Chapitre 23

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Oh oui elle va payer.
Elle va payer de sa vie.

***

Cela doit faire cinq bonnes minutes que nous circulons et seul le bruit de nos chaussures claquant sur le bitume se fait entendre jusqu'à ce que je brise ce silence assez pesant.

- Qu'est ce qu'il se passe entre toi et Coll ?

- De quoi tu parles ?

- Ah nan nan. Ne fais pas l'innocent tu sais très bien de quoi je parle. Je rigole légèrement.

Isaac ne répond pas tout de suite, sûrement à la recherche de sa réponse. Il finit par soupirer et regarder ses chaussures pour me répondre.

- Disons que Coll sait quelque chose à mon sujet qu'il voudrait que je révèle mais je ne suis pas du même avis.

- Il sait que tu es gay ? Mes mots m'échappent avant que je ne puisse m'en rendre compte.

Il s'arrête net et se tourne vers moi.

- Quoi ! Il s'exclame. Comment tu le sais ? Il se reprend en parlant moins fort.

- Je ne le savais pas, enfin si j'avais un doute. Mais tu viens de confirmer mes hypothèses. Je hausse des épaules.

Je reprends la route même si je ne sais pas du tout comment aller au commissariat. Isaac me rattrape assez vite mais reste silencieux. Je décide de briser le silence en posant ma question avec une petite voix.

- Pourquoi tu ne veux pas que les autres soient au courant ?

- Habiter dans le Sud et être noir passe encore, mais habiter dans le Sud, être noir et gay c'est... compliqué, tu ne pourrais pas comprendre. Il soupire fortement en enfonçant ses mains dans les poches de son jean.

Je ne dis rien pour ne pas qu'il se sente obligé de m'en parler. Il a raison, je ne pourrais pas comprendre parce que je ne suis pas lui et je ne vis pas sa vie. Restant alors silencieux tous les deux nous continuons le chemin jusqu'à ce qu'il reprenne la parole.

- Les gens nous jugent tout le temps, pour tout et rien, alors on finit par s'habituer à être des personnes qu'on est pas.

Je comprends tout de suite son point de vu et je profite du fait qu'il s'ouvre un peu pour exprimer le miens.

- Tu sais, tu es la seule personne qui doit te dire qui tu dois être. Si les gens te pointent du doigt dans la rue, ignore-les. Si tes voisins te jugent, ferme leur la porte au nez et si tes amis ne te soutiennent pas, alors laisse les tomber. Parce que la vie est trop courte pour que tu te soucies de ces infimes détails. Si tu veux aimer les garçons, aime les garçons, si tu veux aimer les filles, aimes les filles, si tu veux aimer les deux, aimes les deux, si tu veux un chat au lieu d'un chien, prends un chat, si tu veux faire de la danse classique à la place de la boxe, fais de la danse classique. Si t-

- Où tu veux en venir Cameron. Il coupe court à mon discours en soupirant.

- Ce que je veux dire Isaac c'est que tu es le seul à décider de ta vie, tu es le seul à savoir ce qui est bon pour toi ou non et ce n'est pas aux autres de tracer ta vie mais à toi et à toi seul. Il y a toujours plusieurs issues à une histoire et je sais que tu choisiras la meilleure pour la tienne, parce que tu es la seule personne qui doit écrire ton histoire personne d'autre ne doit le faire à ta place. Ça fait très discount émouvant bla-bla mais c'est la vérité tu dois me croire ne laisse personne te persuader du contraire.

Isaac s'arrête devant un bâtiment et je comprends qu'on est arrivé. Il me fixe avec une lueur indescriptible dans les yeux et finit par me prendre dans ses bras.

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