiote. Si ?)

J'entrepris de répertorier bêtement les explications possibles à son attitude. Il ne devait pas être dans son état normal ? Peut-être avait-il bu ? Après tout, pour le peu que je le connaissais, peut-être était-ce un coureur ? Je n'étais pas loin d'envisager qu'il m'avait embrassé suite à la perte d'un pari ou parce qu'on l'y avait contraint voire menacé, quand le bruit de quelqu'un tambourinant à ma porte me tira de mes pensées. Pas le temps de répondre que la porte s'ouvrit et laissa apparaître le visage enjoué d'Hanji.

- Tu es réveillée, ma belle ?

Son visage s'illumina d'un large sourire lorsqu'elle me vit assise dans mon lit. C'était fou comme cette femme, aussi cinglée soit-elle, pouvait se montrer étrangement maternelle.

- Comment te sens-tu ? , s'enquit-elle en s'approchant.

- Bien mieux, avouai-je.

La femme m'ausculta quelques instants avant de faire tomber son diagnostic :

- Tu récupères vite et bien, je suis impressionnée. Pour récompenser ces efforts, ma chère, que dirais-tu d'aller manger un morceau en cuisine ?

L'idée me plut particulièrement, non pas parce que j'avais faim mais parce que je crevais d'envie de quitter cette chambre qui devenait plus étroite de minute en minute. Hanji me tira hors du lit et m'entraîna dans le couloir, bras dessus, bras dessous. Joviale comme jamais, elle se répandait dans un flot continu de paroles qui avait la vertu de tenir à bonne distance tous les soldats que nous croisions sur notre passage. Certains se risquèrent à m'adresser un petit signe de la main pour me saluer, mais tous me regardaient avec un regard compatissant qui me fit sourire.

Soudain, je me figeai au beau milieu du couloir du rez-de-chaussée que nous étions en train de remonter en direction des cuisines. A bonne distance devant nous, le major s'engouffrait dans son bureau suivi de près par deux hommes. L'un, grand et robuste, avec une barbe grise et de petites lunettes rondes, m'était complètement inconnu. Quant à l'autre ...

- Walsh , murmurai-je sans pouvoir réprimer un hoquet de stupeur.

Hanji me dévisagea, interloquée, avant de suivre la direction de mon regard.

- Que se passe-t-il ?

- R... rien, bafouillai-je.

Je n'avais aucune idée de ce qu'Hanji savait à propos de ma relation avec Walsh. Je décidais donc de botter en touche, n'ayant aucune envie de m'étendre sur le sujet.

- Qui est cet homme avec Erwin et Walsh ? , lui demandai-je simplement.

- C'est ce cher général Zackley, m'indiqua-t-elle d'une voix devenue plus grave. Que vient-il faire ici ?

Perdue dans ses pensées, Hanji avait porté sa main libre à son menton en posant son index sur ses lèvres. A son tour, elle affichait un air soucieux tandis que les deux hommes disparurent dans le bureau du major.

Par chance, le commandant ne m'avait pas vu. Mais je n'avais aucune envie de traîner plus longtemps dans les parages.

- Allez, arrêtes de faire cette tête et fais confiance au major, lança Hanji dans un entrain plus forcé qu'à l'ordinaire.

Monstre / Livai x readerWhere stories live. Discover now