Stylée.

Et sexy.

Stylée et sexy.

Je suis vraiment fascinée par l'effet que me font les femmes. Enfin surtout celles qui descendent les pistes sur un snowboard. Je m'en rends compte à chaque fois que je vais à la neige. Je n'arrive pas à saisir pourquoi, mais je trouve qu'elles ont un truc en plus que les skieuses n'ont pas. Cette manière de se tenir, peut-être. Les mouvements fluides générés par le fait d'avoir les deux pieds attachés à la même planche. Ou peut-être ce balancement du bassin à chaque fois qu'elles prennent un virage. Je n'en sais rien, et le pire c'est que je n'ai aucune arrière-pensée dans ces moments-là, mais je pourrais les regarder faire pendant des heures.

Arrivée au sommet, je m'engage sur la piste à la suite de mes collègues et les sème rapidement. Je m'arrête à l'intersection d'une bleue et d'une rouge, et jette un coup d'œil derrière moi. Betty indique la droite avec son bâton et Matthieu me dépasse en mimant le signe de la victoire avec ses doigts. Je m'esclaffe et m'élance après lui. S'ensuit un jeu de chat et de la souris entre mes collègues et moi jusqu'en bas de la station. En rejoignant les remontées mécaniques, je procède à un gros dérapage juste devant mes deux compatriotes et les recouvre de neige. Betty crie tandis que Matthieu jure. Et moi, j'éclate de rire. J'entends un grognement sur la droite et aperçois une personne assise sur le bas-côté, en train de frotter frénétiquement son pantalon avec ses gants pour épousseter la neige.

– Oups, désolée ! m'excusé-je en me penchant, un sourire aux lèvres. Ça ne vous était pas destiné.

Elle secoue la main dans un geste désinvolte et se relève. Je remarque qu'il s'agit de la snowboardeuse qui m'a coupé la route un peu plus tôt. Elle me fixe derrière son masque, enfin je suppose. Je lui offre un grand sourire et un clin d'œil. Sa réponse ? Un gros doigt d'honneur. Je ris intérieurement. Je crois qu'elle va me plaire.

Tu ne sais pas dans quoi tu viens de te lancer, ma belle.

Nous remontons à nouveau la montagne et je la perds de vue. J'essaie de la pister, mais le temps rayonnant a attiré du monde et la station s'est bien remplie comparé à ce matin. J'ai même parfois du mal à retrouver mes deux acolytes. Il faut dire que Matthieu a eu la bonne idée de mettre un pantalon de ski noir et une veste blanche, comme à peu près la moitié de la station. Betty, ça va, j'ai moins de souci. Sa combinaison jaune canari se révèle impossible à ignorer ! Je ne comprendrais jamais sa passion pour cette couleur criarde, mais c'est bien utile aujourd'hui.

Je m'arrête quelques minutes pour admirer la vue. Le soleil entame sa descente et les couleurs qu'il projette sur le flanc des montagnes sont prodigieuses. Je ferme les yeux quelques secondes pour imprimer cette image sur ma rétine. J'ai beau vivre quotidiennement dans ce type de paysage depuis des années, je ne me lasserais jamais de la splendeur de cette nature sauvage.

Je soupire de bonheur, pousse sur mes jambes pour me relever et jette un œil au-dessus de moi. J'attends le moment opportun pour m'élancer, quand j'assiste à la chute d'un skieur miniature d'une dizaine d'années, quelques mètres plus bas. Je me précipite et dérape juste en dessous de lui pour arrêter sa glisse et lui demander si tout va bien. Le petit semble un peu désorienté, mais lève le pouce en l'air pour signifier qu'il est en bon état. Je le relève et l'aide à remettre son ski perpendiculaire à la piste. Son pied gauche a déchaussé et je tourne la tête pour essayer de localiser l'objet quand il se matérialise sous mon nez. Une main gantée, à moitié dissimulée sous la manche d'un sweat noir, me tend la petite planche. J'aide le gamin à se rechausser et remercie la bonne âme.

Putain, encore elle !

Je manque d'éclater de rire et hausse les sourcils plusieurs fois, l'air dragueur.

Hating, Craving, FallingWhere stories live. Discover now