OUR ANCHOR T1 Broken [Terminée]

48 || Lilibeth

J'étais crevée. À bout de force. Mais le soutien qui liait ses deux petits êtres me rendait fière et me soulageait d'un poids dont je n'avais même pas eu conscience jusque-là.

Je garai la voiture dans l'allée, juste à côté de celle de Dom et non loin de celle de Malcolm. Ces deux-là tentaient de passer au même moment pour ne pas perturber Yona, ce qui était sympa de leur part. J'éteignis le moteur, mais ne bougeai pas de mon siège.

Je sortis de mon sac les derniers résultats que j'avais reçus concernant Yona. Certains tests la concernant avaient été demandés plus par réflexe que par besoin. Cependant, j'étais surprise des résultats. Par exemple, il y avait un test tout particulier que certains laboratoires pratiquaient. Il permettait de trouver le pourcentage de souches lycans qu'on avait en nous. Un taux élevé sous-entendait souvent que la personne était un lycan, évidemment. Mais pas tout le temps. Par exemple, les résultats de Yona faisaient partie des cas particuliers, comme le mien à vrai dire. Certains de ses ancêtres avaient dû être des lycans, car elle avait un pourcentage élevé. Très élevé même. Mais elle n'était pas lycan. Raphael et Joshua l'auraient senti dès le premier jour.

Le pourcentage correspondait souvent à la mutation du gène qui prouvait que vous étiez lycan. Un truc dans votre métabolisme qui disait : toi, je sais ce que tu es. Voilà tu guéris plus vite. Voilà pourquoi tu ne meurs pas d'un cancer aussi vite que les humains normaux.

Je soupirai et appuyai ma tête contre le dossier de mon siège. J'étais presque au bout de mes limites. Ce dossier-là, cette gamine était un point d'interrogation. Pire, elle était une boule de traumatisme à elle toute seule.

Parfois, je me demandais si ce que disait maman me concernant était vrai. La dernière fois que je m'étais sentie aussi épuisée, c'était pendant que je soignais un patient atteint d'un cancer dont la famille avait beaucoup de mal à se faire à l'idée qu'il allait mourir. J'avais eu l'impression de dépenser énormément d'énergie physique et mentale pour les aider. Quand maman disait que je soignais les plaies psychologiques, peut-être que c'était vrai ? Je secouai la tête. Quelle idiote je faisais. J'étais humaine. Je n'avais franchement aucun pouvoir particulier d'Earhja.

J'étais fatiguée, tout simplement à cause des nuits courtes que nous avions. Entre les cris de Joshua qui parfois prenaient la relève de ceux de Yona, c'était compliqué.

Un toc-toc sur ma vitre me fit sursauter. Raphael fronça ses sourcils en entendant mon petit couinement de peur. Il ouvrit la portière et m'observa.

— Tu étais plongée dans tes pensées ?

Je hochai la tête me penchant vers lui pour déposer un baiser chaste sur ses lèvres.

— Tu comptais dormir là-dedans ? me nargua-t-il.

Je lui tendis mon sac, mais gardai le dossier médical de Yona contre mon flanc. Je descendis de la voiture et la fermai d'un coup de hanche. Raphael enroula son bras sur mes épaules et me pressa contre lui.

— J'ai d'autres résultats concernant Yona, seulement rien d'extraordinaire ou qui pourrait nous aider à retrouver d'où elle vient.

— Du genre ? soupira Raphael en ouvrant la porte de la maison.

— Elle a des ancêtres lycans.

— Comme les trois quarts de la population australienne, gémit le lycan à mes côtés.

Je fis la même grimace. Je retirai mes bottes du bout des pieds et m'étirai un instant. Je laissai Raphael me conduire dans le salon et on s'y installa. Sur la table basse, je découvris les pâtisseries sûrement faites par Josh et Yona. J'en mangeais une avec un plaisir non dissimulé. Un vrai bonheur !