Chapitre 4.

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       Quelques temps plus tard, après avoir prit congé de son père et dit au revoir à Kimitomo, Haruka se retrouva dans un bus en direction du centre-ville. Elle aurait bien voulu saluer d'autres professeurs du lycée, mais son paternel lui avait formellement déconseillé de les déranger. Les préparations de la rentrée avaient toujours été très stressantes.

Il avait beau ne pas être très expressif de nature, l'adolescente ne pouvait s'empêcher de se demander si son père ne lui cachait pas quelque chose. Depuis son arrivée, il semblait encore plus distant que d'habitude, presque sur ses gardes.

Etait-ce le fait qu'ils allaient devoir vivre trois ans ensemble qui le mettait dans cet état ? Cette décision n'avait pas semblé lui déplaire aux premiers abords, aurait-il changé d'avis ? La jeune fille préférait penser que c'était juste cette nouvelle situation qui le rendait si étrange.

Sac sur le dos, elle mit enfin un pied dans l'immense centre commercial, le cœur des boutiques en tout genre de la ville. Ses objectifs étaient simples : décorations et affaires scolaires de base. La mission pouvait commencer.


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       Ses courses finies depuis plusieurs heures déjà, Haruka gravissait les marches de son immeuble avec difficulté. Chargée de sacs, elle ne remarqua même pas Neko qui s'était mis à tourner autour d'elle, manquant de la faire tomber dans les escaliers. Enfin arrivée au dernière étage, elle souffla de fatigue et tourna la clef dans la serrure.

Vivement que cet ascenseur soit réparé.

La porte s'ouvrit dans un léger couinement, lui laissant voir l'appartement aussi vide que lorsqu'elle l'avait quitté.

« Papa ? »

Pas de réponse. La jeune fille traina ses sacs jusqu'à sa chambre et se mit au travail. Contente de remplir cette pièce, elle installa ses fournitures scolaires sur son bureau puis s'occupa de sa décoration. Un plaid bleu pâle ne tarda pas à recouvrir le marron du canapé-lit, quelques bibelots s'installèrent sur la commode et le sol accueillit un tapis tout doux.

Pour ce qui était des murs, l'adolescente retira les vieux articles et les posters périmés avec le temps. A la place, elle enfonça quelques clous sur lesquels elle posa des cadres sortis de son sac de voyage. Des photos apparaissaient derrière les plaques de verre. Prises à différents endroits, elles affichaient Haruka avec ses grands-parents, ses grands-parents dans leur jardin, la maison de ses grands-parents, la campagne, sa mère.

Cette photo n'était pas comme les autres, plus abîmée sur les bords, elle avait été prise de nuit, cependant, la lumière n'en restait pas moins intense. Les couleur rouge, bleue et jaune de la fête foraine s'étalaient avec douceur sur le visage prit en portrait. Quelques silhouettes floues habillaient l'arrière-plan mais personne n'y faisait vraiment attention, tant le regard se retrouvait comme obnubilé par le sourire du sujet. Sa mère riait et Haruka aimait cette photo.

Comme dernière touche, elle attrapa un dernier cadre provenant de son sac de course et l'installa dans le salon, juste au-dessus du canapé.

Le travail fini, la jeune fille observa le résultat : une chambre toujours aussi simple mais plus chatoyante, exactement ce qu'il lui fallait.

Puis, elle vint s'accouder à sa fenêtre, le regard rivé vers la mer qui s'étendait devant elle, et en profita pour passer un coup de fil à ses grands-parents. Ce fut son Papi qui décrocha cet appel et, pendant qu'ils se racontèrent mutuellement leur journée, l'adolescente observa le bout de plage ainsi que les grandes façades des entrepôts adjacents son quartier.

Quelques minutes plus tard, elle entendit quelqu'un entrer dans l'appartement et se précipita hors de sa chambre. Là, elle trouva son père, le chat entre les jambes et la boîte de bento vide dans les mains, qui dévisageait le tableau suspendu dans son salon.

« C'est quoi ça ? demanda-t-il en l'entendant arriver. »

Reprenant son large sourire, elle répondit :

« Il est joli, non ? Et pas du tout flashy, comme tu aimes ! »

Il ne réagit toujours pas, son expression resta aussi maussade et sceptique qu'à son habitude.

« Je l'ai acheté tout à l'heure, poursuivit-elle, je le trouve beau et symbolique, pas toi ? »

Comme pour lui répondre un minimum, il fit la moue.

« C'est un œil peint à l'encre, je trouve ça vraiment très beau. »

Enfin, le grand brun se décida à articuler :

« Pourquoi c'est symbolique ?

-L'œil, la vision...

-...

-Tu ne vois vraiment pas ? »

Il haussa les épaules et posa ses affaires au sol. Sans rien ajouter, il vint s'écraser sur le canapé et alluma la télévision. Neko suivit son maître dans sa paresse et le rejoignit devant l'écran.

Haruka resta dans l'encadrement de sa porte, son sourire idiot toujours sur le visage, masquant sa déception.

Ce sentiment de dépit face à la nonchalance de son père lui était habituel, même quotidien quand elle passait du temps dans cet appartement. Mais cela ne l'empêchait de se sentir peiné, et de s'efforcer à garder ce comportement niais qui lui allait pourtant si mal.

Résignée, de nouveau, elle tourna les talons pour rentrer dans sa chambre, là où elle serait seule, protégée de l'inattention de cet homme. Dans sa bulle, elle pouvait être sincère, sans avoir à jouer un rôle pour quelqu'un qui ne faisait même plus attention à elle.

Juste avant de claquer la porte derrière elle, la jeune fille se laissa dire :

« C'est une référence à notre alter... »

Son murmure parvint aux oreilles du père qui ne réagit toujours pas, faisant mine de ne rien avoir entendu. Puis, une fois la porte fermée, Shota poussa un soupir, le cœur serré. 

Haruka Aizawa (Partie 1) [MHA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant