OUR ANCHOR T1 Broken [Terminée]

67 || Warren

Ses mots étaient peu assurés. Cela faisait longtemps qu'elle ne les utilisait plus. Et pourtant, ce soir, ils étaient remplis de haine.

_ Tu devais veiller sur le louveteau. Tu as échoué.

Les larmes coulèrent brusquement sur les joues de Mazakeen. La douleur que je vis sur son visage n'effaça en rien la mienne.

Aide-moi. Aide-moi, je t'en prie.

Je voulais le lui dire. Je voulais lui demander de retirer ce cœur qui était dans ma poitrine.

J'aurais pu lui donner cet organe.

Je ne le supportai plus.

La douleur était bien trop vivace.

Que pouvais-je y faire ?

Mazakeen était mon chez-moi.

C'était la vérité. Et quand vous ne rentriez pas à la maison, vous alliez en Enfer. Mon enfer m'attendait dans la forêt là-bas.

_ C'est à cause de toi ! cracha Evy, mauvaise.

_ NON ! hurla Mazakeen.

_ Elle n'a pas sauvé notre bébé, Ren, murmura Evy en tirant sur mes épaules pour que je pivote vers elle. Elle n'a pas réussi à la sauver. Elle les a laissé la prendre. Elle ne te fera que du mal. Du mal, Ren.

_ Tais-toi ! cria Mazakeen. TAIS-TOI !

Elle releva son flingue et le pointa sur Evy. Son regard flamboyait.

Evy s'accrocha à mon t-shirt.

_ Ta place est avec ta famille, Ren. Avec moi. Avec ta famille. Personne ne peut t'aider à la ramener. C'est de sa faute.

Je plongeai mon regard dans celui de ma sœur.

Elle avait raison.

Elle était ma famille.

Qui était Mazakeen ?

Qui était-elle ?

L'amour de ma vie.

L'amour de ma vie.

L'amour. De. Ma. Vie.

Elle me tenait.

Elle me tenait depuis si longtemps.

Voulais-je vraiment qu'elle me lâche ?

_ Je suis ta famille, Warren, reprit Mazakeen en tremblant. Reste avec moi. Tu sais qu'on doit rester ensemble. Tu le sais.

Un léger silence. Mon cœur tambourinant dans mon crâne.

_ On fonctionne pas bien toi et moi, sans l'autre. Hein ?

Evy se redressa contre moi, son crâne contre mon menton. Elle était si pressée contre moi que Mazakeen ne pourrait pas tirer sans me toucher.

_ Tu es une humaine. Il n'a pas besoin de toi.

Je tentai de réagir, mais rien ne vint.

C'était dur d'entendre cet argument, mais si vrai.

_ Il n'a pas besoin d'une humaine qui a tué sa fille. Et qui mourra bientôt. Ne peux-tu le laisser en paix ?

Mazakeen ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit.

_ Tu lui as assez fait de mal. Tu voudrais en plus le pousser à t'aimer ? Pour l'abandonner ? N'as-tu donc aucun cœur ?

Mazakeen lâcha son flingue, tombant à genoux, se tenant la gorge. Elle respirait bruyamment. Comme si l'air ne passait plus. Comme si quelqu'un l'empêchait de vivre.