Chapitre 8

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Harold était sûr et certain que cela faisait des années qu'il était bloqué ici. Ne pas avoir conscience du temps qui passe était une sensation horrible. Il souffrait, s'époumonait de douleur et avait l'impression que tout se passait au ralenti. Pour ensuite s'entendre dire qu'il n'était là que depuis une semaine. Une semaine était horriblement court, comparé au temps qu'il avait senti passer. Cela ne pouvait pas faire qu'une semaine, c'était impossible.

Mais s'il réfléchissait logiquement, on ne lui avait apporté à manger que quatre fois. Quatre soupes et quatre chopes d'eau, c'était loin d'être suffisant pour des années d'emprisonnement. Il serait déjà mort. Il se mit soudain à souhaiter mourir. Ce n'était pas la première fois. Depuis qu'il était là et que ses souffrances avaient commencé, il devait avoir supplié les dieux des centaines de fois de l'achever. Pourtant, il trouvait toujours le moyen de survivre, de se remettre peu à peu. Il avait l'impression d'être un château de cartes. Il se construisait lentement, quelqu'un soufflait. Tout s'effondrait. Et dès qu'il avait recommencé à reconstruire, dès qu'un peu d'espoir naissait, on soufflait de nouveau. Et tout s'écroulait encore et encore. C'était un cycle interminable dans lequel Harold était piégé et dont il n'arrivait pas à sortir. Il voulait que tout s'arrête. Il doutait de pouvoir se reconnaître dans un miroir tant il avait été frappé à la tête. Ses lèvres étaient fendues et douloureusement gercées. Un coup particulièrement violent de la part de Ryker avait fait cogner sa tête contre le mur. Il avait immédiatement senti un liquide chaud et poisseux couler sur sa tempe et avait facilement deviné que son arcade sourcilière s'était ouverte.

Ses vêtements étaient en lambeaux et il avait définitivement attrapé quelque chose, un virus qui traînait quelque part par ici, attendant qu'il soit suffisamment faible pour l'attaquer. Son état empirait chaque jour et son sang tachait le sol de sa cellule. Il avait l'impression de baigner dans ses propres blessures, de s'observer de l'extérieur. Son corps ne lui appartenait plus. Il était devenu un défouloir pour Ryker qui se faisait une joie de le tourmenter.

Mais le pire dans tout cela devait être le noir. Tout était constamment plongé dans le noir depuis que sa tête avait heurté le mur si brutalement et il ne parvenait pas à ouvrir les yeux. En plus de cela, Ryker avait eu la merveilleuse idée de le torturer avec des lames plutôt qu'avec ses poings. Des coupures profondes parcouraient son corps, son visage. Il avait terriblement peur. Etant constamment plongé dans la douleur, son corps avait fini par s'engourdir et quand Ryker venait, son esprit semblait se fermer hermétiquement. Il était conscient mais n'avait pas conscience de ce qui se passait. Ne ressentait la douleur qu'après le départ de Ryker, quand son esprit lui accordait de nouveau accès au contrôle de son corps. Et il avait horriblement mal aux yeux. Il ne savait pas ce qu'avait fait Ryker, mais la douleur, couplée au noir constant et à la migraine qui ne le quittait pas depuis qu'il s'était cogné, tout cela le terrifiait. Il avait peur d'apprendre le pire et préférait simplement ne pas y penser.

Ses autres sens étaient fatigués, terriblement fatigués. Ses muscles se crispaient dès qu'il entendait des bruits de pas. Son nez avait fini par s'habituer à l'odeur métallique du sang qui baignait la pièce. Il ne sentait plus rien sous ses doigts, ils étaient trop engourdis par le froid et la douleur pour lui autoriser le sens du toucher. Et le goût... Il n'était plus vraiment stimuler autrement que pour goûter le sang qui envahissait sa bouche régulièrement.

Son cœur était las de battre et son estomac n'avait presque rien à digérer. Ses muscles semblaient avoir oublié qu'ils avaient la capacité de se détendre et son cerveau ne servait plus qu'à l'assommer quand Ryker approchait.

Harold n'était plus que l'ombre de lui-même et il avait douloureusement conscience que ce n'était pas près de s'arrêter. Son état allait empirer, encore et encore, jusqu'à ce qu'il meurt. Il allait avoir plus mal, plus faim, plus soif, allait être encore plus fatigué, encore plus malade. Sa température allait continuer d'augmenter et finalement, il mourrait de fièvre. Son corps ne pourrait pas en supporter plus. Mais tout cela lui paraissait tellement lointain. Il n'avait plus que quelques jours à vivre, en ne prenant en compte que la fièvre. Mais une semaine lui avait paru des années et le temps ralentissait encore. Qu'est-ce que quelques jours allaient devenir ?

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