Les Boîtes à Souvenirs

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     Il y a beaucoup de choses que je souhaiterais dire. Beaucoup trop, et la plupart sont encore trop abstraites, floues, éthérées, inconnues, actuellement, pour me permettre de les décrire d'une manière autrement plus précise que d'un "c'est compliqué". Donc aujourd'hui, je vais simplement parler d'une chose que je connais et que j'apprends doucement à contrôler, que je nomme les boîtes à souvenirs.

     Imaginez une petite boîte. Mettez y des souvenirs, bon ou mauvais, sous forme de photos, de lettres, d'un animal ou d'une fleur, d'un hologramme ou d'un objet. Peu importe la forme qu'ils prennent, tant que c'est clair. Fermez cette boîte, et gravez quelque chose dessus. Ce qui sera inscrit sera le cadenas, et impossible d'ouvrir cette capsule temporelle mentale sans cet élément. Dans mon cas, il s'agit de chansons qui enjolivent la surface de ces contenants. C'est handicapant car certaines mélodies, entendues çà et là, ouvrant automatiquement les boîtes de Pandore qui y sont reliées, si sagement entreposées dans un recoin de mon esprit, me font l'effet d'une bombe nucléaire, ravageant tout d'une explosion de souvenirs, moins bons que mauvais, presque oubliés. Un vrai carnage. Comme dit plus haut, je contrôle à peine la création de ces boîtes, mon cerveau les fabrique automatiquement dès qu'un événement est enregistré dans ma mémoire, et qu'il est suivi ou précédé d'une mélodie.

     Je préfère tout de même prévenir maintenant, si la personne qui lit ceci à lu le texte précédent(*), qu'il soit dit que je n'ai aucune chanson dans les oreilles, ce qui signifie, entre autre, que cet écrit sera bien moins structuré, comme l'indique, je suppose, cet actuel aparté. De plus, entre un épisode de Doctor Who, des bruits de mastication de popcorn, une personne tentant un dialogue avec moi-même et le voisinage s'affairant à la traditionnelle fête alcoolisée de fin de semaine, l'environnement ne permet pas de mieux me concentrer sur ce texte chaotique. Cet aparté est beaucoup trop long, et je viens de perdre le fil de mes pensées. Merde. Je reprend donc cet écrit, le lendemain au réveil.

     Il est donc des musiques que je ne peux entendre. Liberta. Moi Lolita. La Place des Grands Hommes. Et bien d'autres. Excepté la seconde, celles que j'ai cité sont rattachés à des souvenirs relativement bons, datant d'une époque sublime mais révolue. D'où leur difficulté à pouvoir être entendu par mes oreilles. Oui, ce ne sont pas les mauvais souvenirs, les plus dangereux. Ce sont les bons qui font le plus de ravages. Ils apportent avec eux les joies grisées d'une tristesse du passé, celle qui dit que plus jamais ça n'arrivera. Ils apportent la nostalgie, le sentiment de la solitude présente, le regret assaisonné de l'envie de changer les événements, de les rendre encore meilleurs, le regret de ne pas avoir consolé un ami triste, le regret de ne pas avoir pu lire ce qui était écrit sur la table, avant que le professeur ne le balaie d'un revers de main, le regret d'être parti comme un voleur, sans un adieu, sachant pertinemment que je ne les reverrais probablement jamais.

     Et, ce n'est sûrement guère plus que confirmer une évidence, mais l'une de ces boîtes est actuellement ouverte.


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     Je viens de retrouver quelques uns de mes vieux textes, celui-ci en fait parti. Il est daté du 16 Mars 2018, soit un peu plus d'un an.

(*) Le texte précédent en question sera publié prochainement.

Bribes d'un Esprit TourmentéWhere stories live. Discover now