Chapitre 12

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-Harold, est-ce que tout va bien ? interrogea Astrid.

Il la sentit s'asseoir sur le lit. Il ne répondit pas cependant. Finalement, après plusieurs longues et agonisantes secondes, Jona se mit de nouveau en mouvement et se racla discrètement la gorge avant de prendre la parole :

-La reine Mala m'a chargé de vérifier l'état de quelques fermes, annonça-t-elle. Je vais vous laisser. Maître Haddock, il vous faudra manger, la soupe est encore chaude.

-Je m'en occuperai, assura la voix d'Astrid.

Harold n'eut pas la force de relever la tête pour adresser un salut à Jona. La porte se referma et il eut la pénible sensation d'être piégé, coincé. Il remua inconfortablement alors qu'un nœud se formait au niveau de son plexus solaire. La liberté du ciel lui manquait, il se sentait horriblement mal cloué au sol. Enfermé dans cette petite hutte. Des centaines de petites fourmis semblèrent courir sous sa peau, le faisant frissonner légèrement.

-Harold, tu-

-Astrid, tu ne devrais pas être là, la coupa Harold en détournant la tête.

La jeune fille ne répondit rien tout d'abord et Harold devina sa surprise à la pression de sa main sur son épaule qui s'accentua.

-Q-quoi ? fit la blonde. Pourquoi tu dis ça, Harold ?

-Parce que, asséna obstinément le Haddock. Je... Parce que. Je mangerai tout seul, tu peux t'en aller.

La froideur de ses paroles lui trouait le cœur mais Astrid ne pouvait plus continuer à le fréquenter. Elle était parfaite et lui n'était plus qu'un corps utilisé. Il n'avait pas envie de la tacher à cause de ce qu'il avait subi.

La main sur son épaule disparut et Harold aurait bien pu croire qu'elle était partie si ce n'était pour la respiration étrangère qu'il entendait dans la pièce. Les secondes passèrent et Harold se crispa. Son cœur s'accéléra et malgré ses efforts, il ne parvint pas à le ralentir.

-Je te frapperais bien mais tu as déjà bien trop souffert pour ça, finit par dire Astrid.

Sa voix trancha dans le silence comme un couteau chauffé au rouge et Harold sentit son cœur rater un battement. Son énergie lui échappait en quantité astronomique et d'un coup, il n'avait pas faim du tout.

-Harold, tu dois te calmer, dit de nouveau Astrid.

Le garçon s'était brusquement mit à hyperventiler, incapable de stopper la panique qui envahit brutalement tout son système. Les dragons se levèrent, inquiets, et Krokmou posa ses pattes antérieures sur le lit, s'approchant pour toucher la joue de son meilleur ami du museau. Harold ne sembla pas le sentir.

-Harold, Harold, calme-toi ! s'exclama Astrid d'un ton plus précipité et inquiet.

Elle le secoua légèrement pour le faire revenir à lui-même et le sortir de sa transe. Voyant que cela ne fonctionnait pas, la jeune fille se mit également à paniquer. Jamais personne ne lui avait appris à gérer ce genre de situation ! Krokmou poussa de plus en plus de gémissements plaintifs et Sovant s'agita également. En temps normal, elle aurait peut-être giflé Harold. Mais cela lui semblait la dernière chose à faire aujourd'hui. Elle fit donc la première chose qui lui passa par l'esprit et écrasa ses lèvres sur celles d'Harold. Il s'était toujours figé les dernières fois qu'elle avait fait cela et elle espéra que cela ait le même effet aujourd'hui. Elle pourrait ensuite l'aider à se calmer.

Effectivement, Harold se figea. Mais deux secondes ne s'écoulèrent pas avant qu'il ne la repousse violemment. Elle dut enterrer le sentiment de trahison qui l'envahit en se répétant qu'Harold n'était pas dans son état normal. Mais son acte avait au moins eu le mérite de sortir Harold de son état de peur-panique paralysant.

Flapping WingsWhere stories live. Discover now